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Dimanche 19 Juin 2011

Depuis quelques années, notre langue kréol fait l'objet de débats intenses.
Récemment, le président de la Région malgré lui a remis ce débat à l'ordre du jour dans les médias.


frazil konm In ti zoizo, nout lang i sant zoli… ( Miké )
frazil konm In ti zoizo, nout lang i sant zoli… ( Miké )

Cette personnalité réunionnaise politique a déclaré en direct sur une radio nationale  que «la défense de la langue créole n'a aucun sens, cela se vit au quotidien». Une députée l'a d' ailleurs définie comme une langue «kk».

D'autre part de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer qu'elle soit reconnue, valorisée, respectée et même enseignée à l'école.  


Notre langue kréol contrairement à certaines idées reçues, répandues n'est pas une déformation du français mais une variante régionale.

Une des richesses que possèdent tous les Réunionnais n'est pas monétaire, elle est linguistique. 


Notre langue kréol trouve son sens dans la parole, dans l' écrit, dans la littérature, dans les repas, dans les rites et les croyances.C'est un puissant catalyseur de l’identité réunionnaise. 


La langue kréol maintient nos solidarités familiales et de quartier.

La langue kréol a bercé notre enfance, c'est notre langue maternelle.

Jadis considérée comme la langue des pauvres, des asservis, elle était bannie de la haute société bourgeoise créole. 


Aujourd’hui elle a conquis ses lettres de noblesse. Elle est enseignée à l'université de la Réunion et est proposée comme option dans les établissements scolaires. D'ailleurs, plusieurs enseignants dont je fais partie s'exprime en kréol dans leur cours. Le passage de la langue kréol à la langue française se fait naturellement. L'élève est plus attentif, plus à l'aise car en situation de bonne compréhension.

L'utilisation de notre langue en classe donne du sens à notre enseignement.

Et l'enseigner à l’école, elle sera la passeuse de mémoires. Cet apprentissage du kréol n'enfermera pas l’élève dans une créolophonie qui bornerait son horizon aux frontières de l'ile.

Apprendre sa langue, sa culture, les civilisations de son île le permettra de mieux s'ouvrir pour mieux affronter le monde. Imaginez un instant que sur le sol de France continentale, la langue maternelle soit le français et la langue officielle l'allemand?

Cessons de dénigrer, d'ignorer la langue kréol qui n'est pas un élément folklorique mais la véritable encyclopédie réunionnaise qui nous renseigne sur notre patrimoine, notre histoire, notre culture.

La pratique comme l'acceptation de notre langue ancestrale, maternelle, libère l'esprit responsabilise l'être humain.

La langue kréol s'épanouit aussi dans la chanson, dans l'humour. D'ailleurs , nos humoristes bien connus comme Didier Mangaye, Thierry Jardinot et Marie Alice Sinaman expriment le rire en kréol en retraçant dans leurs textes les scènes de notre vie quotidienne kréol. 


A une époque pas si lointaine, sur une chaine de TV, seul le français avait droit de cité. Il n'était pas bien vu qu'un journaliste s’exprime en kréol; c'était une injure faite à la France.

Aujourd'hui,on passe d'une langue à l'autre sans problème. Le JT kréol lancée depuis quelques années connait son succès.

La langue kréol exprime l'âme réunionnaise. C'est le fil qui tisse le lien entre le passé et le présent. 


Le kréol a été le moyen de communication entre les populations venues de France, de Madagascar d’Afrique et des Indes.

Ce mélange de français et de langues de l'Océan Indien a donné le kréol. Ce sont des immigrants de plusieurs civilisations millénaires qui durent vivre ensemble sur ce petit cailloux. L'histoire de ce métissage nous est racontée par cette langue kréol.

Cette langue que parle 800 000 Réunionnais est parfois encore qualifiée de «vulgaire patois» ou de «sympathique patois.»

La Réunion doit se positionner dans un modèle de solidarité indéfectible pour pouvoir s'ouvrir au monde et être capable d’accueillir le flot de touristes promis par le schéma Régional de développement touristique.

Mais ce qui prévaut aujourd'hui, c'est plutôt le chacun pour soi, le diviser pour mieux régner. 

A l'heure de l’uniformisation présentée comme la seule matrice culturelle, cultivons et préservons notre différence.




Aline Murin Hoarau
Aline Murin Hoarau

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