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L'AVENIR DE LA CANNE TOURNÉ VERS L’ÉNERGIE: LE BIOCARBURANT


Politique
Vendredi 6 Mars 2020

Comment remplacer durablement et économiquement une partie des matières premières d’origine fossile ?


Il faut valoriser davantage nos produits agricoles dont la canne à sucre est le fleuron.
Comment augmenter notre efficacité énergétique et réduire notre empreinte carbone, valoriser les produits agricoles en créant de la valeur à partir des sous-produits et des résidus et favoriser l’énergie verte issue de nos matières premières en substitution des énergies fossiles ?

L’enjeu est de fabriquer une économie circulaire au cœur de nos territoires par des actions fortes en développant de nouvelles valorisations qui proviennent de nos sols en maîtrisant l’écho-synthèse, en préservant nos ressources naturelles.
 
C’est l’axe majeur de la nouvelle politique à mener sur notre territoire en parallèle aux efforts substantiels dans le secteur social.
Pour la Réunion cela permettrait de trouver un complément pour la filière canne-sucre.
En effet, la production de sucre est vendue essentiellement sur le marché international à un prix qui doit être largement compensé par une subvention d’État qui sera revue à la baisse inexorablement.
Sur le plan de l’énergie, il peut aussi constituer un substitut durable au pétrole, d’où son intérêt écologique.
Cela permet également de remplacer l’importation d’un produit fini par une production locale, de bout en bout. On est dans une logique d’import substitution très complète pour la Réunion.

Avec une production de la matière première qui existe déjà pour la partie agricole et un système industriel (usines sucrières et distilleries) nous sommes susceptibles d’assurer sans peine le passage au produit final, un carburant !
 
Sur le plan agricole et industriel, il y a donc une continuité certaine entre la filière canne-sucre et la filière canne-éthanol. L’éthanol est dans le prolongement, produit « après » le sucre et/ou « en complément » du sucre. Le produit est donc plus élaboré, c’est le support d’une valeur supplémentaire, sans que cela pose un problème industriel (une technologie banalisée et déjà utilisée à la Réunion).

C’est peut-être ou probablement l’avenir qu’il faut préparer pour garantir l’emploi de plus de 19000 personnes qui travaillent dans la canne aujourd’hui.
D’ailleurs dans ce secteur, des partenariats avec l’île Maurice, voire Madagascar, pourraient être étudiés raisonnablement dans un programme structurel et régional, porteur d'avenir.
Si l’avenir de la canne semble encore inquiéter certains, La Réunion affiche son expérience dans la transition écologique à travers le bioéthanol.
Une première mondiale : « Albioma a mis en œuvre, pour EDF à Saint-Pierre une turbine, fabriquée par Général Electric (constructeur de moteurs d’avions) qui fonctionne avec 80 % d’éthanol.
Ce carburant vert est produit à Saint-Benoît par DRM (Distillerie Rivière du Mât).
Cette entreprise appartient depuis 2010 au groupe « La Martiniquaise », un groupe français dont le siège est à Charenton-le-Pont. DRM produit 3500 M3 de bioéthanol par an, produit à partir de mélasse locale. Pour assurer un approvisionnement fiable, DRM a installé deux cuves de 600 M3 sur son site du Gol, où sont entreposés ses fûts de vieillissement du rhum de bouche. Ce site est devenu un stock de carburant à l’issu d’une procédure d’autorisation longue et complexe ».
 
Cette première expérimentation mondiale ouvre des perspectives dans la mise en place de cette politique d’énergies renouvelables. Dans le cadre d’une politique volontariste pour faire baisser la pollution, les émissions de particules fines et donc participer de manière active à la transition écologique, le biocarburant serait une solution pour les usines utilisant l’énergie fossile, ensuite pour les camions, les bus, et enfin de manière concrète pour les véhicules de tourisme.
 
Il s’agit bien de sauver la filière canne et donc de se donner les moyens dans un partenariat actif entre la Région, l’État, l’Europe et évidemment les planteurs, producteurs, industriels comme Albioma, Tereos ou autres… L’équilibre doit être trouvé dans un accompagnement important dans la transition avec l’ensemble des acteurs et surtout des planteurs regroupées dans une coopération inter- régionale plus marquée.
 
« En 2019 Tereos a travaillé avec l’entreprise Suédoise Scania, constructeur de camion qui a mis au point l’année dernière un camion qui roule au bioéthanol ED 95 qui contient environ 95 % d’éthanol et 5 % d’additifs produits à partir des résidus de transformation de la betterave en sucre. Cette démarche s’intègre pleinement dans la logique d’économie circulaire sur laquelle se fonde le modèle Tereos ce qui permet de réduire l’impact environnemental et de mieux valoriser les matières premières. »
 
Dans ce secteur économique à forte connotation sociale, l'avenir s’écrira obligatoirement par l'élaboration d'un schéma de composition générale spécifique pour les 20 prochaines années, auquel nous intégrerons, dans une perspective à long terme, avec les études en cours des chercheurs et experts, la possibilité de fabriquer du Bio Jet Fuel (Carburant aéronautique) à partir de la biomasse.
 
Sainte-Suzanne, La Réunion terre de la canne, a complètement sa place dans l’engagement officiel et récent de l’État pour la croissance verte, relatif à la mise en place d’une filière des biocarburants aéronautiques durables en France, signé avec AIR FRANCE, AIRBUS Industrie, SAFRAN, SUEZ et TOTAL. Nous devons intégrer dés maintenant cette réflexion avec tous les acteurs et les parties prenantes, dans laquelle la Région Réunion devra piloter et ou la compagnie aérienne Réunionnaise « AIR AUSTRAL » aura évidemment toute sa place. Nous pouvons vous assurer que la canne n'est pas morte !

Nous avons pris du retard et c’est l’un des principaux chemins que nous devons prendre pour sauver la filière , les emplois et participer activement à cette transition écologique. Nous arrivons à la fin d’un cycle, voir de modèle que nous devons repenser.
Il s’agit en l’espèce d’ une source de valorisation complémentaire qui doit pouvoir soutenir les revenus des agriculteurs malmenés par la fin des quotas sucriers.

Aline Murin Hoarau



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