Le monde est t-il devenu, vraiment, fou ?


Vendredi 10 Mai 2013

Manipuler l’opinion publique sur le bien fondé de l’accumulation sans limite de richesses n’a pas été trop difficile. A force de prêches, de rituels et de propagandes, les adeptes de cette doctrine l’ont érigé en religion mondiale.



En dévoyant la tradition judéo-chrétienne et son message, ces nouveaux ecclésiastes, ont même réussi à inventer, avec une certaine habileté intellectuelle, un credo construit sur le triptyque : Egalité, Liberté et Fraternité.


Le monde est t-il devenu, vraiment, fou ?

Manipuler l’opinion publique sur le bien fondé de l’accumulation sans limite de richesses n’a pas été trop difficile. A force de prêches, de rituels et de propagandes, les adeptes de cette doctrine l’ont érigé en religion mondiale.

 

En dévoyant la tradition judéo-chrétienne et son message, ces nouveaux ecclésiastes, ont même réussi à inventer,  avec une certaine habileté intellectuelle, un credo construit sur le triptyque : Egalité, Liberté et Fraternité.

 

C’est tout simplement génial! Rien de mieux pour faire passer la pilule de l’exploitation et de la concupiscence. Dans la réalité leurs adorateurs accomplissent avec une précision quasi chirurgicale tout le contraire de ce qu’il proclame à tue tête dans leur profession de foi.

 

Et, ici, je vois ressurgir avec une certaine résonance un conte pour enfant : « L’égalité, c’est pour mieux t’exploiter mon enfant. La Liberté, c’est pour mieux t’opprimer mon enfant. La Fraternité, c’est pour mieux vous mitrailler peuples « désobéissants ». Sur ce point l’essayiste P. Lafargue avait vu juste.

 

Le grand méchant loup du Petit chaperon rouge, est bel et bien vivant malgré quelques coups qui n’ont fait qu’égratigner sa cuirasse. Et tel le phoenix il renaît inlassablement de ces cendres encore toutes chaudes.

 

Six ans après la crise des subprimes de 2007, que reste t-il de ces grands élans de générosité dialectique relayées par des campagnes de communication, dont le but est, toujours et encore, d’intoxiquer les masses ?

 

Les inégalités continuent de se creuser, le chômage bat des records, la course folle aux sur - profits basés sur l’exploitation et le contrôle des richesses provoque des conflits intra et inter étatiques. Les citoyens sont forcés de payer aveuglément, la pauvreté et la grande pauvreté s’accroissent, la famine tue hommes, femmes, enfants et vieillards.

 

Clientélisme, extrémisme et tourisme sexuel explosent. Enfin, des milliers d’espèces de notre biodiversité marine, faunistique et floristique sont menacées de disparition pour satisfaire l’avidité de notre modèle de production.

 

Lénine réveille toi ! Ils sont devenus, vraiment, fous, a-t-on envie de dire, comme les étudiants tchèques matés par les tanks « fraternels » du voisin soviétique en 1968. N’y a-t-il donc aucun échappatoire ? Les peuples du monde entier sont – ils condamnés par un rouleau compresseur, d’autant plus efficace qu’il est aussi invisible que la « main » dont parlent les économistes libéraux ?

 

Bleue, comme une orange, écrivait Eluard de notre terre. Celle-ci compte 7 milliards d’humains, qui seront 9 milliards en 2050.

 

Et, sauf à vouloir se comparer à Nostradamus, il m’est d’avis que personne ne peut prédire, avec certitude, le scénario  dans lequel évoluera, dans un sens ou dans un autre, l’humanité sur la planète Terre.

 

Ce qui veut dire que rien n’est dores et déjà arrêté de manière définitive pour les femmes et les hommes qui peuplent nos continents. En revanche, de la chasse aux premières guerres jusqu’à à la découverte de l’arme nucléaire, des gaz et de la guerre bactériologique, l’espèce humaine s’est dotée, étape par étape, de moyens absolument fantastiques pour détruire et par voie de conséquence s’autodétruire.

 

Les avancées technologiques et scientifiques acquises au cours des siècles ont même été, pour l’essentiel, détourné de leur objectif premier qui étaient, selon leur illustre promoteur, de promouvoir le progrès au bénéfice de toutes et tous.

 

Le genre humain, pour  la minorité qui s’est arrogé tous les droits pour se développer doit alors faire face au monstre qu’il a lui-même créé. Telle la créature du docteur Victor Frankenstein que le maître, qui se prenait pour un dieu, n’arrive plus à contrôler.

 

Les menaces ne sont pas le résultat, d’une influence extérieure maléfique ou divine. C’est évident. Mais celles-ci sont la conséquence d’un appétit toujours plus croissant d’un ogre qui vise un seul et unique objectif : le profit maximum et à n’importe quel prix.

 

Ce logiciel de pensée peut ouvrir la boite de pandore : des recherches scientifiques louables entraîner des risques sanitaires d’une nature nouvelle. Le développement ultra rapide des technologies de l’information nous projette dans un monde ou ni les personnes, ni les biens, ni les Etats sont à l’abri. Il est à craindre également que l’augmentation mondiale de la population entraîne une pression sur les ressources naturelles. L’accès à l’eau potable sera-t-il un énième facteur de guerres ?

 

Le scénario du futur n’est pas écrit à l’avance. En revanche, celui dans lequel nous évoluons est loin d’être viable et durable.

 



Yvan Dejean