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La Réunion face à deux grands évènements mondiaux : les Objectifs Millénaires du Développement et la conférence de Paris sur le climat


Citoyen
Samedi 29 Aout 2015

Nous sommes à quatre mois des prochaines élections régionales et à la veille d’échéances électorales nationales importantes pour le pays. Si les sondages en parlent, jamais ne sont abordés les enjeux futurs liés à ces échéances.


Sommes – nous tout aussi soucieux du projet à définir pour l’avenir de notre île ? Or resituer l’avenir de notre île et son développement harmonieux, au regard des transformations futures au niveau mondial me semble tout aussi important. Sans cette considération et cette dimension dans l’espace et le temps nous prenons le risque de ne pas voir venir un bouleversement qui touchera notre environnement immédiat.

Lorsque nous disons qu’un nouveau projet de développement adapté est nécessaire pour renforcer la notion même d’égalité réelle proposée par le gouvernement, cela n’est pas dit au hasard. C’est parce que nous pensons que des décisions sérieuses pourraient être prises lors des deux grands rendez-vous que sont les « Objectifs Millénaires du Développement » et le sommet environnemental de décembre prochain. Nos dirigeants politiques doivent impérativement s’en saisir faute de passer à côté d’opportunités de développement. Ces rencontres internationales ne peuvent-elles pas être servir de base pour une déclinaison locale de décisions favorables au développement durable et à la lutte contre les inégalités sociales et la pauvreté ?

1)    Les Objectifs Millénaires du Développement : des problématiques similaires et la nécessité d’un développement associé.
Les objectifs sont clairement affichés : éliminer la pauvreté au niveau mondial. Tel est le visage donné par l’ONU à cette rencontre qui aura lieu en Septembre.

Seront ainsi déclinés et passés en revu les 8 objectifs du Millénaire pour le Développement à travers un plan approuvé par tous les pays du monde et par toutes les grandes institutions mondiales de développement. Comment galvaniser les efforts pour répondre aux besoins des plus pauvres dans le monde ? L’ONU, en collaboration avec les gouvernements, la société civile et les différents partenaires, est susceptible de proposer un programme ambitieux pour l’après 2015. Nous y sommes presque…

Comment La Réunion, via l’état français, via l’Union Européenne, via la COI, peut-elle s’inscrire dans cette logique de développement et de lutte contre les inégalités et la pauvreté grandissante ? Comment s’associer à ces objectifs en faisant valoir notre exemplarité et notre vivre ensemble réunionnais tout en s’inscrivant dans une lutte locale contre les inégalités sociales ?

Comment à travers cette ambition répondre aux questions non résolues et pour lesquelles nous devons apporter des solutions durables ? Se pose donc pour nous réunionnais la question des perspectives de développement associé. Non pas un développement isolé, mais un développement cohérent et partenarial. Cette dimension nous parait primordiale quand on sait que les évolutions démographiques redéfiniront dans les décennies à venir, la carte mondiale des puissances et des centres décisionnels. Et les prévisions précisent :
Dans les années prochaines l’Afrique et l’Inde verront leur population augmenter. A l’horizon 2050, ces 2 espaces géographiques auront les populations les plus importantes sur une prévision de population mondiale de 9,7 Milliards d’habitants. Alors que l’Europe ne sera plus parmi les continents à forte population mondiale. Ainsi ces pays situés à nos portes vont devenir des puissances géopolitiques, économiques et commerciales au regard de leurs poids démographiques respectifs. Ils pèseront donc plus dans les décisions internationales touchant à l’environnement, au commerce, aux Accords de Partenariat Economiques,….  Or La Réunion vit, comme beaucoup de ces pays et au même rythme, sa transition démographique. Et comme eux nous devons faire face à des problématiques similaires (tout proportion gardée) d’adaptation voire d’anticipation. Nous disons donc qu’il est primordial de resituer nos projets, nos programmes, nos ambitions par rapport à ces évolutions futures. 

Telles sont les questions que nous posons à la veille d’échéances électorales importantes comme les régionales, les législatives et les présidentielles. Aborder ces échéances en ignorant ces aspects serait une erreur fondamentale.

2)    La conférence de Paris sur le climat : de la nécessité de préserver l’espace et l’humain en luttant contre les inégalités sociales
Le rapport 2015 sur les OMD rendu public par le Secrétaire Général des Nations Unies précise : « Nous sommes à une étape cruciale sur la voie d’une action climatique audacieuse ». Ainsi le développement ne peut pas être durable s’il ne s’attaque pas au défi du changement climatique.

Nous voulons rappeler nos propositions récentes au sujet des énergies renouvelables. Nous disions que notre île ne pouvait pas subir et payer « cash » les retards pris par la France à ce sujet et que nous devions immédiatement redéfinir un plan pour l’autonomie énergétique. Ceci n’était qu’un aspect des suggestions.

Ainsi pour La Réunion, outre la problématique de l’autonomie énergétique, nous pensons qu’il est nécessaire de poser le problème du développement au regard des changements climatiques futurs en même temps que celui de la lutte locale contre les inégalités sociales. Le sommet de décembre, nous l’espérons, doit aboutir à un encouragement à une autre culture, un autre modèle, qui tout en préservant notre environnement naturel et urbain, nos écosystèmes, notre biodiversité, préserve aussi les plus faibles, les femmes, les enfants, les hommes les plus vulnérables de la société. Nous devons avoir le souci d’intégrer les plus fragiles, ceux qui restent en arrière, les moins pourvus. Nous attendons de ce sommet, un encouragement à une culture de protection également. Protection associée de l’Homme et de l’espace dans lequel il vit. L’objectif est bien de construire un monde meilleur et il conviendrait dans cette logique d’anticipation des risques liés au changement climatique de concevoir ce nouveau modèle réunionnais de développement basé sur un autre style de vie, moins consumériste, moins dans une spirale d’incitation à la surconsommation alors que des problèmes d’inégalités et de pauvreté ne sont toujours pas résolus.

Face à ces inquiétudes, La Réunion gagnerait à proposer un schéma, une contribution commune. Celle-ci viendrait alors enrichir les propositions de la France lors de ce sommet. Et nous invitons les exécutifs locaux et les parlementaires à agir et à faire propositions. Comment pouvons-nous construire une unité réunionnaise prenant le dessus sur les « égos », dépassant les clivages et les conflits, replaçant le combat vers l’intérêt général, le bien commun et le recentrant sur des aspects essentiels de progrès environnementaux et humains. 

Nous restons attentifs et vigilants et tout aussi actifs, combatifs et engagés pour que les choses avancent dans ce sens. 

Demain la Réunion

​Eric FRUTEAU


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