Les atteintes à l’intégrité physique ont connu une nouvelle hausse de 10%. Nous sommes situés au 17ème rang à l’échelle nationale.
Derrière ces données alarmantes, il y a de nombreux réunionnais qui ont été victimes à un moment ou à un autre d'une agression physique ou du vol d’un bien.
Ces gens souffrent, mais leur silence n’est pas de nature à sensibiliser l’opinion publique.
Notre île s’est transformée à grande vitesse mais une partie de la population n’a pas réussi à s’adapter à cette évolution rapide. L’occidentalisation des mentalités et des comportements se heurte à certains blocages liés à notre histoire.
Malgré un développement notable au niveau des infrastructures, de meilleurs résultats scolaires de nos jeunes, l'évolution du niveau de vie, .... La violence physique à la Réunion reste un mode d’expression inquiétant. Quand la communication verbale ou les codes ne sont plus des facteurs d’échanges, l’autre devient un agresseur potentiel.
Déjà aux abords des collèges et des lycées de la Réunion les jeunes se sentent de plus en plus en insécurisés. Ils se murent dans un silence lorsqu’il s’agit de parler des menaces ou des agressions dont ils ont été victimes à l’école. Combien de parents préfèrent se taire pour éviter les représailles, par peur ou par honte ?
Mais, l'institution scolaire cherche à "camoufler" cette réalité insoutenable (menaces, rackets, agressions verbales ou physiques,…) afin de ne pas ternir l'image de leur école. Souvent l'information parvient à sortir du cadre scolaire, quand l’acte posé est très grave !
Cette institution censée transmettre le savoir est fortement attaquée par ceux-là même qui ont échoué dans leur scolarité, ne se sont pas reconnus par l'éducation nationale.
Cette violence est aussi intrafamiliale. La cour d'Assises regorge de ces crimes ou tentatives d’assassinat au cœur de la cellule familiale. L'affaire du petit Matthéo nous bouleverse par sa cruauté, mais combien d'enfants subissent les coups de leurs parents. La violence conjugale est trop banalisée dans notre société. Combien de femmes ont cette peur de quitter le domicile familial. Déjà 5 femmes tuées par leur conjoints ou ex en ce début d’années !
La société réunionnaise est en perte de repères, et son territoire continue de s’aménager en fonction des besoins immédiats sans véritablement prendre en compte l'intégration de la population dans des quartiers nouveaux. La construction massive de logement sociaux se réalise trop souvent sans l'accompagnement nécessaire des familles soumises à un nouveau mode de vie en collectivité. Les espaces de vie et de loisirs font défaut dans ces territoires où tout est nouveau.
Cette problématique liée à la délinquance ne doit pas être appréhendée exclusivement sous l'angle du passage à l'acte d’un individu. Il y a matière à réfléchir, comment produire de la cohérence dans les actions publiques et privées.
L’enjeu est de combattre cette insécurité. Les Réunionnais, les étrangers qui y viennent, aspirent à une certaine liberté. Toute cette violence ne pourra pas être enrayée si les acteurs concernés se voilent la face et font croire qu'il n'existe aucun problème dans notre Département. Il faut aussi penser aux personnes victimes ou susceptibles de devenir victimes.
C’est pourquoi j’interpelle nos élus, l’Etat, les collectivités territoriales, les maires à une meilleure organisation du territoire pour offrir de bonnes réponses à un problème qui risque de gangréner notre société si rien n'est fait.
L’action publique à mettre en place doit s'articuler autour de la répression et la prévention. Une action volontariste envers les jeunes en difficulté s’impose. Chez eux nous pouvons encore réparer, faire bouger les choses. Mais ne tardons pas trop à mettre en place une politique plus efficace, à remettre en cause les lois inadaptées ou les décisions inappropriées.
Aujourd'hui, les gendarmes ou la police sont confrontés aux limites de leurs interventions. A titre d’exemple, des mineurs posent un problème à l’ordre public, mais ils sont impunis ! Du coup ils sont relâchés et pourront « narguer » ceux qui les ont arrêtés.
Il faut agir vite face à un jeune qui pose un acte délictueux. Le cadre juridique doit évoluer vers une sanction plus rapide et plus adaptée envers ce public multirécidiviste. Cela passe par la construction de structures adaptées et fermées type Centre éducatif fermé (CEF) alternative à la prison. Les foyers départementaux, les MECS (maisons d’enfants à caractère social) et les foyers ordonnance 1945 accueillant des jeunes placés devraient disposer de moyens pour poser des limites à des comportements agressifs. Un travail éducatif ne pourra s’entamer qu’avec des possibilités de contenir et de sécuriser des jeunes souvent victimes de violence et sans repères éducatifs.
L’augmentation des effectifs de sécurité, c’est une réalité, mais les policiers et les gendarmes ne pourront pas être partout « zot i peu pas barre la mer ».
par conséquent, il faut soutenir une prévention dynamique à plusieurs niveaux. Un meilleur repérage du territoire amène à une présence plus conséquente de professionnels habilités sur le territoire. Il faut davantage de suivis psychologiques et pédopsychiatriques, une meilleure coordination avec l'éducation nationale, des réseaux de parents activés ou réactivés, ... Je crois fermement aux initiatives de quartier venant des habitants et leur collaboration avec les professionnels concernés.
La problématique de la délinquance est le reflet de dysfonctionnements dans une société. En ce sens, nos politiques devraient s’atteler à une vision de l’avenir, et à réfléchir aux conséquences de leurs actions immédiates.
Les décisions prises en ce moment engendreront les problématiques ou les bons résultats de demain.
Président du Mouvement « Volonté 974 »