sak ifé nout jordu ék nout demin

Le Monseigneur et les jeux


Politique
Samedi 1 Aout 2015

Une dénomination pareille « Jeux des Iles » peut faire « exotique » vue de Paris ou des instances s’inscrivant dans le cadre de la République Française.



Souvenirs... souvenirs....

Laissons la question du drapeau réunionnais de côté pour l’instant. Et pourtant, ici, nous ne pouvons pas être Français si nous n’existons pas en Réunionnais. Ce serait un non-sens culturel. Aurions-nous honte d’être réunionnais en étant français à notre manière ? L’être humain a toujours un enracinement dans un pays concret tout en étant ouvert à l’universel. L’universel commence en chacun de nous dans notre environnement local puis international régional, ici, en Indianocéanie. Nos relations entre nos îles sont, certes, régies par la politique propre à chacun de nos pays et par les accords ou les partenariats déterminés en commun. Mais là n’est pas l’essentiel qui franchit les frontières et rapproche les humains que nous sommes, des familles, des hommes d’affaires, des sportifs.
 
Sportif, chacun de nous l’est à sa manière. Respirer, marcher, courir, faire équipe, se dépasser, repousser les limites et gagner avec les autres. Même si nous perdons. Il nous faut gagner. Quoi ? Cette fierté collective d’avoir vécu ensemble un moment unique qui symbolise l’effort quotidien pour nous rapprocher les uns des autres, pour rapprocher nos peuples, nos îles, en un seul ensemble respectueux de nos diversités existentielles. Je me souviens de l’ouverture des premiers Jeux des Iles, dans la tribune officielle du stade olympique Paul Julius Bénard de l’Etang Saint-Paul.
 
Le comité organisateur des Jeux m’avait demandé de composer un texte pour accompagner le défilé des différentes délégations. Je l’avais écrit sous la forme d’un poème pour lequel Jacqueline Farreyrol avait réalisé une illustration musicale avec la complicité de François Rauber, lui-même orchestrateur des chansons de Jacques Brel. Tout était enregistré et mixé sur une bande magnétique. Cela avait de l’allure et avait bien commencé, la composition poético-musicale et le défilé. Patatras ! Une avarie de magnétophone de la régie son déchire la bande. Plus rien ! Brouhaha !
 
Le Préfet Landouzy qui était à deux rangées devant moi se retourne et me dit « Vous avez votre texte ? - Oui – Venez au micro et donnez-le tel quel ! » Croyez-moi, cela n’a pas été facile de reprendre le texte pour recréer l’ambiance. Mais au bout de quelques secondes, le public était attentif. « Au printemps de nos îles ». Printemps qui n’a pas fini de venir, de fleurir pour porter du fruit, de génération en génération. Après la célébration, le Préfet me confie « Ce n’est pas plus mauvais comme ça. Cela montre que dans nos îles, nous sommes tous égaux. Il peut y avoir des accidents, des faiblesses chez les uns et chez les autres. On organise les Jeux mais il ne faut pas qu’on se prenne pour les meilleurs ! » Le baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes nous imprégnait de son souffle.


Le Centre diocésain d'information
 
 



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