Il y a des Noirs qui portent leur couleur et les chaînes du passé comme un passe-droit. Etre Noir et être descendant d'esclave, c'est même un argument récurrent pour culpabiliser et vilipender les autres, surtout les descendants des esclavagistes, et réclamer réparation à ces mêmes descendants d'esclavagistes, pour les atrocités infligées à leurs ancêtres esclaves. C'est la stratégie choisie par le lobby antillais, pour évincer Françoise Vergès de la présidence du Comité pour la mémoire de l'Esclavage.
Que ce soit l'Antillais Daniel Dalin, président du Collectif/Dom ou le Guadeloupéen Claude Ribbe, écrivain et réalisateur, aucun ne peut s'octroyer la légitimité de vouloir l'éviction de Françoise Vergès parce qu'elle serait une descendante des esclavagistes. Même si c'est vrai, Françoise Vergès n'est pas responsable de l'infamie et des crimes contre l'humanité de ses ancêtres. Surtout lorsque ce n'est qu'un prétexte pour l'écarter du poste, et la remplacer par quelqu'un des Antilles.
Si le lobby antillais veut aussi cette présidence qu'il la prenne. Ce lobby est assez puissant pour réussir dans son action. Et tant mieux pour leurs ultramarins. Mais, rien ne justifie la fronde et les attaques menées contre la généalogie de la Réunionnaise. C'est normal que Françoise Vergès se bat pour garder sa présidence. C'est naturel qu'un père qui aime sa fille, fait tout ce qu'il peut pour l'aider.
Pourquoi ce serait différent lorsqu'il s'agit de Françoise et Paul Vergès ? Parce qu'ils sont Blancs. Parce qu'ils seraient descendants d'esclavagistes. Parce qu'ils ont de confortables revenus ? Et une vie aisée ? Parce que Paul et Pierre Vergès sont des politiques influents à La Réunion ? Cela n'a aucune incidence sur ce point précis : Françoise, Pierre et Paul Vergès sont tous Réunionnais. Au même titre que les Cafres descendants d'esclaves, les Blancs descendants d'esclavagistes ou les "Malbars" descendants d'engagés. Personne au sein de notre peuple n'est plus Réunionnais que sa ou son compatriote.
Etre Réunionnais, c'est être différent et porter ensemble un passé, un présent et un avenir communs. C'est se "partager" un héritage douloureux et économiquement et socialement difficile pour un très grand nombre. Et un héritage bien plus aisé et confortable pour d'autres. C'est ainsi. C'est aussi cela La Réunion. C'est pour cette raison, et aussi contre l'acharnement du lobby antillais, que je suis solidaire de la Réunionnaise et de ma compatriote Françoise Vergès…