sak ifé nout jordu ék nout demin

Tantely Rakotoarivelo : # En mode haut perchée


Culture - Kiltir
Samedi 19 Septembre 2015

Malgré des conditions de vie qui flirtent avec la survie, les Malgaches s'accrochent à la vie ! L'art et la création ne sont pas liés à des lignes budgétaires. Ils créent et c'est plein de vie…


Tantely, l'artiste qui conjugue la réussite aux temps de l'Océan Indien.
 

"Qui a dit que les hommes ne pouvaient pas porter de talons ? Oublier les préjugés, dans la mode, c’est possible ! Le styliste Tantely Rakotoarivelo l’a compris en lançant la mode androgyne. Pour être en phase avec les débats sociaux actuels mais surtout pour changer les mentalités. 

Bousculer les codes masculins, c’est le défi de ce styliste, Tantely Rakotoarivelo, qui compte bien se faire un nom dans le milieu. Faire porter des talons aux hommes, c’est chose faite depuis son troisième défilé au Mystic à Ampasamadinika au mois d’août dernier, même si les avis du public étaient partagés. « La mode, c’est la liberté d’expression et de créativité. Mon but est de faire ressortir la féminité des hommes. En talons, ils sont aussi élégants et classes que les femmes ! »

Un parti pris assumé pour ce jeune homme de 22 ans, qui a eu le déclic en regardant Kazaky (The Boys In Heels) des danseurs ukrainiens perchés sur 12 cm. « Je me suis dit, ça va vraiment le faire pour un défilé et désormais c’est ma marque de fabrique ! Je m’inspire également de Jean- Paul Gaultier, sa façon de détourner la mode me fascine. » Même si c’est un nouveau venu dans le milieu, Tantely a une idée précise du rôle de la mode et des vêtements qu’il crée. « Une mode androgyne. Une mode pour tous. Les hommes sont autorisés à porter certaines pièces féminines comme les chaussures et inversement. »

Amoureux des tissus et du corps, il a su ce qu’il voulait faire et devenir depuis qu’il est capable de s’habiller tout seul. Après des études en architecture, le jeune homme prend conscience qu’il préfère créer des vêtements que des maisons. Mais au final, il n’y a pas de grande différence. « C’est un de mes profs qui m’a dit que ce ne sont pas deux mondes totalement opposés. J’ai déjà des bases techniques, les perspectives, les dessins. Il me fallait juste prendre des cours de couture et de coupe, ce que j’ai fait via Internet, puis je me suis lancé. »

Cette mode pour tous, c’est aussi accepter son corps. « J’en ai marre de ne travailler qu’avec des filles anorexiques. Je voudrais que les femmes revendiquent leurs rondeurs. C’est peut-être pour cela que j’aime coudre directement sur mes modèles. » Ce n’est donc pas un hasard, s’il a été élu troisième meilleur styliste lors de l’élection Miss Ronde en 2014. Cette singularité, il la transcrit également dans le choix des tissus comme la soie, les imprimés, le raphia, des matières qui vivent et qui donnent vie. Le bleu, dans l’éternel quête de tendresse et de douceur, et les découpes façon patchwork, pour apporter de la structure aux vêtements. « Je m’inspire beaucoup de la nature et des modèles classiques. À vouloir trop suivre les tendances, on ne sait plus ce qui nous met en valeur. » Voulant exporter la mode malgache, Tantely compte participer à l’Africa Fashion Week mais prépare également des collections pour La Réunion. À suivre comme on dit.


article original ici


#AinaZoRaberanto


Dans la même rubrique :