"Victorin Lurel doit apporter des réponses concrètes"


Mardi 9 Avril 2013

A quelques jours de la venue de Victorin Lurel, ministre des Outre–mer, le PCR, par la voix de Fabrice Hoarau, Faîza Ibrahim et Yvan Dejean ont donné une conférence de presse pour rappeler les propositions de leur parti, dans le but de répondre à la fois à l’urgence sociale et aux grands défis.


Pour nous, l'essentiel c'est de nous intéresser aux problèmes concrets des Réunionnais. Le logement, le chômage, d'abord. C'est cela l'urgence. Ensuite, viennent les problèmes de fond : ils ne sont pas toujours évidents pour l'opinion, et on le comprend, puisque les gens sont obligés de courir derrière 10 centimes pour faire un euro.

Ça m'est arrivé assez souvent pour que je sache ce que c'est. Mais ce que je sais aussi, c'est que ceux qui ne parlent que d'urgence, d'urgence, d'urgence, et ne prennent aucune mesure pour régler les problèmes de fond, sont soient des irresponsables, soient des menteurs et des manipulateurs. On ne peut pas critiquer la précarité et faire capoter les chantiers. On ne peut pas parler sans cesse des travailleurs au ventre vide, et ne rien faire pour, par exemple, l'autonomie alimentaire.

Donc, oui à la réponse à l'urgence: combattons pour plus de contrats aidés dans l'immédiat, plus de chantiers à moyen terme, mais n'oublions pas la nécessité absolue de construire un système nouveau pour demain, où le Réunionnais puisse s'assumer lui-même. Et pour cela, oui, il nous faut un chemin de fer, il nous faut des routes, il nous faut endiguer les radiers, il nous faut construire de l'énergie solaire. On ne demande pas la charité de l'Etat.

Mais on ne peut pas être égaux lorsqu'il s'agit de mettre un président en l'air, et être moins égaux quand il s'agit de développement. Et puis il ne faut pas se voiler la face: on a beau se raconter des histoires, le réchauffement climatique, c'est une réalité pour notre petite île. On le voit sur le front de mer de Roches-Noires, à Maurice et dans d’autres régions du monde. Il y a de plus en plus de feux de forêts, et des requins partout.

Ce n'est pas un hasard, et à part les imbéciles personne ne nie le problème. Alors il y a deux solutions: soit on se met la tête dans le sable comme une autruche, et au bout du compte, c'est la catastrophe. Soit on réagit, en créant des emplois, et on fait de la lutte contre le réchauffement une grande cause de notre île.

Pas pour faire joli, mais pour mobiliser le peuple et les travailleurs sur de grandes idées, et de grands chantiers. Le choix, c'est maintenant. Après, il sera trop tard..."

Sur la réforme institutionnelle, le Parti communiste est bien placé pour savoir que ces enjeux font l'objet d'interprétations, de diversion, et de quiproquos souvent volontairement entretenus. Il y a des gens qui mettent beaucoup d'énergie à ce que rien ne change. Donc, avançons avec sérénité, en faisant, comme on dit, de la pédagogie. C'est-à-dire qu'il faut expliquer qu'une réforme des assemblées, c'est mieux parce que cela simplifie les choses. Imaginez que pour faire une vidange il faille aller chez un garagiste pour enlever la vieille huile, et chez un autre pour la changer. Ce ne serait pas rationnel.

Le système actuel est comme cela: pas rationnel, compliqué, parfois on dirait qu'il faut sortir de polytechnique pour remplir deux papiers. On imagine les problèmes que cela pose à ceux qui cherchent des subventions, qui veulent créer une entreprise...

Il faut simplifier tout cela. Mais attention, il ne faut pas que cela donne une réforme au rabais. En résumé, l'Etat dit: "tiens, voilà ta réforme, voilà plus de compétences, et moi je reprends l'argent".

Sur cette question le débat est ouvert et nous nous félicitons de l’initiative de madame la présidente du conseil général qui a pris l’option de lancer un débat pour construire un projet de société et un modèle de gouvernance qui je l’espère sera innovant et capable de nous répondre aux défis qui se posent et se poseront à nous.

Sur la politique des revenus : je voudrais déjà qu'on arrête de raconter des "zistoir ". Le PCR n'a jamais voulu supprimer les crédits liés à la surrémunération. Nous voulons plus de solidarité, et je me demande qui aurait le courage de dire ouvertement qu'il est contre. Donc, nous souhaitons, pour notre part, avancer sur un système qui aille vers plus de justice et d’égalité entre les réunionnais. Mais cela n'empêche pas de réfléchir à une autre question, celle des prix.

De même que nous appelons au débat sur les propositions des uns et des autres, de même nous disons que la bonne question est de savoir comment financer ses projets. Et là nous formulons l’idée d’un Fond Réunionnais d’Investissement qui pourrait être alimentée de différentes recettes. Comme par exemple : Une taxe sur les recettes des jeux, une taxe sur les recettes des entreprises dont le siège social n’est pas domicilié à La Réunion, une partie de l’épargne, une part aussi sur les revenus majorées sans remettre en cause les avantages acquis et qu’en retour les épargnants voient leurs participations rémunérées et pourquoi pas défiscalisées. Cette option participerait à la solidarité pour développer La Réunion et favoriserait, à coup sûr, la cohésion sociale que chacune et chacun appelle de ses vœux.

Enfin il y a des échéances qui arrivent dans les semaines qui viennent : c’est la fin du RSTA au 31 mai et du Bonus Cospar en fin d’année. Cela concerne des dizaines de milliers de Réunionnais.

Et bien nous profitons de la visite à La Réunion de M. le ministre de l’Outre-mer pour l’interpeller sur toutes ces questions parce qu’il faut bien reconnaître qu’entre sa dernière visite et maintenant, la situation s’est encore aggravée.

Nous souhaitons que Victorin Lurel, apporte des réponses concrètes.

La Rédaction