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Le projet réunionnais de Paul Vergès pour les Présidentielles


Politique
Jeudi 2 Juin 2011

Au fil des conférences de presse, l'ancien président de la Région Réunion dévoile les contours de son projet pour La Réunion de demain. Premier constat : c'est un projet cohérent tant sur le plan politique qu'économique. Mais, il faudra un sacré dose de toupet à la majorité gouvernementale qui voudra le mettre en place.


"Nous avons des solutions à la crise structurelle". Cette affirmation à l'article qui a suivi la conférence de presse de Paul Vergès, de retour du Forum des idées du Parti socialiste. L'événement qui a eu lieu à Paris, s'est déroulé fin avril. Lors de son séjour à La Réunion, les 20 et 21 mai, Marie-Luce Penchard a apporté sur un plateau, un élément essentiel : l'évolution de la surrémunération.

Volontaire ou pas la maladresse du ministre de l'Outre-mer qui a dit en "of" : "la suppression de la surrémunération sera évoquée après 2012", c'est-à-dire dans l'hypothèse de la réélection de Nicolas Sarkozy. Mercredi en conférence de presse, Paul Vergès s'est gentiment moqué de la bévue opportune de Marie-Luce Penchard. Il s'est moqué. Mais, gentiment.

Et pour cause. A terme, la suppression de la surrémunération est un levier indispensable pour une remise à plat du socle économique. Cet argent pourrait servir à soutenir l'artisanat, le BTP, le logement social, les TPE et PME, l'agriculture et la production locale. Et aussi à la continuité territoriale, surtout en ce qui concerne le fret.

"Comment voulez-vous que les entreprises investissent dans un contexte économique inégalitaire en matière de salaire. Il y a une telle différence entre le Smic et le salaire de certaines catégories de fonctionnaires", explique Paul Vergès. Le secteur compenserait alors par une plus grande productivité les rentrées fiscales, et ce à différents niveaux.   

Il s'agit ici de protéger et d'augmenter les recettes des collectivités locales, à travers une meilleure création et répartition des mêmes  richesses (plus d'emplois). L'Etat est donc moins sollicité, et à terme, il peut percevoir plus de taxes directes et indirectes. Toutefois, cette vision se heurte à la problématique de la baisse de la consommation, qui surviendra sans doute à l'annonce de la suppression de la surrémunération.

En fait, Paul Vergès espère que le lancement de grands travaux (comme le projet tram-train et nouvelle route du Littoral) suffira à compenser cette période de transition, et cela à travers des emplois directs et indirects. Il y a une condition sine qua non à ce développement économique.

Paul Vergès l'explique sur son blog (http://blog.paulverges.fr/developpement-durable/developper-nos-richesses-insulaires) : "l'évolution des environnements politiques et économiques, nécessite une évolution institutionnelle".

"Le Réunionnais ne peut pas continuer à être un assisté politique déléguant son pouvoir de décision à 10 000 kilomètres. Les dégâts produits par le passé sont bien trop nombreux pour continuer ainsi aujourd’hui. Qui plus est, nous avons des compétences et des domaines d’activités à valoriser. Les lois spéciales d’intégration ont généré un degré de développement, notamment dans le domaine de l’enseignement et de la connaissance, qui devrait continuer à s’amplifier et qui reste sans comparaison dans un rayon de 5.000 kilomètres".

Paul Vergès a désormais les contours de son projet réunionnais pour les Présidentielles 2012. Pour le faire accepter, il doit franchir deux obstacles : la suppression de la surrémunération et la mise en place d'une Assemblée unique...

Jismy Ramoudou


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