sak ifé nout jordu ék nout demin

MALOYA, d'Anielle HOARAU


Culture - Kiltir
Mercredi 7 Décembre 2016

Bonjour à tous et à toutes et à Jean-Paul Ciret
Mon roman Maloya est à la vente. Pour se le procurer les références :
Anielle Hoarau MALOYA édition Les Lettres Mouchetées.


Ou lé fol tifiy ! Le dyab gat-lo-kor, ou koné y fo pa dansé sa ! (Tu es folle ma fille ! Ou c'est le diable qui est en toi ! Tu sais bien qu'il est interdit de danser ça !)

Mimose, le visage durci ignorait Gemme en fixant la radio. Elle s’adressa énervée et indignée à l’appareil.
Sa mim ! Sa mim ! Fé tak a lu !  Fé  tak  a  lu ! (C'est ça ! C'est ça ! Fais-le taire ! Fais-le taire !)

Puis se retournant enfin vers Gemme, elle explosa avec la même force que l’orage qui venait de gronder.
Oh fo ! Ma la pa fé in krime non ! Not zansèt y falé lu kasièt a lu pou dansé, é y fo nou kasièt ankor ? (Au fait ! Je n'ai pas commis de crime ! Nos ancêtres se cachaient pour danser et il faut qu'on se cache encore ?)

Gemme levant les yeux au ciel comprit qu’elle allait subir une fois de plus les idées revendicatrices de Mimose.        

La hache de guerre était déterrée.
Ou mèt a nou a bout ! Sé dans le dyab sa ! Ou ramas-la ont, danse sa ! (Tu nous pousses à bout ! C'est la danse du diable ! C'est une honte de danser ainsi !)

Mimose sortit de ses gonds, prête à attaquer : 
Ben kwe ! Sé danse, zésklav, ou koné byin ! Pou kosa y fo étouf zafer kom bann bougs politik y fé ! Olèrk war sak zot la fé lété pa byin… zot y préfèr obliyé ! (C’est la danse des esclaves, tu le sais bien ! Pourquoi faut-il étouffer l’affaire comme le font les hommes politiques ! Plutôt que de reconnaître que ce qu'ils ont fait n'était pas bien !... Ils préfèrent l’oublier !)

Gemme était perplexe.
Ou lété pa né ! Kosa y pran a ou ? (Mais tu n'étais pas née ! Qu'est-ce qui te prend ?) 

Mimose se montra plus incisive encore…

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Je fais partie de cette nouvelle génération de jeunes qui cherche à transformer le monde au cœur d’une guerre froide réduite à la dimension d’une île où règne la même atmosphère étrange d’appréhension et de peur qu’entre les deux grandes puissances du monde. J’ai choisi mon camp, celui de Paul Vergès, Chef du PCR, notre Parti Communiste Réunionnais, pour un monde plus juste…..

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Son député « Papa Debré » ne pouvait être à ses yeux qu’un homme bienveillant pour la Réunion ; il l’avait avoué lui-même, dans un discours, combien il était attaché au peuple réunionnais. ‘’Créole un jour, créole toujours !’’ disait-il. Maintenant qu’elle savait que Coralie militait, elle tremblait.

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L’orchestre jouait. Déchirant la nuit, le son du roulèr angoissant, au rythme lent, révélateur d’émotions ranimait l’histoire. Perrine et Delcy recréaient autour du feu, avec les garçons de Saint-Gilles, le maloya tel que les esclaves d’antan l’exprimaient. « Rentrer dans le rond », c’était plonger dans l’état de transe et revivre la souffrance de tous ceux qui s’étaient courbés sous le joug. 

J’étais fascinée par cette chorégraphie léguée depuis la nuit des temps. J’observais les mains en offrande. Je m’extasiais de ces corps ondulants, se cherchant, se frôlant, s’invitant, et entraînant le mien instinctivement à se mouvoir dans le tempo….

Il prit ma main pour m’attirer vers lui et m’entraîna dans « le rond ».
Le pied en arrière, ne bouge pas… Les esclaves avaient un boulet attaché à ce pied…

Il n’eut pas à insister. Je révélai ce qui était inné. Le maloya était mon essence même…En quel temps, en quel lieu, je l’avais déjà dansé. Mon corps savait, il suivait la cadence harmonieuse, il pénétrait l’état de transe, entraînant l’âme hors de soi, hors du temps.

Je dansais avec Alban, nos mains s’offraient, nos corps s’invitaient voluptueux et lascifs… Un sentiment d’amour planait sur nous, nous étions seuls au monde et nous pouvions lire dans nos regards la joie de partager cet héritage culturel….

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Anielle HOARAU


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