Des critiques et réactions négatives se sont fait entendre, dans le droit fil d’une réticence et parfois d’une franche opposition à toute politique même partielle de régionalisation de l’emploi, considérée comme le début d’un processus de « préférence régionale » contraire aux principes républicains et constitutionnels.
Il aurait « mieux valu se taire », a-t-on même pu lire à propos des réactions de tous ceux qui se sont félicités d’une telle nomination.
Pourquoi les Réunionnais devraient-ils se taire alors même que deux Présidents de la République successifs ont considéré comme légitime cette vocation à apporter à son territoire ses compétences et sa connaissance du contexte ? Après des décennies d’absence sur des postes importants de leur département et le sentiment justifié d’y être écartés systématiquement, il n’y a rien d’inconvenant à ce qu’ils se réjouissent publiquement de l’avancée constituée par la nomination de M. Marimoutou.
Ils ont d’autant plus de raisons d’être satisfaits qu’ils n’ont jamais demandé des affectations qui feraient passer au second plan les compétences professionnelles requises. Il ne s’agit pas non plus d’instaurer une priorité de nomination en fonction de l’origine, ce qui n’est pas permis par la Constitution, mais de prendre aussi en compte parmi les critères de choix la connaissance du contexte. Critère qui était écarté jusqu’ici, cette connaissance devenant curieusement pénalisante… Privilégier par principe les natifs serait ensuite une sorte d’enfermement, peu compatible avec une administration efficace et dont on attend aujourd’hui qu’elle soit ouverte et innovante. Enfin personne ne l’a jamais demandé ni à la Réunion ni ailleurs outre-mer.
Ce que les Ultramarins ne pouvaient plus admettre c’est leur exclusion de fait des postes à responsabilités dans les administrations de l’Etat, alors que le vivier de compétences existe. Au nom du principe d’égalité entre autres raisons, on a mis en œuvre une pratique en réalité inégalitaire car plus strictement appliquée outre-mer qu’en métropole, humainement plus contraignante, privant d’une part importante de leurs élites des territoires marqués par des spécificités profondes. La nomination de notre Recteur est à cet égard un pas vers cette égalité réelle – qu’on peut traduire aussi par équité et justice - que le Président de la République a décidé d’inscrire dans la loi.
Il s’agit en définitive d’admettre un principe, celui de la reconnaissance du fait ultramarin dans ce domaine comme dans d’autres, et une pratique qui en est le corollaire, celle d’une administration locale de l’Etat plus représentative du territoire. Leur négation ne peut qu’engendrer une accumulation de frustrations et sera de plus en plus difficile à justifier.
Le 8.03.2016.
Préfet honoraire