Jeanne Brézé est née à Saint-Denis le 30 avril 1961. Enfant précoce, elle écrit ses premiers vers à 8 ans. Déchirée par « l’omniprésence de l’absence » de ses parents, elle mène une vie chaotique, marquée par la misère, la violence , les tentatives de suicide, rythmée par les séjours à l’hôpital psychiatrique . La poésie toujours présente dans sa vie, lui permet de « cracher sa plaie » ; La religion l’aide à surmonter ses angoisses à travers des lettres qu’elle adresse à Dieu.
Elle a été lauréate :
du Concours de Poésies et de Nouvelles de l’UDIR (Union pour la diffusion du livre réunionnais) en 1981
du concours Jean Albany en 1985,
du concours Terre des hommes en 1986.
Elle décède à Saint-Denis le 27 avril 2019 à 58 ans.
La place de son œuvre dans la littérature
« Je n'aime pas me plaindre, mais si jusqu'à présent, j'ai écrit des poèmes qui doivent choquer, bouleverser,déchirer le lecteur, c'est parce que je veux combattre cette misère ».
Je crache encore aujourd’hui
La misère de la case en torchis
A brûlure de la nuit
Déchirée par la lampe à pétrole » (Extrait de ….)
La cause des femmes lui tient à coeur. De nombreux poèmes décrivent le désarroi, le désespoir de la femme réunionnaise.
« Femmes frappées
Enceintes dans l’enceinte
Des poings musclés
Pour se montrer avides
De vide »
(Extrait de ...)
Bibliographie
- Le voile d'Isis , recueil collectif, UDIR, 1978 [Jeanne y publie ses deux premiers poèmes. La même année, elle publie deux autres poèmes dans « Créolie »]. .
-Je crache ma plaie , UDIR, 1983.
- Cœur Cyclone , Éditions Réunion, 1987.
- La sale gosse, UDIR, 1989. (récit autobiographique)
-Invitation, Éditions AMDV 1995 en collaboration avec des plasticiens (roman)
-Visages verts avec Brigitte Latrille Association OGOR 1999
-Jeanne la folle, mystique, chrétienne Les révélations d’AZALÉES 2020
Parenthèse poétique
Je crache ma plaie
Je crache ma plaie
Je crache encore aujourd'hui
La misère de la case en torchis
La brûlure de la nuit
Déchirée par la lampe à pétrole
L'éclair saignant qui luit
A travers le trou de la tôle.
Je crache Le bain d'eau sale
Dans le cabinet puant
La serviette en goni
Et le savon pourri
Mais la douleur qui râle dans mes yeux d'enfant
Mais la brisure de mon coeur méprisé
Mais la flétrissure de mon honneur déprécié
Et je crache
Cambrée
La bagasse mâchée
L'andette grillée
La graisse du riz sec
Dans la moque tordue de la vie
Et le poc-poc éclate
Au toucher de mon cri
Mais le rictus affreux du suicide dans mes rêves
Mais l'atrophie glacée de ma chair abîmée
Mais la paille transie
Dans mon regard tranché
Mais la vie qui s'enfuit
Blessée
Blessée
Je pleure encore aujourd'hui
Caressée sans bruit
Par le velours de la solitude
Qui cerne ma plaie vive
Je pleure
Mais le bengali blessé tisse encore son nid
Mais le soleil brûle encore le mur de torchis
Z'enfant la misère vivra encore demain