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Ignace Almar : la musique comme mémoire et résistance


Culture - Kiltir
Mercredi 15 Octobre 2025

Chanteur discret mais fidèle à sa passion, Ignace Almar traverse les années avec la même constance : un clip par an, des chansons empreintes de vérité, et un regard lucide sur la vie réunionnaise. Entre souvenirs, engagement et amour du créole, il chante la dignité d’un peuple qui résiste en musique.


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Aujourd’hui, nous sommes chez Monsieur Ignace, plus connu sous le nom d’Ignace Almar. Chanteur discret mais incontournable de la scène réunionnaise, il revient avec un nouveau clip, une habitude devenue presque un rituel.
« Ordinairement, mi sort un clip par an. Comme ça, le monde i gagne le temps d’apprécier », dit-il avec un sourire tranquille.

Ce nouveau morceau, intitulé Gramoun ladi, n’est pas tout à fait inédit. Son histoire remonte aux années 1980, quand Ignace faisait partie du groupe Bande Dalon, aux côtés de Jean-Hugues Maillot et de Janick Félicité.
« Nou la fait ça déjà dans le temps. Après, moin l’a refait en 1992. »

C’est un titre qu’il porte encore dans son cœur, témoin d’une époque où la musique créole se construisait entre amitié, débrouille et passion.

Jean-Hugues Maillot, « le patron du premier Bande Dalon », comme dit Ignace, n’a pas écrit beaucoup, mais il a inspiré une génération. « C’était un vrai leader. Il a donné le ton. »
Aujourd’hui, Ignace continue de rendre hommage à ces compagnons de route, dans la continuité d’un travail collectif et sincère. « La dernière fois, moin la fait le klip Problème carry en hommage a Jean Claude Gaspard avec François. Là encore, nou retravaille ensemble. »

Il ne cherche ni la gloire ni les chiffres. Pour lui, la musique, c’est d’abord une manière de vivre en créole, de raconter la vie telle qu’elle est.
« Mi vive misère, mais moin lé fier. »
Cette phrase résume sa philosophie : une dignité tranquille face aux difficultés, une fierté de rester fidèle à son monde.

Il évoque la simplicité d’autrefois, les fruits du jardin, les repas partagés. « Avant, tout ça té naturel. Aster, tout i devient interdit, artificiel. »
La nostalgie n’est pas amère : elle est lucide, chargée de respect pour les gramoun. « C’est zot qui la appris à nous vivre avec peu, mais bien. »

Ignace observe le monde d’aujourd’hui avec douceur, mais aussi inquiétude. « La vie est dure... violence, génération... » Il laisse les mots se suspendre, avant d’ajouter : « Heureusement, nana la musique, pou aide a moin moralement. »

Et c’est sans doute là que réside toute la force d’Ignace Almar : dans cette foi tranquille en la musique comme refuge, comme lien, comme mémoire vivante de La Réunion.

Ignace et François

François Orré


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