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Thierry Robert veut un engagement plus précis de François Hollande pour l'Outre-mer


Citoyen
Lundi 7 Janvier 2013

Vœux du Président de la République pour l’Outre-Mer : les bonnes intentions ne suffisent plus, la situation économique et sociale de ces territoires impose des résultats. La population de la France d’outremer n’en peut plus d’attendre des actes qui tardent à venir.


Thierry Robert veut un engagement plus précis de François Hollande pour l'Outre-mer
Chômage, vie chère, défiscalisation outremer ou encore logement sont autant de thèmes qui préoccupent le quotidien des ultramarins. Pour eux, les difficultés s’accumulent de façon exponentielle. A la Réunion, à la fin de l’année 2012, il y a près de 150 000 personnes inscrites au Pôle Emploi. Un chiffre vertigineux qui illustre bien la détresse sociale et le caractère « explosif » de la société réunionnaise d’aujourd’hui.

En moins d’un an, le nombre d’inscrits a progressé de 8,5% dans notre île. Jamais à l’échelle de la France métropolitaine une telle augmentation n’aurait été acceptée. Chez les moins de 25 ans, ce taux atteint des sommets européens avec plus de 65% en moyenne.

Pour autant, pas de levée de bouclier particulier n’est venue ni des uns, ni des autres sur cette situation intolérable. L’immobilisme et le silence d’une grande majorité d’élus locaux est incompréhensible. Les conditions de l’emploi se dégradent donc, ce qui entraine une détérioration de la situation sociale.

J’avais pour ma part, adressé au Président de la République, deux courriers depuis le mois de septembre 2012 pour l’informer des grandes difficultés que nous connaissons actuellement dans les Outre-mers. J’avais souhaité l’alerter, en qualité d’élu de proximité, sans intention partisane aucune, sur les risques qui pèsent sur la cohésion sociale dans nos territoires. Courriers qui sont restés sans réponses jusqu’à ce jour.

Ce qui me laisse à penser que le Président de tous les Français n’accorde que peu d’importance à la démarche constructive d’un élu de proximité qui ne serait pas de sa « couleur politique ». Pour autant, il a l’air d’avoir pris conscience de l’importance de mes alertes puisqu’il y a répondu de manière quasi-exhaustive à mes sollicitations lors de son entretien télévisuel jeudi soir.

En effet, le Chef de l’Etat français, François Hollande s’est exprimé jeudi soir, 3 janvier 2013, à l’ensemble des populations d’Outre-mer afin d’exprimer la politique qu’il souhaite mener avec son gouvernement en direction de ces territoires. Les thèmes majeurs sur lesquels je l’avais interrogé, ont été abordés.

Vie chère : Le Président Hollande se félicite de la loi Lurel sur la vie chère outremer qui est un début et une « boîte à outils ». Il s'engage à faire appliquer vraiment le PJL dans les Outre-Mers. Pour autant, nous attendons toujours la mise en application de cette loi et de sérieux doutes planent sur la probité des effets escomptés.

Le Chef de l’Etat devrait s’engager avec plus de véhémence dans ce combat qui est une priorité pour les populations ultramarines. Les Réunionnaises et les Réunionnais, comme leurs autres compatriotes ultramarins, ne demandent ici, ni plus ni moins que JUSTICE ET ÉQUITÉ. Face aux puissants lobbies, on ne peut pas demander à des mères de famille ou des jeunes sans emploi de se saisir d'une loi dont ils ne savent pas quoi faire.

Il faut que l'Etat fasse appliquer cette loi qui est avant tout SA boîte à outils. Il ne s’agit pas en l’espèce d’exiger de l’Etat de l’interventionnisme outrancier, mais de mettre fin aux monopoles et aux abus, tout en faisant appliquer la vraie concurrence de marché. Si cette boîte à outils ne sert à rien, le gouvernement aura fait perdre du temps aux ultramarins alors qu'il pouvait signer le décret d’application de la Loi 2009 dite Loi Jégo.

Dans le même ordre d’idées, le Chef de l’Etat a abordé le sujet du prix des billets d'avion : entre la France hexagonale et les départements et territoires d’Outre-mer. Le Président s'engage à plus de transparence sur les prix des billets d'avion et les marges, et favorisera une concurrence auto-régulatrice.

Ce sont là une nouvelle fois de bonnes paroles mais en tant que Président garant de la « justice sociale », il n’y a qu’une seule chose à faire : alignée la continuité territoriale allouée à La Réunion sur celle de la Corse.

Dans cette démarche constructive, il est dommageable que l'amendement que j’avais déposé à cet effet, n'ait pas été pris en compte dans le projet de loi vie chère pour faire corriger ces abus dans les tarifs des billets d'avion.

Limiter l'action des députés à simplement demander des rédactions de rapport à ce sujet, fait perdre du temps et désespère les ultramarins qui attendent autre chose. Des mois et des années de perdues en palabres en tout genre qui ne permettent de restaurer la confiance des français en l’action politique.

Chômage : François Hollande nous indique qu’il entend lutter contre le chômage des jeunes par les emplois d'avenir (9000 pour l'Outre-Mer) et les contrats de génération qui permettront aux jeunes d'être accompagnés par un senior ou tuteur. Il souhaite aussi que l'emploi local soit réservé avant tout aux populations locales. C’est en ce sens qu’il a confié une mission nous dit-il à un Député réunionnais.

Cependant, l’octroi de 9 000 emplois d'avenir n'est pas une solution durable pour les Outre-Mers frappés par le lourd chômage des jeunes. La Réunion et l’Outre-mer en général, ont besoin d’un électrochoc en matière d’emploi. Il ne s’agit plus de faire voter et appliquer des « mesurettes » qui font baisser artificiellement le chiffre du chômage d’un semestre à l’autre. Il faut arrêter de nous faire croire qu’on va soigner le cancer avec de l’efferalgan.

IL EST PRIMORDIAL DE FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE POUR LA CRÉATION D’EMPLOI PÉRENNE qui pourrait voir le jour par une politique volontariste de défiscalisation dans les secteurs du tourisme, de la production locale, des énergies renouvelables, du logement et des activités maritimes. Dans cet intervalle de temps et aux vues de la situation catastrophique dans laquelle se trouve nos territoires ultramarins, il est plus que nécessaire que l’emploi soit soutenu par une politique de contrats aidés en nombre conséquent et financé à 90% par l’Etat.

Quant au futur Projet de loi sur les contrats de génération, il ne suffira pas si le Gouvernement ne tient pas compte de la nécessité d'un concours financier de l’Etat dans la formation des jeunes de moins de 30 ans avec la contrepartie demandée aux entreprises d'embaucher pour un temps équivalent à la durée de la formation. Si cela n'est pas pris en compte, j’interviendrai une nouvelle fois sous forme d'amendement ou de proposition de loi à ce sujet.

Défiscalisation et Logement : Compte-tenu de la décision du 29 décembre du Conseil Constitutionnel, le Président Hollande a réaffirmé que la défiscalisation sera EN PARTIE applicable pour un plafond forfaitaire de 18 000 euros. Ce qui, de toute évidence, la rendra moins attractive pour les investisseurs potentiels.

Fort heureusement, le Président de la République s’est engagé à redéployer l’ensemble des crédits qui auraient dû être dépensés à partir de la défiscalisation des revenus imposables, sous forme de « subventions directes » aux Outre-Mers, notamment en augmentant les crédits alloués à la LBU pour la renforcer et permettre ainsi de financer le logement social Outre-Mer et stimuler l'économie locale.

J’espère que cet engagement sera suivi d’effets. En ce sens, j’ai adressé trois courriers au préfet de la Réunion dans le cadre de la compensation des déficits lors de la construction d’une RHI à Saint-Leu. L’Etat est censé contribuer à hauteur de 70% de ce déficit. Or en l’espèce, c’est la commune qui a payé les 70% Il y a donc un solde de 7 millions d’euros que la mairie souhaiterait récupérer. L’Etat doit jouer pleinement son rôle.

Bien sûr, que c’est un engagement qu’il fallait prendre. La défiscalisation outremer est sans cesse attaquée. Ce dispositif est indispensable à l’économie outremer. Pour La Réunion en 2012, cela aurait représenté environ 150 millions d’investissement uniquement sur la construction de logements sociaux outremer.

Cela a contribué à faire sortir de terre 1974 logements sociaux en 2012. Pour autant, chaque année, l’Etat et bons nombres de députés hexagonaux font peser une « épée de Damoclès » sur ce dispositif.

Comment cela peut-il dès lors générer des comportements rationnels ? Il faudra repenser la défiscalisation pour le PLF 2014 et sur une durée plus longue, par exemple, de celle du quinquennat si on veut restaurer une confiance des acteurs économiques autant que des bailleurs sociaux.

Nous attendons de l’équipe gouvernementale qu’elle nous fasse rapidement des propositions en ce sens. Et si la position de l’Etat n’ait pas d’appliquer une position partisane, je suis disposé à m’investir sur ce sujet et sur tout autre dossier qui serait dans l’intérêt de la population réunionnaise.

Le Président a également réaffirmé le maintien des exonérations de cotisations sociales pour le Petites et Moyennes Entreprises. C’est ici aussi, un motif de satisfaction tant je n’ai cessé d’alerter les Ministres concernés et le Chef de l’Etat sur la situation catastrophiques des TPE-PME à La Réunion. Ce sont elles qui créent la majorité de l’emploi durable dans nos économies insulaires. Il faut les aider à traverser cette période de crise pour sauvegarder les emplois qui y sont liés notamment en leur accordant un étalement de leurs dettes sociales et fiscales durant cette période de crise, pour un redémarrage des paiements à compter de la relance de l’économie.

En conclusion, les orientations du Chef de l'Etat demeurent imprécises autant dans leur application concrète que dans les délais avec lesquelles elles seront réalisées. Les inquiétudes des ultramarins vis-à-vis de l'augmentation du taux de chômage, de la censure de la défiscalisation sur le logement social outremer et de ses conséquences sur l'économie ou encore de l'efficacité de la lutte contre la vie chère, ne cessent de s’accroître.

Et comme je l’ai indiqué au président Hollande dans les courriers que je lui ai adressé au mois de septembre : cela est un risque pour la cohésion sociale dans nos territoires. Nous avons besoin d’un calendrier précis et rapide sur les engagements du Président de la République en faveur des Outre-mers. C’est son devoir et celui de son gouvernement à l’adresse de tous les citoyens français ultramarins qui lui ont accordé leur confiance.

Si tel n’était pas le cas dans le courant du premier semestre 2013, si nous ne pouvions pas observer rapidement les résultats escomptés alors je demanderai aux uns et aux autres, à chacun, chaque citoyen de se joindre à moi pour une nouvelle fois réclamer justice et équité. Si pour être bien vu il faut être un Béni oui  oui,  il ne faut pas compter sur moi, je veux être constructif mais pas soumis !

Je continuerai à me battre contre les injustices et à les dénoncer lorsqu’elles sont à l’encontre de nos territoires d’Outre-mer et ce, quelque soit les obstacles : vacances ou pas, périodes de fêtes ou pas, cyclones ou pas. J’ai été élu pour défendre au quotidien les intérêts de la population et je m’y tiendrai. Il faut redonner du sens et de la confiance en l’action politique".



Député-maire de St-Leu



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