SAUVONS LE SOLDAT CADJEE !
28/03/2015
Monsieur Abdul CADJEE,
Je suis triste de voir un journal, comme le journal de l’ile, « maigrir » « fondre » aussi rapidement. Presque dans l’indifférence générale. Les raisons, systématiquement évoquées, sont la crise, internet, les chaînes TV d’infos, le désintérêt des jeunes et des moins jeunes actifs pour la presse et cette fatalité « Pour les autres journaux c’est pareil !». Cinq points qu’il me semble intéressant d’analyser :
A/ La crise. Pour une petite part seulement. Ce n’est pas le cas pour beaucoup de magazines professionnels, de luxe ou institutionnels avec du contenu.
B/ Internet. Pour une part plus importante, si bien que nombre de journaux, comme le JIR d’ailleurs à mauvais escient, trop tôt, ont été trop généreux, trop d’infos gratuites. Et il est impossible de faire machine arrière quand les internautes ont eu l’habitude d’avoir les infos gratuites. Seuls les nouveaux journaux sur le net (qui n’ont jamais existé en papier, rue 89, Médiapart, pacifico…) peuvent et font payer les abonnements.
C/ Les chaînes d’infos et plus généralement l’arrivée de la TNT à la Réunion. Avec l’arrivée de la TNT à la Réunion, + de 50 % de la population ( qui n’avait pas de bouquet satellite) se sont retrouvés avec France 2, 3 et 5 qui diffusent bcp d’infos et de France 24 avec des news toute la journée.
D/ Le désintérêt des jeunes et des moins jeunes pour les journaux papier. Cette affirmation est fausse. Ce n’est pas du désintérêt pour le « papier ». Mais pour son contenu. Internet et les autres médias ont rendu les lecteurs bcp plus exigeants. Ils veulent de l’info travaillée, recherchée, d’investigation, de recherche de vérité, impertinente s’il le faut et pertinente dans les analyses. Ce qui n’est pas le cas des « vieux » médias papier qui ne veulent pas perdent leurs clientèles.
E/ La fatalité « Pour les autres journaux c’est pareil ». Je me suis toujours méfié des voyantes du lendemain : « Je l’avais prévu ». Alors, pourquoi ne l’ont ils pas dit avant ? Vous êtes la preuve que ce qui se passait ailleurs, dans des sociétés similaires ne se reproduisait pas chez vous, dans l’automobile ou dans d’autres domaines. S’agirait-il d’un suicide collectif ? Ridicule et aussi ridicule que ceux qui font semblant d’être d’un optimisme sans raison , dans le simple but de ne pas vous contrarier et de garder leur emploi.
Tout ceci exposé, je pense que vous êtes à un tournant et qu’il vous faut prendre des décisions urgentes et importantes.
1ère possibilité / Les ventes baissent et les annonceurs n’ont plus suffisamment de retombées ? . Faites le JOURNAL GRATUIT à 40.000 exemplaires tous les jours. Vous en tirerez deux avantages immédiats. a / Votre concurrent ne pourra pas suivre et b/ Les annonceurs seront satisfaits.
2ème possibilité / Vous décidez de faire du JIR un « journal de journalistes » , de vrais . Avec des opinions, des débats, des prises de position courageuses, des investigations sans concession. Cela risque d’être long pour gagner ou regagner du lectorat, mais c’est une vraie solution.
3ème possibilité/ Vous faites un rapprochement avec le Quotidien pour ne plus faire qu’un seul journal. Mais je crains que l’état d’esprit qui règne dans ce journal rende difficile ce genre de mariage. Ou si cela se fait, il sera trop tard pour les deux. C’est une solution de sauvegarde, mais pas d’avenir. L’un attendant la mort de l’autre.
4ème possibilité / L’entrée dans le capital d’investisseurs nouveaux. Aucun ne viendra si vous ne prenez pas une décision novatrice. Si cela ne consiste qu’à licencier et à réduire la masse salariale, le produit va perdre de son intérêt pour finir par disparaître. Bien qu’un amaigrissement est nécessaire.
Vous avez , sans doute, pensé à toutes ces solutions mais aucune n’a été décidée. Et vous savez que le temps est précieux dans le commerce. Les radios " libres" sont déjà mortes, les journaux satiriques sont menacés, les humoristes couillus sont condamnés, certains journalistes se font piquer leur carte, les annonceurs et les publicitaires sont rois et imposent leurs besoins aux médias, ( Clicanoo Hebdo en est l'exemple même.) Alors merde , il est temps de s'en acheter une belle paire au marché .