A la fin du 19e siècle, des travailleurs sous-contrat s’installèrent dans nos îles et en Afrique du Sud. Souvent les membres d’une même famille pouvaient se retrouver à l’ile Maurice, La Réunion, l’Afrique du Sud ou la Malaisie etc. Ce qu’il advint notamment des Patair. Ces orfèvres, du bas de leur échelle sociale, accomplirent leur contrat d’engagement (souvent 5 ans), puis retrouvèrent leur métier premier l’orfèvrerie. Un fils d’engagés, le dénommé P.R. Pather (ou Pather), au début du 20e siècle quitta l’ile Maurice pour s’installer à Durban, considéré comme la capitale des Indiens d’Afrique du Sud.
Malgré le système abject de l’apartheid, la famille tenta de gagner sa vie. Les Indiens étaient d’ailleurs retenus dans des zones particulières, admirablement reconstituées par le film du Gandhi (R. Attenborought). De nombreux Indiens estimèrent qu’il était de leur intérêt de renforcer le camp de l’Anc.
Le fils de P.R. Pather médecin de profession devait faire une rencontre qui bouleversa sa vie. Dans le courant de l’année 1960, Massila Pather proposa au futur père de la liberté Nelson Mandela d’organiser une réunion secrète de l’ANC à son domicile de Durban. Le meeting eut lieu mais le docteur Massila paya cher cette provocation à l’égard du pouvoir afrikaner. Il passa lui aussi quelques mois en prison.
Cette anecdote qui ne devait rester qu’un épisode de la vie trépidante du héros de l’Afrique du Sud libre, fut restituée dans la célébre biographie « A long walk to freedom ». Aux environs de 2005, Nelson Mandela fit une surprise aux descendants de cette famille en débarquant un soir à l’improviste dans une soirée d’anniversaire à Durban.
Lors d’un ses déplacements à l’ile Maurice à la fin des années 90, j’eus le privilège de couvrir avec mon collègue Moustapha Bourran, le sommet ACP/Europe. M. Mandela y participa. Le héros demeura inaccessible aux médias. Nous avons eu droit à quelques séquences d’images au jardin de Pamplemousses et quelques endroits encore. Finalement l’invitation locale faite au père de la nation sudafricaine n’eut point le temps d’aboutir même s’il n’était pas confirmé qu’il ne voulait pas venir dans notre département.
Sur notre sollicitation, son entourage nous confirma que M. Mandela souriait toujours lorsqu’il pensait au bon docteur Massila Pather de Durban. Que ce soit à Gandhi, à Tambi Naidu, ou à Jay Naidu (anc. Ministre des Télécommunications avec lui), Nelson Mandela conserva une profonde amitié à la communauté indienne où qu’elle se trouve.
Président du Gopio Réunion