La Rivière, 25e commune, chronologie d’une possible naissance !


Vendredi 24 Mai 2013

Notre très courte histoire géographique et politique nous apprend qu’à l’origine Saint-Louis, créée en 1815, comptait : Saint-Louis-ville, La Rivière, Les Avirons et Cilaos. En 1894, les communes des Avirons et de l'Etang-Salé voient le jour. Par un décret du 4 février 1965 Cilaos devient à son tour une municipalité de plein exercice.


L’élection du premier conseil municipal a lieu le 15 mars 1965. Cilaos restera dans les mémoires comme la seule commune enfantée au 20e siècle. Ces données, sont bien évidemment accessibles et disponibles sur n’importe quel site d’information crédible.

En revanche, ce qu’aucun manuel ne dira, c’est que dès cette époque la population de La Rivière avait alors émis l’idée que ce qui était possible à Cilaos, l’était également pour leur localité riviéroise.

C'est-à-dire, d ‘ériger une véritable entité administrative avec des citoyens (nes) démocratiquement élus (es), et politiquement responsables devant la population.

Le débat sur cette question n’était pas vif et encore moins passionné. Cependant il existait un certain état d’esprit sur cette question qui, bon gré mal gré, faisait son petit bonhomme de chemin. Bon nombre de personnes âgées de La Rivière s’en souviennent comme si s’était hier.

 L’affaire aurait pu être réglée dès 1972. Mais, hélas, la politique politicienne a pris le dessus et la constitution de La Rivière en commune distincte n’a pu faire l’objet d’un consensus.

 Les communistes et les progressistes  de La Rivière, lors d’une consultation ont, avec regret mais détermination, été contraint de dire « non » à la 25 ème commune.

 Pourquoi ? Là encore, aucun livre contemporain ne vous racontera ce qui s’est passé il y a 42 ans de cela à La Rivière. Seule la mémoire collective en garde les souvenirs intactes ; et l’histoire mérite d’être racontée pour que la postérité de ce passé à la fois si lointain et si proche, connaisse  les péripéties de ce temps.

 En 1971, Saint-Louis, comme La Possession et Le Port, deviennent des conquêtes des forces de progrès. A Saint - Louis c’est la liste intitulée « Union démocratique » conduite par Christian Dambreville qui reporte le scrutin municipal.

 Battu, l’ancienne majorité  de tendance «  UDR », Union pour la Défense de la République refuse d’admettre sa défaite électorale et décide, avec la complicité du pouvoir central, de monter tout un stratagème pour reprendre coûte que coûte Saint-Louis aux mains des communistes.

 S’appuyant sur la volonté sous-jacente des Riviérois de se voir accorder le droit de diriger eux-mêmes leurs propres affaires, les élites décident de scinder Saint Louis en deux. D’un côté Saint-Louis ville, de l’autre La Rivière rurale.

 La manœuvre consistait à créer les conditions de deux nouveaux scrutins avec tout un dispositif à caractère frauduleux pour faire basculer Saint-Louis et si possible La Rivière. Mais personne n’était dupe.

 C’est dans ce contexte très particulier que les communistes, en réponse à cette grossière  manipulation, ont du dire « non » lors d’une enquête publique dont l’objet était formulé comme suit : « Enquête publique en vue de la modification des limites territoriales de la commune de Saint-Louis et de la création éventuelle de deux nouvelles communes ».Nous sommes ici en 1972.

 Pourtant il est un fait indéniable : les hommes et les femmes de progrès à  La Rivière aspiraient sincèrement à prendre en main leur destin. Mais ce choix Ils n’allaient tout de même pas prendre une épée des mains de leurs adversaires pour se faire hara-kiri.

 Ce n’est que 26 ans plus tard, en 1998, que le processus semble être relancé lorsque le maire PCR de Saint-Louis, sur demande de la direction du PCR, décide de lancer une étude de faisabilité technique, financière et organisationnelle afin de créer la commune de La Rivière.

 Initiative louable. Mais personne ne pouvait alors affirmer avec certitude si la population,  trente trois ans après la création de la commune de Cilaos, soutenait toujours l’idée de La Rivière : 25 ème commune.

 C’est pourquoi, à la suite d’une réunion de travail qui s’est tenue aux Makes en 2002, la section de La Rivière a,  avec l’appui entier du PCR, pris ce dossier à-bras-le -corps. Début 2003 une pétition a circulé, pour recueillir l’avis de la population de La Rivière. En l’espace de quelques mois plus, de 4.000 signatures ont été apposés.

 Consciente de l’enjeu, la direction de la section communiste de La Rivière a mis sur pied une association composée d’élus de toutes tendances politiques, de jeunes et de personnalités de la société civile. Sur ce plan, ce fût un succès et l’idée même de la création de la 25e commune est devenue une force matérielle qui faisait cette fois l’objet d’un réel et large consensus.

 A l’approche des échéances électorales de mars 2008, les initiatives ont été suspendues pour ne pas brouiller ce projet avec, de nouveaux, des considérations politiciennes.

 Dès l’élection de Claude Hoarau à la tête de la municipalité, le dossier a pris un nouvel élan. Consultation populaire, étude de faisabilité, créations de commissions, délibérations en conseil municipal. Avec sagesse, l’opposition municipale s’est prononcée favorablement.

 Le 1er avril 2012, alors candidat aux élections législatives dans la 3e circonscription, accompagné de centaines de militants, d’Elie Hoarau, de Fabrice et de Claude Hoarau, j’ai, pour ma part, profité de la visite du candidat François Hollande à Saint-Louis, pour l’interpeller sur la création de la commune de La Rivière.

 Le dossier suit aujourd’hui son cours. L’actuel maire de Saint-Louis, qui est un des principaux artisans de ce projet, y accorde toute son attention. Poursuivons sereinement la mobilisation pour que La Rivière devienne, à terme, la première commune réunionnaise du 21e siècle.

 Quand les Riviérois fêteront, un jour, les 10 ans, les 20 ans ou les 50 ans de la création de leur commune, beaucoup se diront alors qu’ils y ont participé.

Bravo à toutes et tous !

 


Yvan Dejean