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La probable victoire de François Hollande sème un peu plus la zizanie entre le PCR et le PS


Édito
Jeudi 19 Avril 2012

L'autre nom du PS, depuis hier, c'est "les partis d'en face". C'est en ce terme que Pierre Vergès a désigné à plusieurs reprises le parti socialiste. Un peu comme un conjoint qui ne veut pas citer le nom de celui qui vient de le faire cocu. Le PS et le PCR ne se parlent plus si l'on se réfère aux éléments donnés hier par les communistes. Pour quelles raisons ?


Le PCR a des certitudes. Le PS aussi. La première, les socialistes ne veulent plus "se faire avoir". Aussi, le contenu de la conférence de presse organisée hier par le parti communiste ne va pas plaire. C'est sûr. Des socialistes accusent déjà les communistes de vouloir s'octroyer les mérites de la probable victoire de François Hollande à l'élection présidentielle. C'est une réalité. C'est aussi ça la politique.

Il est évident que Paul Vergès a senti le vent tourné et en bon opportuniste qu'il est, il mise sur le vainqueur, François Hollande, qui a dit lors de sa visite à La Réunion, qu'il est d'accord pour le tram-train. Ce jour-là, cétait aussi pour calmer le patron du PCR qui ne décolère pas de la présence d'Huguette Bello au meeting du candidat socialiste. "Les socialistes ne sont pas loyaux", avait dit le président de l'Alliance en conférence de presse.

La forte probabilité du succès de la Gauche à l'élection présidentielle, a déjà perturbé la stratégie du PCR. Car en appelant à voter François Hollande, et aussi Jean-Luc Mélenchon au premier tour, le parti communiste, grâce au positionnement de ses satellites (CGTR, ARCP et AJFER) en faveur du candidat du Front de Gauche, voulaient donner une leçon au PS : mettre Mélenchon le plus haut possible.

Le contexte n'est plus favorable à cette stratégie. C'est ce qui explique que le PCR est à fond derrière François Hollande, à qui les sondages donnent une large victoire. Les communistes adaptent leur tactique. Se mettre le plus tôt possible dans le camp du vainqueur. Paul Vergès et le PCR sont coutumiers du fait. C'était le cas en 1988 avec François Mitterrand (PS), en 1995 avec Jacques Chirac (UMP), et en 2002 avec Lionel Jospin (PS).

Ce repositionnement a un autre objectif : imposer au PS le partage des circonscriptions "pour donner une forte majorité parlementaire à François Hollande". Si le PCR est d'accord de laisser la cinquième à leur "nouveau copain Jean-Claude (Fruteau)", la deuxième doit revenir à Jean-Yves Langenier. Sur ce point précis, le PCR veut mettre le PS, plus proche d'Huguette Bello que du maire du Port, dans l'embarras.

Les discussions seront également animées pour les autres circonscriptions, car elles engagent aussi les positions des deux partis (et des différentes parties) pour les Municipales de 2014. A croire que le PCR veut imposer la partition qui a fait le succès de la Gauche en 1983, deux ans après l'élection de François Mitterrand à l'élection présidentielle, c'est-à-dire une vraie union de la Gauche pour prendre le plus grand nombre de mairies. Mais que pèse vraiment le parti communiste aujourd'hui ?

Autre élément de discorde entre les partis frères et parfois faux frères, c'est la situation politique au Conseil général. Le PCR se prépare à quitter l'actuelle majorité départementale. Pierre Vergès a déjà libéré le quatrième étage. Là-aussi, la communication est rompue. Le camp Dindar et le PCR communiquent uniquement par courriers des lecteurs. Des lettres de rupture déchirantes : "Où est passé Ibrahim Dindar ?" Et "Ibrahim répond à Catherine…" Comme dans les feux de l'amour. C'est beau !

Au delà de la déchirure, il y a la recomposition de la majorité du Conseil général. "A chaque jour suffit sa peine", dit Pierre Vergès…

Jismy Ramoudou


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