Malaise dans la civilisation réunionnaise


Mercredi 24 Avril 2013

Notre histoire, notre langue, notre géographie et notre "développement économique et social" ne sont ni la photocopie, ni le prolongement d'un pays développé, ni celui d’un pays en voie de développement, ni celui d’un pays du Tiers Monde. Nous avons, pour ainsi dire, une originalité.


Les mouvements de protestations, qui émergent  parfois en actes de violences, révèlent en réalité un certain type de société. Des chercheurs, sociologues, ethnologues, pédagogues ou historiens ont déjà écrit sur le sujet. Mais il n’en existe  aucune synthèse.
 
Une étude pluri-disciplinaire approfondie, qui aurait pour but de définir les causes profondes de ce malaise dans la civilisation réunionnaise, nous permettrait sans doute d’en percer à jour les causes, ou au moins d’en comprendre les déterminants. L’objectif étant de trouver le remède efficace pour construire une cohésion sociale rénovée. Nos jeunes et nos enfants méritent que cette étude soit menée : qu ‘il ne soit pas dit que leurs parents, qui ont appartenu à la  première génération populaire en mesure de comprendre, de mesurer et d’interpréter, ont baissé les bras par paresse et par abandon !
 
A côté des manifestations, tant de fléaux intimes attestent de ce malaise : actes de mutilations physiques, suicides, tentatives de suicides qui sont autant, d’actes de la tragédie réunionnaise.
 
En réalité, La Réunion est un modèle unique qui fait que nous sommes à la fois Réunionnais, Français, Européens, Africains par la géographie…et par le peuplement : indiens, mozambicains, malgaches, bretons, chinois, comoriens, ivoiriens…nous serions pour ainsi dire coupables, d’être comme on dit, « ouverts sur le Monde ».

Le reconnaître, l’accepter, le dire et le faire partager, ce serait déjà régler une partie du malaise. C’est d’ailleurs le cas dans la population, qui estompe les différences tant qu’on ne lui impose pas un mode de vie venu d’ailleurs, ségrégationniste. La Réunion est terre d’échange : elle n’est pas faite pour les Ghettos.
 
C’est pourquoi je pense que le système éducatif à La Réunion a certainement un rôle à jouer pour y apporter une contribution essentielle. Le monde associatif également, avec du personnel formé et dévoué, est aussi une des clefs pour relever ce défi d’une nouvelle cohésion à la réunionnaise.
 
Les formations politiques sont tout autant concernés et pour avoir eu l’occasion d’en discuter avec des élus (es) de sensibilités différentes de la mienne cela ne fait aucun doute là-dessus. Les collectivités, les PME, les TPE aussi ont certainement des propositions pour que les choses aillent dans le bon sens.
 
Encore faut-il qu’ils disposent des moyens nécessaires. Et là c’est un débat qu’il faut mener ensemble. Il aboutira à un constat lucide et dépouillé de toutes arrières pensées politicienne qui d’ailleurs fait déjà son chemin: dans le cadre actuel, il n’y a plus de solutions pérennes.
 
Bref ! Le système a atteint ses limites et les colmatages finiront toujours par sauter sous la pression croissante de la demande d’emplois durables, de logements, de revenus plus justes et de salaires décents. C’est inévitable ! Il faut changer. Et la rue nous commande de ne plus tergiverser.

La Rédaction