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AJFER : "Quel avenir pour l'emploi à La Réunion ?"


Invité(e)
Vendredi 7 Décembre 2012


AJFER : "Quel avenir pour l'emploi à La Réunion ?"
"Etat de la situation

Je vais être bref, aucun dirigeant du pays ne peut ignorer la situation dans laquelle on se trouve et ce, depuis des années. Tous les jours, des éléments et des évènements nous rappelle la gravité de la situation : des entreprises en difficultés, malaise sociale, augmentation des violences, manifestations régulières de jeunes, des mairies annexes bloquées voire incendiées...

Enquête emploi INSEE : résultat en « trompe l'oeil ». Certes le chômage diminue mais il demeure tout de même à des taux très élevés notamment chez les jeunes. Par ailleurs, cette diminution est fortement engendré par l'emploi précaire et les inactifs.

On ne peut pas s'en satisfaire. L'utilisation massive des emplois aidés s'il peut répondre en partie à l'urgence sociale n'est pas une réponse durable au problème du chômage de masse qui lui perdure toujours et ce, depuis des années. La situation de l'emploi aujourd'hui traduit une précarisation du marché de l'emploi.

Par ailleurs, l'augmentation des inactifs symbolise un fait non négligeable qui est le découragement d'une grande partie de la population qui lui s'inscrit bel et bien sur le long terme. Non pas que ces personnes se « désengagent », comme on a pu l'entendre mais subissent en réalité le désengagement des pouvoirs publics face à leurs capacités à apporter des réponses viables à la première préoccupation des réunionnais.

La crise, la conjoncture actuelle aggrave encore un peu plus la situation mais on ne peut pas nier les causes structurelles de ce fléau.

Face à ce constat, que font nos dirigeants ? Prennent-ils sérieusement conscience de cette situation, des conséquences qui en découlent ? Prennent-ils réellement leurs responsabilités ?

Cette situation est le résultat de la politique menée jusqu’à présent et les erreurs politiciennes qui ont été commis et que nous payons aujourd’hui le prix fort.

D’une part, la précarisation de l’emploi avec toujours plus de contrats aidés et d’autres part la suppression des grands chaniters (tram train, rocade du Tampon, Pôle Océan, Zénith, …) et surtout le manque d’anticipation.


Les réponses face à la situation

Quel avenir pour les emplois d’avenir ?


Face à la gravité de la situation actuelle, la réponse de nos dirigeants reposent, une fois de plus sur la mise en place d'un dispositif d’emplois précaires: les emplois d'avenir.

Si l'on peut penser que ce dispositif aura des effets sur le court terme, notamment sur les chiffres du chômage des jeunes, on ne peut pas dire que c'est une réponse au problème structurel.


Dans cette problématique globale, il faut bien évidemment penser différentes solutions, à la fois portant sur le court, moyen et long terme. Mais l'une ne doit pas se faire sans l'autre.

Certains parlementaires de La Réunion reviennent sur l'île très fier(e)s d'avoir obtenu un QUOTA. Il semble estimer avoir accompli leur devoir. C'est particulièrement malhonnête et dangereux face à une population de plus en plus dans le désarroi. 5 000 emplois d’avenir c'est bien mais il reste 155 000 chômeurs !

Tout est vraiment très relatif. Quid aussi de l'harmonisation de ce quota avec celui des autres contrats aidés ? Le quota global sera-t-il revu à la hausse ou pas ?

Sur le dispositif en lui-même :
Cette énième mesure, ciblée sur le chômage des jeunes, quelque soit le nombre de contrats proposés reste une offre de précarité, les contrats couvrant des périodes d'un an renouvelable deux fois.

La durée de ces contrats est insuffisante pour garantir que la personne s'inscrive dans un véritable chemin d’insertion, notamment à travers via la formation. De grandes incertitudes pèsent d'ailleurs sur ce point, leur coût devra être assuré par les employeurs.

Un dispositif coûteux :
5 000 emplois d’avenir sur les 150 000 emplois créé d’ici à 2014. Combien ça coûte ?

Dès 2013, l’Etat s’engage à hauteur de 2,3 milliards d’euros pour financer ces emplois. L’aide de l’Etat pourra être accordé pour une durée de 3 ans et s’élèvera dans le cas général à 75% de la rémunération brute au niveau du SMIC.

Pour résumé (secteur non-marchand) :

Coût (en euros)
Rémunération brute mensuelle 1 425
Montant de l’aide de l’Etat 1 070
Reste à payer pour l’employeur par mois 356
Coût annuel pour l’employeur 4 272
(source Ministère du travail)

5 000 emplois d’avenir à La Réunion représente donc un coût pour le secteur non marchand de 21 360 000 euros chaque année. Soit sur 3 ans,  64 080 000 euros.

En matière de financement, dans un contexte économique dégradé, des entreprises en difficultés mais aussi des collectivités toujours sous le coup du gel de leur dotation, on peut sérieusement se demander dans quelles mesures, les employeurs pourront assurer financièrement le recrutement d'emplois d'avenir.

Quel avenir pour les contrats d’apprentissage ?
Il y a le rapport Gallois et ses 500 000 apprentis pour 2017, il y a les 8 000 apprentis promis par la Région Réunion pour 2014-2015, il y a les campagne de pub et il y a enfin les milliers de jeunes qui ne trouvent pas d’employeurs pour effectuer leur formation.

Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un salarié. Son objectif est de permettre à un jeune de suivre une formation générale, théorique et pratique, en vue d’acquérir une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme ou un titre professionnel.

L’apprenti bénéficie d’une rémunération variant en fonction de son âge; en outre, sa rémunération progresse chaque nouvelle année d’exécution de son contrat. Le salaire minimum perçu par l’apprenti correspond à un pourcentage du SMIC (78% du SMIC pour un apprenti de 21 ans et plus lors de sa 3e année par exemple)

Le choix sera donc vite fait pour un employeur qui peut bénéficier d’aides plus stables sur les emplois d’avenir et surtout pour un employé à plein temps.

Quel avenir pour les assistants d’éducation ?
Les emplois d’avenir “professeur” visent à accompagner des jeunes qui souhaitent poursuivent leurs études et se destiner aux métiers de l’enseignement. Ces emplois à temps partiel dans les établissements scolaires seront réservés aux étudiants boursiers en deuxième année de licence qui bénéficieront de surcroît d’une bourse de service public spécifique (CROUS). Soit un montant de l’ordre de 900 euros par mois au total. (exactement comme un assistant d’éducation qui cumule avec une bourse du CROUS)

La loi n° 2003-400 du 30 avril 2003 prévoit la possibilité de recruter des assistants d’éducation pour exercer des fonctions d’assistance à l’équipe éducative notamment pour l’encadrement et la surveillance des élèves et l’aide à l’accueil et à l’intégration scolaire des élèves handicapés.

Le dispositif des assistants d’éducation s’inscrit dans l’objectif social d’aide à des étudiants dans la poursuite de leurs études et prend ainsi sa place à côté des autres dispositifs institués par le ministère chargé de l’enseignement supérieur dans ce domaine. Aussi la loi prévoit une priorité aux étudiants boursiers. Les étudiants qui exercent les fonctions d’assistant d’éducation à mi-temps peuvent cumuler leur rémunération avec une bourse d’enseignement supérieur sur critères sociaux ou une allocation d’études.

Les emplois d’avenir “professeur” moins coûteux et plus ciblés seront donc privilégiés aux assistants d’éducation.

Il n'y a enfin pas suffisamment de garanties sur la création d'activités qui n'est pas toujours égale à la création d'emplois. C'est une des différences avec le SNEJ (emplois jeunes) : les emplois jeunes avaient pour objectif de créer de l'activité, répondant à des besoins émergent ou non détectés, présentant un caractère d'utilité sociale. C'était une mesure économique. Le risque est de voir déployer le dispositif emplois d'avenir sur des postes et activités déjà existants.

Bien évidemment, il nous faut apporter des réponses à l'urgence sociale mais elles sont perfectibles, incomplètes, bâclées et surtout, les mesures d'urgence ne doivent dispenser nos dirigeants d'anticiper suffisamment pour garantir un avenir meilleur.

Sur les emplois d’avenir, nous demandons des garanties sur le maintien des dispositifs existants, que les formations soient adaptés aux secteurs d’activité avec une réelle insertion par la formation et le développement et la structuration des secteurs créateurs d’emplois. Enfin, nous demandons à ce que tous les emplois d’avenir dans le secteur non marchand soient recrutés par le Pôle Emploi.

Nous prônons depuis des années maintenant, un changement via une politique de rupture avec ce qui se fait actuellement, qui prenne en compte l'évolution de nos sociétés, de nos besoins, de nos modes de fonctionnement.

En un peu plus de trente ans, plus de 80 mesures ont été prises en matière de politique pour l'emploi des jeunes, des dispositifs pas forcément évalués, une lisibilité très faible.

Force est de constater que les résultats n'ont pas été à la hauteur des enjeux, pour preuve la persistance d'un chômage structurel, un chômage de masse, aggravé par la dégradation de la situation économique.

30 ans où l'on essaie une multitude de mesures, reposant essentiellement sur la précarité. On voit bien que la succession d'emplois précaires n'est pas une solution pour une insertion professionnelle réussie, c'est à dire, permettant l'accès à un emploi décent et pérenne.

30 ans que les mêmes logiques sont appliquées, 30 ans qu'ils persistent et signent dans cette voie sans issue. Aujourd'hui encore. La précarité dans l'emploi autrefois atypique devient la norme. On applique des mesures qui ont un effet très bref sur les chiffres du chômage mais qui réellement tente de repousser un peu l'échéance d'un peuple privé d'emplois.

 Face au problème structurel du chômage de masse, nous défendons une vision globale, du projet de société, au marché du travail lui-même en passant par la formation et l'accompagnement.


Nos propositions :

Définir une stratégie économique qui s'inscrit dans l'évolution du monde et pourvoyeuse d'emplois est primordial. Au niveau mondial, nous assistons à l'accroissement des économies émergentes, l'Europe 2020 est axé sur la transition écologique, une économie verte, en France, le vieillissement démographique est à nos portes, avec ici, à La Réunion, des spécificités non négligeables, avec en parallèle de ce phénomène, une arrivée toujours aussi massive des jeunes sur le marché de l'emploi.
 
La formation, le diplôme même s'il ne permet pas toujours d'échapper au chômage, reste une arme conséquente. Adapter les formations en fonction de nos besoins, présents et futurs. Nous ne devons pas hésiter à investir dans les filières d'avenir, pourvoyeuse d'emplois, innovantes. Plus de liens avec les entreprises, à la fois pour une meilleure connaissance des métiers mais aussi pour une formation mieux adaptée à leurs besoins. Le droit à la formation tout au long de la vie, le maintien des jeunes en formation.  

L'accompagnement, le refus de l'exclusion doit être un maître-mot. Il n'est pas normal qu'un jeune qui quitte le système scolaire, avec ou sans diplôme, se retrouvent seul. Le problème de l'autonomie, des garanties financières, une bonne orientation. La levée des freins à l'emploi que sont les problèmes de logement et de transports. Le rôle de Pôle Emploi, pas un guichet mais un véritable interlocuteur pour les chômeurs et les employeurs.

La création d'activités, meilleures infos, simplifications des démarches autour de entrepreneuriat, la difficulté qui représente l'absence de sécurité matérielle et financière. La nécessite de proposer des activités innovantes.

Le marché du travail, ne pas avoir recours à un emploi précaire lorsqu'il est possible de proposer un emploi pérenne. Limiter la segmentation du marché avec la multitude de contrats, clairement défavorable aux jeunes.

Dans la guerre au chômage, l'AJFER – Nou Lé Kapab milite depuis plusieurs années maintenant pour l'embauche des Réunionnais. La pénurie d'emplois d'un côté, les investissements réalisés pour disposer d'une jeunesse formée de l'autre, les espoirs créés, ne peuvent pas se solder par une si grande frustration que représente chaque poste qui échappe à un Réunionnais pourtant disponible.
Nous poursuivons cette lutte que nous considérons légitime.

Le président de la république a récemment déclaré son souhait de voir « que les jeunes ultramarins puissent accéder aux emplois créés localement, dans le secteur privé, comme dans le secteur public ». Souhaiter autre chose serait  absurde, mais là aussi, il est plus que l'heure de parvenir à des actes. Nous avons là aussi des propositions.


 
Priorité à l’embauche des Réunionnais

Dans le secteur public :
- Adapter le nombre de postes ouverts aux concours en fonction des besoins réels de l’île dans tous les domaines.

Chaque année sur 1 000 embauches dans l’Education Nationale, seulement 100 réunionnais sont recrutés. Cette situation n’a que trop duré. Avec l’augmentation de la population d’ici à 2020, aucun poste dans la fonction publique ne doit être mis au mouvement national.
 
Dans le secteur privé :
- Obligation pour tous les employeurs de déposer leur offre d’emplois au Pôle Emploi.
Aujourd’hui, seulement 45% des offres d’emplois de La Réunion passent par le Pôle Emploi. Le reste des offres passent par les boîtes d’intérim ou le « bouche à oreille », alors que le Pôle Emploi n’a aucune difficulté à répondre au 45% des offres d’emploi qu’il reçoit.

- Faire délivrer par le pôle emploi une « attestation d’absence de compétence locale » avant d’embaucher à l’extérieur. A compétence égale, la priorité doit être donné aux réunionnais. L’employeur doit justifier de sa recherche localement avant de chercher à l’extérieure. Libre ensuite au demandeur d’emploi de refuser le poste.

- Recenser les réunionnais, partout dans le monde, susceptibles de vouloir rentrer travailler à La Réunion.
 
Prioriser les sociétés locales
- Faire délivrer par la chambre de commerce ou la chambre des métiers une « attestation d’absence de compétence locale » avant de solliciter une entreprise extérieure.
 
- Dresser le besoin prévisionnel en emplois qualifiants à La Réunion et dans la zone océan indien sur plusieurs années afin d’adapter les formations.
 

Conclusion :

Le chômage de masse est un fléau de longue date. Les territoires ultramarins sont plus touchés et les jeunes en paient le prix fort.

S'il y a bien des choses qui sont faites pour essayer d'enrayer le chômage de masse, le compte n'y est pas. Très perfectibles, les mesures d'urgence ne sont pas à la hauteur des enjeux. Le pire est que certains responsables politiques tentent de faire croire au peuple que ces plans d'urgence sur une durée déterminée résoudront le problème de fond. Les dispositifs sociaux sont nécessaires à toute société et encore plus en période de crise.

Mais on ne peut absolument pas faire l'économie d'amorcer un véritable changement, en apportant des propositions de fonds : revoir les logiques de formation, d'accompagnement, d'insertion professionnelle, de créations d'emplois, de développement, … Les réponses partielles sont irresponsables et nos élus ne peuvent démissionner des responsabilités pour lesquelles le peuple les a choisit.  


Ces changements nous le savons ne peuvent se faire en un jour mais ils doivent être amorcés, une direction doit être donnée. Dresser des perspectives c'est se projeter dans l'avenir c'est fédérer le peuple autour d'un objectif clair.

Gilles Leperlier



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Les commentaires

1.Posté par fes BOOK le 07/12/2012 04:53
nous pensons tous que le président françois Hollande devrait vous embaucher en tant que ministre de l'emploi
ce serait une bonne recrue pour résoudre la problématique de l'emploi
au fait combien vous êtes payé à la Cinor ?
CRITIQUER les collectivités et se faire embaucher par un élu qui a eu des problèmes avec la justice, bravo pour l'ilage que vous véhiculez en tant que grand défenseur de l'emploi local
et vous êtes encore étudiant???

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