PCR : "La bataille pour le RSTA et le pouvoir d'achat, c'est aussi celle de la dignité"


Vendredi 7 Juin 2013

"Nous sommes en Négociation annuelle obligatoire (NA0) pour la définition des salaires dans les différents secteurs. Déjà certaines négociations commençaient difficilement et les travailleurs étaient d’autant plus déterminés à faire entendre leur point de vue que les derniers chiffres de l’INSEE montraient une inflation de 2,1%".


"Il est normal que les travailleurs ne se battent pas seulement pour leur maintien de leur pourvoir d’achat mais pour obtenir une augmentation de ce pouvoir d’achat. D’ailleurs, dans certains secteurs des grèves étaient plus ou moins en perspective.

C’est dans ce contexte qu’intervient la décision du gouvernement de supprimer le RSTA. Nous rappelons que c’était une mesure arrachée par l’ensemble des travailleurs des DOM. Le but : Améliorer leur pouvoir d’achat face à un coup de la vie élevée.

Cette bataille a permis aux travailleurs humbles percevant un salaire inférieur à 1,4 SMIC d’arracher un revenu supplémentaire qui se situait selon les cas entre 100 et 200 euros par famille et par mois.

Il est évident que l’annonce de la suppression de cette mesure a légitimé d’autant plus les demandes des travailleurs lors des négociations annuelles obligatoires.

Et nous voyons aujourd’hui le mouvement se durcir à la Cilam, chez Renault comme récemment à la Star, à Carrefour Sainte Suzanne à Sepur etc. Et il faut s’attendre avec la décision du gouvernement à ce que ce mouvement s’étende davantage à différents secteurs. La situation est grave. Ce qui explique la détermination des grévistes en luttes. Notamment ceux de la Cilam.

Or, la Cilam est une entreprise agro alimentaire qui doit traiter immédiatement des produits frais.
Ceux de l’élevage en l’occurrence. La production de lait est une production journalière que l’on ne peut pas interrompre.

Nous ne sommes pas, jusqu’à maintenant, dans le même cas de figure de la grève des dockers qui ne permettaient pas le déchargement de containers de produits non périssables.

Et lorsqu’il s’agissait de produits périssables, les dockers ont eu la conscience suffisamment élevée du bien public pour laisser sortir ces containers. Ce qui fait que les produits bloqués soient sur les quais de port Réunion ou pour ceux détournés à Maurice sur les quais de Port Louis étaient des denrées non périssables.

Là, la production laitière ne peut pas supporter un non écoulement régulier. Ce qui signifie que l’entêtement des patrons qui refusent d’aboutir à un accord acceptable prend en otage les producteurs laitiers.

Et il ne s’agit pas d’inverser les responsabilités. C’est le patronat et non les grévistes qui est entrain de mettre en péril la filière laitière qui a eu tant de mal à s’installer à La Réunion. Ainsi, la solidarité entre les grévistes et les éleveurs doit être un élément déterminant face à l’entêtement patronal qui fait durer le conflit.

Il est nécessaire de sortir rapidement de ce conflit. Les pouvoirs publics ont bien sûr leur rôle à jouer. Ce qui fait que dès le début du conflit nos élus ont interpellé le Préfet pour lui demander d’intervenir au niveau de la médiation. Mais il ne reste pas moins que la meilleure façon de faire face à l’intransigeance patronale reste la solidarité des éleveurs et ouvriers.

Un éleveur disait aux grévistes : « laisser nous livrer notre lait, une fois le lait livré, la CILAM doit nous payer ce lait livré ; et si vous ne voulez pas, vous travailleurs, façonner ce lait, c’est votre problème à vous et on respecte le droit de grève ».

N’est ce pas là la solution qui mettrait une fois de plus la direction de la Cilam devant ses responsabilités. Les ouvriers pour leur part ayant accédé aux demandes des éleveurs de leur laisser livrer leur lait.

La dureté de ce conflit qui  vient après d’autres, et la situation générale laisse prévoir que d’autres conflits de ce genre peuvent éclater avec la même dureté et la même détermination que les conflits actuels.

Incontestablement c’est la suppression du Rsta décidée par le gouvernement qui risque de provoquer d’autres mouvements pour de justes revendications salariales.

Pour toutes ses raisons nous sommes confortés dans la proposition faites au gouvernement de maintenir le RSTA au moins jusqu’au 31 décembre de cette  année.

C'est-à-dire prolonger d’un délai suffisant pour permettre au gouvernement d’organiser avec les partenaires sociaux les discussions devant aboutir au maintien voire l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs.

Nous constatons depuis l’entrée en vigueur du RSTA que de nombreuses voix se sont élevées pour pousser dans le même sens. Il y a eu en particulier la déclaration de l’intersyndicale de La Réunion qui demandait la mise en place d’une table ronde le plus rapidement possible pour régler ce problème au mieux des intérêts des travailleurs les plus modestes.

Le moment est venu pour le gouvernement d’écouter les travailleurs et nous espérons que tous les élus, un certain nombre d’entre eux l’ont déjà fait, notamment les parlementaires s’associent à cette démarche".

La Rédaction