BIOGRAPHIE

Naissance le 23 août 1938 à Saint-Denis
Après la mort de son père en 1949, Anne a une enfance difficile.
Après le baccalauréat en 1956, elle fait des études de psychologie à Aix-en Provence .
En 1964, elle revient à la Réunion et travaille comme professeur de lettres au collège puis comme institutrice.
De 1964 à 1973 elle milite au FJAR (Front de Jeunesse Autonomiste), puis au groupe Témoignage Chrétien et au Front Culturel Sud
Révoltée par la pauvreté et l'illettrisme, elle s'engage dans la politique, voyage, enseigne à Madagascar et à Paris.
Elle revient à la Réunion et prend un poste d'institutrice en Maternelle jusqu'en 1986.
En 1974 elle collabore à la revue Fangok, brochure contenant des poèmes, contes et des réflexions théoriques.
Elle intervient dans les écoles comme conteuse.
Elle est membre de l'Association des Enseignants Documentalistes de l'Éducation Nationale de la Réunion.
La place de son œuvre dans la littérature
« Depuis mon enfance, j'ai compris le sens du mot poésie car j'aimais les beaux poèmes, le langage secret de leur musicalité.. »
Anne Cheynet faisait partie du cercle d'amis d'Alain Lorraine et l'admirait beaucoup : « un auteur qui porte l'âme réunionnaise...le poète né avec un souffle poétique ».
Elle a fait beaucoup de lectures de ses poèmes dans les médiathèques ou sur youtube : « J’ai retrouvé cette sensation quasi mystique en disant ses poèmes. Car cette poésie est souvent prière.... »
Les Muselés (1977) est considéré comme le premier « roman réunionnais » le récit de vie d'une certaine classe sociale, celle des déshérités, celle des travailleurs exploités, méprisés, assistés, muselés par l'alcoolisme et l'analphabétisme et qui se battent pour survivre.
Son écriture en décrivant les réalités sociales exprime la contestation sociale et politique, revalorise la langue créole et la dignité des pauvres et la classe dans la catégorie des écrivains engagés.
Histoires du haut Pays (2014) inspiré des légendes créoles que racontait son père et des veillées traditionnelles avant l'arrivée de la télévision.
« Je suis nudité fouettée
agenouillée
écrasée sous le temps
de calendriers au quadruple rythme »
(Extrait de Mots - Matanans et Langoutis,1972)
Anne Cheynet, écrivain engagé, exprime sa révolte devant l'exploitation d'une certaine classe sociale qui n'a pas droit à la parole, toujours victime d'injustices.
« Ce soir je parle toute seule dans ma petite case ; dehors le vent souffle, une sorte de vent de cyclone qui secoue la porte, pénètre par les trous. De temps en temps le gosse pleure ; il doit avoir froid. Bien sûr, il est nu. Tout son linge est déchiré, tant de fois, je l'ai raccommodé que c'est devenu impossible. Jusqu'à la couverture qui est trouée. »
(Extrait du roman Les Muselés, L'Harmattan,1977)
Bibliographie
-Les Muselés- roman- L'Harmattan-1977
-Exposition de tableaux + textes : « D'une écriture à l'autre »-1985
-Tèr tout koulèr, poème pour la terre multicolore-poésie-vol 1-Ravines des Sables ADMV, 1992
-Matanans et Langoutis-Presses REI-1972
-Kabar pour un petit chêne-Édition des 2 mondes-1997 (écrit avec des enfants de Montvert)
-Rivages maouls, histoires d'Annabelle- récit-vol. 1-Éditions Océan-1994
-Dans l'Espèrbardzour- contes et légendes de la Réunion- 2004 livre audio, pages d'enfance et Bassin Bardzour
-Petite source-Editions Orphie-2014
-Histoires revenues du Haut Pays, contes de son enfance-Editions Surya, 2014
Discographie
-Kiasec-2001
-Contes d'Hellènes : contes en créole, de la mythologie grecque, pour adultes, 2002
-L'Espèrbardzour : le bassin bardzour, la légende de la Vierge Noire, pages d'enfance, 2004
Parenthèse poétique
Mots
Rendez-moi mon âme
Regarde-moi
Je suis robot verni
Séché d'un souffle boréal
avec une couche sourire de mercis
Je suis nudité fouettée
Agenouillée
Ecrasée sous le temps
De calendriers au quadruple rythme
Moi je n'ai pas de printemps
Depuis longtemps
Trop longtemps
Rendez-moi mon âme
Regarde-moi
Je suis putain vendue
Sur les marchés des blancs
je suis main tendue
Regards mendiants
Regarde-moi bien
Je cherche mon âme
Que je ne voie plus
Dans les miroirs
Les yeux vides
Et la robe d'étrangère
Que je ne sente plus
Dans ma chair
ce puzzle blessure
Ce dire désorienté
Je veux dire
Avec mes mots
le désir-souffrance
Fendu en moi
La révolte-boulet
Qui alourdit mon cœur
La tendresse chaude
Qui ne coule plus
Vers qui vers quoi
Pourquoi
Je n'ai pas pu dire
Je ne sais plus dire
mes lèvres bâtardes muselées
Je cherche mes mots
Ne casse plus mon âme
Venue du cœur de ma Fournaise
La coulée magmatique
Détruira les fers
Brûlera les miroirs
Aux rythmes géants des palmiers
Au vent de cyclone
Je chasserai la douleur
Et le ballet scintillant
De mes pioches de mes sabres neufs
En éclairs violents
Zébreront le temps
Le temps de l'esclave
Briseront le faux l'en trop
Avec mes mots
Je te fais peur
(Anne Cheynet)
BIOGRAPHIE
Thierry Bertil est né le 27 mai 1960 à Paris
Après une scolarité à l’école militaire du Tampon puis à l’Ecole Normale il connaît une carrière d’enseignant.
De 1989 à 2016, il choisit un parcours artistique : comédien à Source Vive, Vollard, Théâtre d’Azur., Veli..Directeur du service culturel à la mairie de Saint -Leu, à La Plaine des Palmistes. Il a été également consultant culturel à l’ODC, et directeur de la salle Vladimir Canter au Campus universitaire.
Il a fait partie du Conseil de la Culture de l’Éducation et de l’Environnement (CCEE).
Passionné de théâtre, il crée sa propre compagnie Percale. Il écrit et met en scène plusieurs spectacles.
-La Soucoupe -
-le cap des milles tempêtes, Vasco de Gama -
-Roland Garros -
-Adaption de différentes œuvres classiques :
-L'étranger en 1996
-le vieil homme et la mer en 1998
-des souris et des hommes en 1999.
-Le Petit prince en 2002
Il reçoit un prix de l’UDIR pour sa pièce Évade toi toi même
Il anime également des ateliers de théâtre dans le milieu scolaire, auprès des élèves , des enseignants, des animateurs, et pour la coopération française.
Auprès des jeunes du collège de la Plaine des Cafres et met en scène :
« La république des femmes », 1999
Jouée au festival international de Sardent Creuse
« L’assemblée des fous », 1999
Écriture, mise en scène
Jouée par le collège du 23ème Km à la Plaine des Cafres
Premier prix du festival international de la Rochelle
La place de son œuvre dans la littérature
Son écriture poétique :
Il écrit de nombreuses « bluettes » qu’il considère comme des gammes poétiques, facilement accessibles .
Translucides, son premier recueil publié s’apparente pour lui à du jazz parolier.
« Transports d’allégresse, incendies de scories injuriant l’Etreté pour la libération du verbe enfoui. »(Préface de Fred LAPRA)
Petite anthologie de l’insignifiance, Translucides, interroge le quotidien.
« Tu souffres
D’un lendemain
Où l’habitude sombre
Pourquoi
Tristesse misérable
Quand le corps s’offrande
De tant de délivrances
Apaisantes libertines
Pour qui
Ne désire rien
Ensablées.. »
(Extrait de Crépuscule des sables)
Parenthèse poétique
Sourire Veli
Le vrai s’appareille
Désormais
De somnolences baroques
Quand la nuit s’adonise
D’arabesques pastorales
Pour abolir tes craintes
Des
Pharisiens aubains
Ces
Bateleurs hautains
Prélats
De confettis iliens
Calligraphique sourire
Que tes songes
Dessinent
Au nocturne VELI
Annonciateur serein
D’une fulgurance nidifiée
Loveuse
D’infinies espérances
Combien meurt-on d’exécutoires éclatés
De ravines révélées au détour
De peaux burinées qui veulent se dire
Autres
Que
Vindicatives
Impulsives
Et
Plaintives
Maintenant
Sûres
Épures
Apertures de mots retrouvé
Grammaire de toi
De tous les tiens
Divulgation des possibles
Emaillure rhétorique
Mais
Petite mort
Séminale
Tes rêves , nautoniers, mémoriaux
Cinérites enfin démutisées
Papillonnant de Tomi en bidonvilles
Sirotant
L’arrack des vieilles boutiques-chinois
Croquant
Bonbons-cravates et colodents
Randonnant dans les genêts et galaberts
Cimentent la mémoire
Pour magnifier l’imaginaire
De
Toi
De
Tous
Les tiens
Prosodie harmonique
Gésine visionnaire
Peuplant les horizons
De coryphées insoupçonnés
Le vrai
Se drape
D’apaisements sensibles
Quand la nuit s’aphrodite
De l’étoile du berger
Pour annoncer le langouti
Du fait-clair
Gardiens
D’un très ancien secret
Nous ouvrirons le Temple dialectique
Sans service
Ni ablutions
Sans encensoir
Ni garantie
Seulement pour le causé gadiamb
Ephélides étoiles parolières
Naissant de ton sourire VELI…
(Extrait de Translucides)
BIOGRAPHIE

Idriss ISSOP BANIAN est né à Saint-Paul le 28 avril 1946. Ses grands-parents sont indo-musulmans venus du Gujrat (nord ouest de l’Inde).Instituteur à la retraite, écrivain-poète, militant associatif inlassable notamment dans le domaine culturel, il est connu pour sa fidélité à la fois à ses racines indo-musulmanes et à la culture plurielle réunionnaise. Investi dans la vie associative il est membre l’Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise (UDIR) depuis 1978.
Avec Indianités, Idriss ISSOP BANIAN, nous propose de découvrir sa poésie en français et en gujrati, une première à la Réunion. Il contribue ainsi au mouvement littéraire de La Créolie créée par Jean ALBANY, redéfinie par Gilbert AUBRY.
Homme de paix et « rêveur de fraternité » il œuvre pour le dialogue des cultures et des spiritualités. Président- fondateur du GDIR-Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion, il y apporte depuis deux décennies, sa contribution à la consolidation du vivre-ensemble pour l’édification d’une société réunionnaise harmonieuse et fraternelle.
« Je peux dire que la poésie est venue à moi dès le berceau, ne serait-ce que par l’univers musical dans lequel j’ai baigné pendant ma tendre enfance. Les berceuses que me fredonnait ma grand-mère dans sa langue gujerâti, la voix de ma mère lisant le coran en arabe, les comptines créoles que chantait ma nénène ; ou les chansons indiennes, ghazal ou qawwali, que distillait le vieux pathéphone de la maison. Tout cela formait un mélange de sonorités diverses qui ont façonné en premier mon âme. »
(Extrait de son propos Mon univers poétique)
La place de son oeuvre dans la littérature
Idriss ISSOP BANIAN à travers ses textes, invite à la fraternité réunionnaise, au dialogue entre les différentes cultures qui constituent la population de l’île.
« Que tu sois noir jaune ou blanc
Qui que tu sois viens
Que tu sois d’orient ou d’occident
D’où que tu sois viens
Viens car notre île est le monde.. »
(Extrait du poème Offrande)
Il enrichit la Créolie par l’apport du Gujrat
Ek nanekeri boulkavari larki
kari ané sourma vari ankio
hathé ma tsé kitabo
kévi tsé roupari
Une petite fille en boulqâ
Les yeux noirs au sourma
Des kitaab sous les bras
Comme elle est belle !
(Extrait de Indianités- Une petite fille GUJRATI)
Il fait partie de ces auteurs qui militent pour la mémoire de l’esclavage.
« J’ai d’ailleurs fait partie dès 1981 du premier comité de célébration de l’abolition. J’ai toujours été sensible à cette question de l'esclavage. Je porte en moi toute l'histoire de mon île. J’ai toujours ressenti en moi les souffrances qu’ont enduré ces hommes et ces femmes à qui on avait dénié leur dignité d’être humain. Cette commémoration a été pour les Réunionnais l’occasion de rendre hommage à leur mémoire. Je l’ai fait à ma manière en écrivant le poème « Dette d’humanité » qui figure en ouverture de cette anthologie composée de textes d’une pléïade de dalons, poètes et chanteurs, connus ou moins connus. Cet ouvrage a été notre manifeste pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. L’écho à notre cri nous est parvenu de la métropole le 10 mai 2001, jour du vote de la loi Taubira. »
(Extrait de son propos Mon univers poétique)
BIBLIOGRAPHIE
Il a participé à différentes publications
-Leconte De Lisle un poète créole et son île -1964- deuxième édition -1987-troisième édition -1994
-Choix de poèmes réunionnais-1977
-Mon île et raga-1980
-Ziska quand. Ile et Watan -1988
-La pratique de l’Islam, dans l’encyclopédie Rites et croyances-1
-Indianités -Poésie-1990
-Chants de l’Esclavage (Anthologie)-2000
-Espace de l’Islam (Périodique)-1989-1991
-Le groupe du dialogue inter-religieux -2008 à la fois auteur et participant
-Paysage religieux de la Réunion-2008 comme participant et comme auteur
-il a participé à la rédaction du volume 8 de “A la découverte de la Réunion”, intitulé Rites et Croyances, sous la direction de Michel Albany -1977-et du recueil collectif de poésies Créolie 80 édité par l’UDIR.
-"Gilbert Aubry" 2005 de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
-"Paysage religieux de la Réunion. - évêque Gilbert Aubry, pasteur Yves Chambaud, Swami Sarasvati Advayananda... [et al.], aut., participants. - [2]" (2008) avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Paysage religieux de la Réunion. - évêque Gilbert Aubry, pasteur Yves Chambaud, Swami Sarasvati Advayananda... [et al.], aut., participants. - [2]" (2008) avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Gilbert Aubry" (2005) de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Agnès Guenau" (2005) de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Carpanin Marimoutou" (2005) de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Anne Cheynet" (2005) de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Jean-François Samlong" (2005) de Marie-Claude Lui-Van-Sheng avec Idriss Issop-Banian comme Auteur du texte
"Chants de l'esclavage" (2000) avec Idriss Issop-Banian comme Éditeur scientifique
"Un poète créole et son île" (1995) de Charles-Marie Leconte de Lisle avec Idriss Issop-Banian comme Éditeur scientifique
Indianités (1990)
"Un Poète créole et son île" (1987) de Charles-Marie Leconte de Lisle avec Idriss Issop-Banian comme Éditeur scientifique
"Choix de poèmes réunionnais" (1977) de Charles-Marie Leconte de Lisle avec Idriss Issop-Banian comme Éditeur scientifique
Parenthèse poétique
Une petite fille Goudjrati
Une petite fille en boulqâ
Les yeux noirs au sourma
Des kitaab sous les bras
Comme elle est belle !
Une petite fille en boulqâ
Aux nattes longues et lisses
Le tiouss en kartiop de Kathor
Où va-t-elle ? Mais où va-t-elle ?
Une petite fille Sourti
Un nour dans les yeux
Le coeur en fleurs de dik
Comme elle est belle !
La petite fille Goudjrati
Au regard de là-bas
Du gâm et du nadî
S’en va à la Madrassa…
Ek Gujrati larki
kari ané sourma vari ankio
hathé ma tsé kitabo
kévi tsé roupari
Ek nanekeri boulkavari larki
lamba ané lassa balvari
orela tsé kartiopna kathor
kyan jay tsé panr té kyan jay tsé
ek sourti ni larki
ek noor tsé ankyo ma
dil ma dik na fool
kévi roopari té
ek gujrati larki
nitsi najar vari
gâm ané nadi bajoo
jay tsé madrassa
(Extrait de Indianités)