
L'accroissement exponentiel de l'automobile à La Réunion est tel aujourd'hui qu'il apparaît désormais évident que la solution au déplacement de la population n'est plus dans le transport individuel mais dans le transport collectif et que son efficacité est liée à la dévolution d'un site propre à son usage. C'est ce qui existe déjà à Saint Denis sur la rue Maréchal Leclerc, c'est ce que proposait également le projet tram-train. On ne peut que se féliciter de la reprise de cette option sur le projet de viaduc reliant Saint Denis à la Possession mis actuellement en consultation par la Région.
Il est à noter quand même qu'il n'est besoin de nuls travaux, de nul budget, pour augmenter dès aujourd'hui le linéaire de sites propres réunionnais. Il suffit simplement d'utiliser le système de glissières mobiles de la route du littoral : on peut réserver une voie uniquement au transport en commun, sur laquelle on peut éventuellement adjoindre le co-voiturage et les poids lourds. Les bandes d'arrêt d'urgence peuvent également être utilisées de la même manière, c'est déjà le cas dans certaines villes ou agglomérations de métropole.
La version viaduc n'est évidemment pas à l'abri de l'aléa maximum, type pont de la rivière Saint Etienne ou tsunami, qui fait que, même si on a tout prévu, on n'échappe pas à la catastrophe. Cet aléa maximum est plus rare qu'un effondrement majeur la falaise, mais de combien? Cela justifie-t-il le surcoût par rapport à l'option B1, mélange de tunnels, de casquettes et de viaducs? Cette option B1 me semble, pour ma part la plus raisonnable et la plus rapidement réalisable.
Un défaut scandaleux de la version viaduc proposée est quand même l'absence totale de voierie consacré à la bicyclette. On peut mesurer là la puissance du lobby automobile et l'abandon total de l'esprit GERRI, qui privilégiait les solutions alternatives et respectueuses de l'environnement.
Enfin ce projet viaduc laisse à l'abandon le site de l'actuelle route du littoral : rien n'est prévu pour gérer la voierie actuelle, ni les falaises recouvertes de filets. Là aussi on ne peut que souligner le peu de cas qui est fait du Patrimoine naturel unique et fragile de La Réunion.