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"Pour combien de temps saurons-nous encore vivre ensemble ?"


Édito
Mercredi 3 Avril 2013

"C’est "la" question qui nous taraude ! A l’heure où l’on parle d’une certaine radicalisation de l’islam, radicalisation qui ne concerne certes qu’une infime frange des musulmans de France, n’est-on pas en droit de se poser des questions quant au port du voile intégral dans nos rues "au nez et à la barbe" de la police ?"


"Pour combien de temps saurons-nous encore vivre ensemble ?"
"Ne s’agit-il pas de provocation pure et simple de la part de ces femmes, souvent accompagnées de leur imam de mari ? Ne sont-ils pas, tous les deux, en infraction par rapport à la loi sur l’interdiction de dissimuler le visage dans l’espace public, se présentant même ainsi, aux bureaux de vote des mairies dont celle de St-Denis ?

On peut également s’interroger sur les "changements" dans la tenue de nos anciens camarades de l’école publique avec le port conjoint et ostentatoire de la robe et d’une barbe. Cette situation de laxisme des représentants de l’autorité publique nous taquine outre qu’elle ne peut que nous interpeller. "Mon ami zarab" me parle de la "zone libérée" d’un respect des lois de la République connue de tous et bien évidemment des autorités. Le laxisme des autorités en la matière ne va-t-il pas à la longue se retourner contre nos amis musulmans et ainsi installer dans notre île une situation qui peut porter préjudice à l’équilibre de notre manière de vivre ? Attention : danger !

Qu’en pensent les responsables des mosquées ? Leurs imams n’ont-ils pas l’obligation et la responsabilité de "prêcher" le respect de la loi ? Que je sois musulman, chrétien, hébraïste, et tout cela de diverses manières –et elles sont nombreuses- que je sois hindouiste, bouddhiste ou pratiquant de l’une des 954 religions répertoriées de part le monde, que je sois croyant ou non croyant la seule qui m’importe, c’est la République qui me garantit la possibilité de vivre ma religion (ou pas), de vivre selon mon éducation, ma conscience.

Et justement, parlons de la garantie de l’absolue liberté de conscience qu’assure la République. C’est tellement rare de part le monde qu’il faut le rappeler. Vous êtes libre de pratiquer la religion de votre choix. Vous êtes libre d’en pratiquer aucune. Vous avez l’impérieux devoir de respecter les lois de la République laquelle garantit votre liberté de penser et votre liberté de culte. Nous avons l’obligation de respecter les autres, ceux qui ne pensent pas comme nous, ceux qui ne croient pas comme nous ne croient pas du tout. Quoi qu’on en pense, ces gens-là sont mes sœurs et frères.

Nous avons toujours vécu ainsi à la Réunion, d’où le nom de notre Île. Réfléchissons à cette réalité : si je sui né au Pakistan ou en Iran, il y a de fortes chances que je sois musulman. Si je suis né en Italie ou en Allemagne ou en Russie, il y a de fortes chances que je sois chrétien. Si je suis né en Israël ou … en Europe Centrale, il y a de fortes chances que je sois juif. Si je suis né à Bombay ou à Calcutta, il y a de fortes chances que je sois hindouiste … etc. Et tout cela de diverses manières pour chacune de ces religions. Vous êtes-vous posés la question de savoir si j’ai eu le choix ? Pas vraiment, je me suis "inscrit" dans le sens religieux du milieu social que m’a vu naître et dans lequel j’ai été élevé. C’est une évidence.

Alors, regardons autour de nous dans le vaste monde les malheurs, les ravages que les replis religio-identitaires font courir aux populations : hommes, femmes, enfants, vieillards, massacrés ! Au nom d’un Dieu unique qui prône l’amour du prochain ! Erreur ! Grave erreur ! Nous savons que les puissances de l’argent, du pouvoir, instrumentalisent les religions, nous le voyons tous les jours, à la télévision, nous le lisons dans la presse !

Il ne faut surtout pas que ces enfermements religieux détruisent "nout péï", notre "savoir vivre ensemble". Ne pas interroger les responsables politiques, mais surtout toute la population y compris les religieux, sur ce danger latent, serait grave dans le climat de crise sociale, et économique que nous connaissons. Il ne faut surtout pas que, demain, soit brisée cette essentielle vertu qu’est la fraternité, installée – pas si simplement - à La Réunion par l’apport de populations de toutes les provenances, de toutes origines sociales, culturelles, ethniques. Nos aînés ont fait La Réunion difficilement certes, mais avec une ferme volonté d’aboutir, même si la tâche doit toujours être recommencée, et ne sera jamais achevée, nous devons en être bien conscients !

"Frère, si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis, écrivait St-Exupéry. Confucius affirmait il y a 2.500 ans que "La vertu d’humanité, c’est d’aimer les autres". Tous les autres, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent. Ne l’oublions jamais. Et quoi qu’il en soit, quoi qu’il arrive, nous devons continuer à construire cette fraternité tolérante, respectueuse des autres qui fit La Réunion. Mais il y faut la volonté affirmée et constante de chacun d’entre nous. Notre République nous en garantit la possibilité. Que chacun d’entre nous en ses propres responsabilités, agisse en ce sens ! Il n’est que temps !

Il y a peu, un ami médecin et philosophe nous communiquait ce court texte publié à propos du blasphème.  Le voici : "En France, le blasphème n’existe plus. Je retiens cette phrase fondamentale : "La liberté d’expression ne saurait donc être limitée par la liberté de croyance. La seule limite en ce domaine est le respect de l’ordre public, qui prohibe l’incitation à la haine, la discrimination, ou encore l’incitation à la violence à l’égard non pas d’une religion, mais des personnes qui la pratiquent. La nuance peut paraître subtile mais elle est fondamentale, c’est le citoyen que protège la République, pas sa croyance".

Nous voudrions enfin rappeler ce que deux soufis ont écrit. L’un vivait à Grenade, ville du Sud de l’Espagne entre les douzième et le treizième siècles. Il est né en 1.165, est décédé en 1.240 et inhumé à la mosquée des Omeyades à Damas. Il avait pour nom Muhyiddin Ibn’ Arabi et (cication de mémoire) disait : "Mon cœur est devenu capable de toutes formes : je suis un pâturage pour les gazelles, je suis un couvent pour les moines chrétiens, je suis un temple pour les païens, je suis la Pierre de la Kaaba, je suis le livre de la Thora. Je marche dans les pas de l’Amour quelle que soit la route que prennent ses chameaux". L’autre soufi, Yunnus Emré disait : "Venez et faisons connaissance, rendons aisé le malaisé, aimons et tâchons d’être aimé. Ce monde n’appartient à personne !"  Le maître mot, c’est "aimer".

Rachid Payet



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Les commentaires

1.Posté par J.Claude Barret du MAR le 03/04/2013 08:26
"L’autre soufi, Yunnus Emré disait : "Venez et faisons connaissance, rendons aisé le malaisé, aimons et tâchons d’être aimé. Ce monde n’appartient à personne !" Le maître mot, c’est "aimer". Mwin na konm linprésiyon ke ou lé pa dakor èk sèt sitasiyon. Mi san dann oute papiyé ou na kon in problinm avec les femmes qui portent le voile. Est ce que vous êtes choqué quand les bonnes soeurs-religieuses catholique se ballade avec leur cornette blanche, noire ou bleu dans les lieux publics? Si je comprends bien le port de la barbe serait discriminatoire, sandoute ou lé zalou de cette belle barbe fleurie, pou rasure aou, la barbe i pouss pa dosi zèf.

Pour vous faire plaisir, voilà une information d'une société semi-publique, il s'agit de A.F - qui demande à ces employées d'origine africaine ou caribéenne de supprimer leur tresse, de se raser leur tête " En France, dans les entreprises ou la fonction publique, des personnes
d’origine africaine ou caribéenne doivent encore raser leurs cheveux,
les couvrir avec une perruque ou les «lisser» en usant de produits
toxiques. Au mépris des libertés fondamentales, leur hiérarchie
assimile leurs tresses ou leur chevelure à un élément de leur costume
& invoque (comme Air France à l’encontre de son salarié Aboubakar
Traoré) les attentes de la clientèle, supposément «classiques» -
Coluche aurait dit «normales : blanches, quoi !» - Je pense que vous ignorez ce que c'est le tolérance. Je suppose que vous vous êtes donné un prénom pour démontrez que vous n'êtes pas du tout raciste. Ou alors ou konpran pa in merde sate ou la ékri, encore moins les citations qui dédié le début de votre texte. Sà yapèle se tortiyé lo Q pou siyé drwate...

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