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La CRISE ? De qui se moque –t-on ?


Politique
Mercredi 22 Janvier 2014



« Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire : mon adversaire, c'est le monde de la finance »

François Hollande avouait en 2009, à l'émission « A vous de juger « , qu'il n'aimait pas les riches, et que ce qu'il n'acceptait pas, c'était la richesse indécente. Il devrait, en cohérence avec lui-même, s'insurger contre ce monde de la finance qui ne s'est jamais aussi bien porté que depuis son élection en mai 2012.
 
La finance, fin 2013, se porte comme un charme puisque le bilan du cac 40 affiche une progression de 18%.
 
Tandis qu'en 2012, la France avait déjà perdu 59.780 entreprises, qu'en 2013, 62.431 TPE/PME ont été placées en procédure de sauvegarde ou mises en redressement judiciaire ou encore ont été purement et simplement liquidées - dont 12.790 en 3 mois - et que 60.000 fermetures sont prévues pour cette année 2014, il est un secteur toujours plus florissant : la vente de yachts que des milliardaires s'arrachent comme des petits pains et pour lesquels ils peinent à trouver une place dans le port, notamment celui d'Antibes.


En septembre 2013, la revue « Le marin » voit dans la conjoncture actuelle une reprise économique que stimule la vente de superyachts. Elle nous apprend que dans le Rif, le nombre d'immatriculations progresse, que l'Allemagne est toujours le leader des yachts XXL - le dernier en date, l'Azzam, battant le record de 180 m de long a détrôné l'Eclipse qui n'en affichait que 161. Aux Pays-Bas, toujours en septembre 2013, pas moins de 57 yachts étaient en commande. 
 
En somme, plus le chômage sévit en France et dans la majeure partie de l'Europe, plus le commerce de luxe affiche une santé insolente.
 
Tandis que depuis la crise de 2008, la rémunération moyenne des dirigeants du cac 40 a augmenté de 21% - "mon adversaire, c'est le monde de la finance » qu'il disait - chaque jour, ce sont 1000 emplois détruits, ce sont 1500 personnes qui voient leurs revenus passer le seuil fatidique de la barre de pauvreté.
C'est, en France, au pays des Lumières et des Droits de l'homme, 8 millions de pauvres - dont 1 enfant sur 5 - qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, 8 millions qui sont laissés sur le carreau pendant que les riches continuent d'engranger des bénéfices indécents qu'ils placent dans des yachts qu'ils amarrent, pour certains d'entre eux, dans des paradis fiscaux, telle la Croatie qui abrite le splendide joujou de Laksmi Mittal.
 


Laksmi Mittal, homme d'affaires indien résidant à Londres, propriétaire d'Arcelor, racheté en 2006 pour 24,5 milliards d'euros, devenu ainsi la 1ère fortune de Grande-Bretagne. Arcelor Mittal qui fit parler de lui lors de la fermeture de hauts fourneaux à Florange.
 
La crise, en décembre 2013, c'est presque 5 millions de chômeurs. La crise, ce sont des ouvriers qui, après avoir formé leurs homologues des pays de l'Est, sont licenciés sans état d'âme, et à qui est l'on propose de se délocaliser ...en Roumanie ou en Hongrie pour un salaire horaire de moins de 3 euros.
 
 
Car lorsqu'une entreprise embauche des travailleurs étrangers, si le salaire et les conditions de travail sont les mêmes que pour les autochtones, en revanche, les charges sociales dont les employeurs doivent s'acquitter sont celles du pays d'origine. Donc, beaucoup moins élevées qu'en France.


Ouverture marché du travail

La crise, assurément, ne concerne de façon équitable ni tous les secteurs, ni toutes les couches de la population de France et d'Europe.
 
Pour que quelques uns poursuivent leur florissant business avec toute la latitude que ne possèdent pas les TPE et PME - poumons sains de l'économie d'un pays - il fallait oeuvrer pour la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux, autrement dit, sous couvert d'ouverture au monde, mettre en place un système ultra-libéral européiste-mondialiste dans lequel les « gros » deviennent toujours plus gros, l'ouverture du marché du travail sacrifiant sans autre forme de procès la classe ouvrière autochtone pour le profit des grands patrons.

La crise semble résulter d'un effet pervers qui bénéficie à une frange de plus en plus mince - les très riches indécents - tout en épargnant une fonction publique pléthorique, laquelle, en 2013, absorbait 57 % du PIB. Mais il détruit d'autres franges, de plus en plus nombreuses : la classe ouvrière remplacée par une main d'oeuvre locale, les classes moyennes toujours plus matraquées fiscalement, les jeunes à qui les15 années passées sur les bancs de l'école n'ouvrent aucun horizon, les seniors qualifiés, expérimentés mais trop chers. Liste des laissés pour compte non exhaustive.
 
Nos élites oligarchiques continueront d'affirmer que le monde change, qu'il évolue, qu'il ne faut pas se crisper, qu'il faut se tourner vers l'avenir avec confiance, qu'il ne faut pas avoir peur, que « la fin de l'euro serait une catastrophe mondiale" (Jean-Luc Mélenchon, député européen aux 19.000 euros par mois, ceci expliquant cela).
 
Si certains peuvent se tourner vers l'avenir avec confiance, ce ne sont certainement pas les ouvriers délocalisés en Roumanie ou en Hongrie, mais les hauts dirigeants qui profitent de l'ouverture des marchés européens et prochainement atlantiques.
 
Et si François Hollande n'aime pas les riches qui gagnent 4000 euros par mois, la santé florissante des entreprises du cac 40, comparée à la déliquescence de nos TPE et PME prouve sans coup férir que le Président socialiste, à l'instar de son prédécesseur, aime les très riches.


Marianne 974


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