Hier soir, j'ai vu une tortue de cette espèce à la télévision. René Paul Victoria. Il m'avait pourtant laissé l'image d'un homme peu à l'aise devant les caméras, cherchant ses mots, hésitant, parfois maladroit. Mais la traversée du désert, cela vous métamorphose un homme : le voilà hier dressé devant la journaliste de la télé publique tel un coureur au départ sur la ligne d'un Grand Raid médiatique. Discours tonique, engageant, clair comme de l'eau de roche (pas massive celle-là). Il y avait la bonne dose d'enthousiasme et de détermination. La bonne posture face aux questions qui semblent dicter le rythme de cette campagne, telle l'incontournable nouvelle route du littoral. "Audit" a-t-il répondu ! Et surtout, Victoria a ramené cette question vers une problématique peu abordée par les autres candidats : l'entrée Est de Saint-Denis, autrement plus conséquente en nombre de voitures piégées dans les embouteillages que l'entrée Ouest. Je l'ai entendu parler de la formation, de la jeunesse. J'ai entendu un homme Réunionnais ouvert et bien dans ses baskets.
Et si au dernier virage, celui que l'on attendait pas créait la surprise ? Et si la tortue créole René-Paul Victoria coiffait sur la ligne d'arrivée les lièvres qui galopent en tête ?
René-Paul Victoria, c'est l'image d'une Réunion ouverte à la culture, héritière d'un Eric Boyer cultivé, militant issu de l'éducation populaire. Eric Boyer avait en son temps déclaré : "Nous sommes tous des marrons". René Paul Victoria a d'ailleurs clairement rappelé l'ampleur de l'action politique d'Eric Boyer et son influence.
"Tortue i voit pas son queue" dit le proverbe réunionnais. Loin d'être un homme du passé, tout à coup, Victoria incarnerait-il une nouvelle alternative dans la panoplie de candidats espérant accéder à la pyramide inversée ? Dans la culture notamment, cette perspectives pourrait bien (enfin !) ouvrir de nouveaux horizons.