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Michel Séraphine écrit à ses "camarades du PCR aux électeurs de la 2e circonscription, et à toi, Huguette Bello"


Politique
Lundi 19 Mars 2012

"Je m’adresse à vous, à cœur ouvert, parce qu’à la veille du rendez-vous électoral des Législatives, beaucoup de nos amis politiques semblent désemparés et meurtris de devoir choisir entre deux personnalités qu’ils ont toujours connues partageant un même idéal pour le développement de notre île. Nombreux sont ces amis, à un moment ou à un autre de leurs parcours à nos côtés, qui ont mesuré la portée des difficiles combats menés et gagnés grâce à un engagement solidaire forçant l’estime".


"C’est pourquoi il me paraît nécessaire de rappeler certains faits objectifs, au-delà des querelles stériles de personnes.

La seconde et la septième circonscriptions sont, pour partie, la résultante du nouveau découpage de l’ancienne deuxième circonscription. Huguette, tu sais que chaque fois que tu t’es présentée dans cette ancienne deuxième circonscription, nous nous sommes toujours mobilisés massivement et sans réserve pour assurer ton élection. J’ai pour ma part largement contribué à tes côtés, notamment avec mes camarades dockers, à ces campagnes successives menées sur le terrain, et plus particulièrement lors des dernières Législatives où j’étais ton suppléant.

La création de la septième circonscription constitue un nouveau défi pour notre organisation politique. Qui mieux que toi, Huguette, sortante des deux côtés, pouvait incarner la candidature naturelle, idéale et capable de rassembler au-delà de nos rangs dans cette nouvelle circonscription ?

Effectivement, la septième circonscription comprenant notamment une partie de Saint-Paul et de Saint-Louis, il est pertinent pour notre parti de tout mettre en œuvre afin d’assurer la victoire d’un élu communiste dans la septième. C’est donc en toute légitimité que le parti t’a sollicitée en premier lieu pour mener ce noble combat dans la septième afin de garantir, avec la deuxième, cette double victoire si attendue. Loin de constituer un affront, il ne fait aucun doute que la démarche du parti était au contraire l’expression de la confiance et de l’espérance.

En guise de réponse, tu as choisi d’entrer en rébellion contre ton propre parti plutôt que d’ouvrir en son sein le débat politique qui n’aurait pu que conforter les valeurs que nous étions jusque-là sensés partager.

Huguette, est-il encore nécessaire de rappeler que dans le sillage d’Isnelle Amelin, portée dès tes débuts en politique par notre parti, tu as incarné notre combat partagé pour la juste lutte des femmes ? Penses-tu raisonnable que l’on puisse aujourd’hui laisser fouler aux pieds nos idéaux dans le seul but de gagner un combat personnel à l’encontre du parti ?

Ensemble, nous avons à maintes reprises livré de difficiles batailles. Combien de fois nous sommes-nous retrouvés quand il s’agissait de défendre les valeurs de liberté et d’égalité malheureusement encore à conquérir alors que, héritées de la Révolution française, elles devraient être le ciment inébranlable de la République ? Toi qui sais combien il est toujours difficile de défendre les libertés et l’égalité des hommes et des peuples, qu’as-tu fait du troisième pilier de notre héritage révolutionnaire : la « fraternité » ?

La fraternité, ce mot qui évoque le souffle de l’espérance, de la lutte collective, cette pensée qui fait sens en rassemblant et en permettant à tout un peuple de croire et de partager l’espérance de lendemains meilleurs. Comment mener et gagner nos combats pour la liberté et l’égalité, pour le progrès social, si la fraternité n’y est plus ? Qui mieux que nous, communistes, qui mieux que toi, Huguette, sait ce qu’exige de chacun de nous cette valeur morale emblématique, aujourd’hui négligée, qu’est la fraternité ? La fraternité ne pactise pas avec l’individualisme ; elle se nourrit de solidarité et d’humilité, d’altruisme. Elle est seule capable de cultiver encore les plus beaux rêves pour notre humanité.

Comme vous tous, je me pose la question du sens que prend cette élection dans la 2ème circonscription. Vous n’imaginez pas à quel point j’espérais que la raison prenne le dessus. J’espérais, Huguette, que tu reviennes sur ta position et privilégies le débat que tu avais évité ces derniers temps, entretenant ainsi un malaise au détriment de notre capacité de mobilisation fraternelle et par conséquent au détriment de nos idéaux. J’espérais, Huguette, que les tentatives de médiation qui ont été organisées permettraient de nous épargner cette situation. Mais les mains tendues sont restées dans le vide.

Militant, motivé depuis toujours par l’intérêt général et par nos valeurs révolutionnaires, malgré la peine qui m’étreint face à cette situation, c’est avec conviction, force et détermination que j’apporterai ma contribution, comme toujours, à ce combat désormais inéluctable mais nécessaire pour demeurer fidèle à nos valeurs essentielles, fidèle à ce parti qui, depuis tant d’années, se bat pour les Réunionnaises et les Réunionnais".

Michel Séraphine


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