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Le créole est une langue, mais Gunet ne veut pas le savoir


Rédigé le Vendredi 19 Octobre 2012 à 15:40 | Lu 2062 fois | 1 commentaire(s)


Qu'est-ce qui peut bien animer Armand Gunet, pour débiter autant d'inepties sur la langue créole réunionnaise ? Selon ce dernier, notre créole réunionnais n'est pas une langue. Ce ne serait qu'un patois, au même titre que le créole antillais, le chti, le berrichon. De toute évidence, faute de médiatisation, Armand Gunet voulait célébrer à sa manière la semaine créole.


Si je consulte mes carnets Moleskine, de 2010 pour être précis (mais on peut remonter bien plus loin encore), je note avec grand intérêt que, pour Gunet, notre SEULE langue reste le Français. Et cela fait des années qu'il ressasse le même discours.  Bientôt pour lui faire bon plaisir au père Gunet, il faudra que Danyèl Waro se mette à chanter un bon gros maloya, mais en français. Parce que, voyez-vous chers lecteurs, Monsieur Gunet veut du Français partout.

Pour décrire une situation dite de diglossie, Gunet fait un raccourci non scientifique. Le Français est la langue de prestige à La Réunion. Le Créole est la LANGUE minorée sur ses propres terres. Il voudrait résumer, non sans une idéologie délétère, que la langue des réunionnais ne devrait être que le Français. Gunet ne souhaite qu'entretenir la diglossie et encourager l'éradication d'une langue, fusse-t-elle minorée. Il veut même contraindre les promoteurs du bilinguisme à faire machine arrière. En fait, le rêve de Gunet, c'est de faire de nos enfants des monolingues, qui ne parleraient que la langue française qu'il chérit tant.

Pour ma part, je suis créoliste convaincu. Je suis pour le Créole Réunionnais, ce qui ne fait pas de moi un adversaire de la langue française. Je parle sommairement l'anglais, je commence à comprendre l'occitan et je me lance aussi dans l'apprentissage de l'arabe (puisque à Toulouse, même les arabes me prennent pour un des leurs).

Parler sa langue maternelle et l' écrire, qui cela peut-il gêner ? Quelques fonctionnaires de l'éducation nationale, qui ne veulent pas "s'abaisser" à parler "petit-nègre" ? Cela gêne-t-il les Français qui s'installent chaque année sur l'île de La Réunion, et qui viennent avec toute la civilisation qui nous manquerait encore ? Des Réunionnais aussi seraient gênés par leur propre langue maternelle ? Pourquoi ? Ceux-là seraient plus bêtes que d'autres ? On apprend à écrire l'anglais, l'espagnol, l'allemand. Mais on ne saurait pas apprendre à parler et écrire le créole réunionnais ? 


Et puis, quel est l'intérêt de s'attaquer au créole réunionnais en l'affublant du titre de Patois ? Non content de jouer le jeu de la "casse linguistique", Gunet veut ridiculiser, et les locuteurs de la langue créole réunionnaise (qui ne parlent qu'un patois), et les défenseurs de la langue créole réunionnaise (qui se battent pour du vent, pour un patois). A moins que Gunet ne peut faire la différence entre patois et langue, il s'agirait donc que d'une méprise regrettable. alors, pour l'aider un peu, je m'en vais lui donner deux petites définitions.

Qu'est-ce qu'un patois ? J'ai presque envie de dire que le patois est une langue qui n'a pas eu de chance. C'est une langue qui manque de locuteurs. Ou plutôt c'est une langue parlée par la couche la plus âgée de la population, donc en voie de disparition. Le créole réunionnais est parlé par toutes les couches de la population réunionnaise. Il n'est donc pas un patois.

Alors, qu'est-ce qu'une langue ? C'est un moyen de communication qu'utilisent des êtres humains, représentants toutes les couches sociales d'une population. Est-ce une définition suffisante ? Non, une langue implique davantage. « La langue est en soi bien plus qu’un simple instrument de communication. La langue constitue véritablement les archives d’un groupe humain, la synthèse de son histoire telle qu’elle s’est déposée peu à peu et s’est incorporée à son vocabulaire et à sa structure. Ainsi, la langue reflète l’identité d’un groupe humain dans ce qu’elle a de plus intime, telle qu’elle s’est lentement formée à travers les âges et par son existence même, on peut dire qu’elle représente l’authentique image de lui-même qu’un groupe projette dans le monde extérieur » disait feu le Père jésuite José A. Obieta Chalbaud, professeur à l’Université Deusto à Bilbao. Alors, que va-t-il nous balancer le Gunet ? Que nous n'avons pas de culture, ni d'histoire ?




1.Posté par Jeanneau le 28/10/2012 17:23
Babou, rente ça dans out coco : le patois est une langue, comme le soutient Armand Gunet dans un autre de ses articles. Langue est bien le terme générique qui englobe tous les langages, langue qui a pignon sur rue ou non, dialecte, patois... Pour tous les parlers, il faut la lingua, la langue, organe de la parole. Je renvoie à l'article du dictionnaire que je viens d'étoffer pour éclairer la pauvre lanterne de Babou.

Que le créole soit patois ou langue, c'est de peu d'importance. C'est là un jugement personnel qui laisse de marbre un linguiste. L'important pour le créole est de lui donner ses lettres de noblesse et de s'attacher à ce qui lui manque pour accéder à une langue qui ait un peu plus pignon sur rue : mettre au point une graphie digne de ce nom. Et la meilleure qui soit est celle qui collera le mieux à l'étymologie : les mots ont une vie, une histoire, une étymologie. "La langue reflète l’identité d’un groupe humain dans ce qu’elle a de plus intime, telle qu’elle s’est lentement formée à travers les âges", voilà une heureuse citation de Babou à laquelle je souscris pleinement et en parfait accord avec ce que pense Armand Gunet. Elle est aussi en parfait accord avec ce que pense le PDBS - le Parti Du Bon Sens - dont je suis l'humble serviteur en tant que chargé de communication. Pas de divergence de vue entre le PDBS et moi.

Babou, tu suis ? Bravo ! Continuons.

Laissons parler le PDBS ! Voyons un autre problème qui met en transe notre pauvre Babou : la diglossie ! Le simple bon sens partagé par le commun des mortels remarque bien qu'il y a une parenté bien forte entre le français et le créole réunionnais, une parenté pour ainsi dire filiale. Ce type de parenté nous oblige à reconnaître que le Créole qui maîtrise bien ces deux langues est diglossien, s'il m'est permis d'avancer ce néologisme. Il ne peut clamer sur les toits qu'il est bilingue. La meilleure des preuves est qu'un patron tombera des nues lorsqu'on osera écrire dans un curriculum vitae : bilingue (français et créole). Les Réunionnais ont assez de bon sens pour ne pas ajouter cette incongruïté ! Même diglossie chez un Arabe qui ne maîtrise que l'arabe littéraire et l'arabe de son coin.

Si l'on réfléchit bien, on doit rejeter presque manu militari la graphie de l'Offis la lang, la graphie KWZ. Le maître queux de cette officine sort de ses fourneaux des mots tout ratatinés sans la moindre attache historique, des mots qui donnent l'impression de n'avoir que la peau et les os. On peut prendre en pitié ce grand maître qui a appris la linguistique en un rien de temps, juste le temps d'avaler d'un trait une petite tasse de thé. Malheureusement, il nous mijote un créole écrit sans saveur, mais bien adapté aux SMS.

Qui des deux respecte mieux le créole ? Armand Gunet ou notre maître queux chez lequel convergent providentiellement les subventions ? Au lecteur de faire son choix. Le PDBS a fait le sien qui tombe sous le sens.

Gérard Jeanneau, chargé de com du PDBS

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