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Geoffroy Géraud-Legros : "Le bonus COSPAR, ou qui est qui…"


Politique
Lundi 28 Novembre 2011


"Début 2009 : en Guadeloupe, le peuple se soulève contre un système social et économique archaïque, fait de monopoles, de prébendes, de privilèges et de discriminations ancrés dans la longueur de l’histoire coloniale.

Détonateur : la rébellion contre la pwofitasyon, nom donné par le créole guadeloupéen à cet ensemble de mécanismes d’extorsion qui est  à l’origine de la vie chère. Dans la même dynamique que le collectif guadeloupéen Lianaj kont pwofitasyon (LKP), le Kolektif 5 Févriyé  mobilisait à son tour la Martinique. Là encore, la population réagissait contre le scandale du coût de la vie ; là encore, le mouvement était porteur de propositions destinées à en finir avec les inégalités économiques.

A La Réunion, le Collectif COSPAR portait à son tour, quelque temps plus tard, la revendication de prix plus justes pour le plus grand nombre. Ces luttes ont payé : sous pression des mobilisations, les pouvoirs publics et les puissances économiques ont été contraints à des concessions.

Et si ni les Accords « Bino » en Guadeloupe, ni le dispositif COSPAR n’ont transformé structurellement les sociétés ultramarines, l’application de ces mesures a, n’en déplaise aux détracteurs stipendiés du mouvement social, un caractère historique.  Elle montre qu’il est possible d’ébranler l’édifice des abus, plus-value indues et enrichissements sans cause, fondements économiques des injustices post-coloniales.

Ni le patronat, ni le gouvernement ne s’y sont trompés : ouvertement revanchards dans les Antilles, hypocrites ici, ministres et dirigeants du MEDEF n’ont jamais dissimulé leur hâte d’en revenir au statu quo antérieur à 2009.  Aujourd’hui, alors que nous nous débattons dans les vents de cette Grande Dépression de début de siècle, l’avenir de la prime COSPAR est un enjeu social décisif.  

Et comme toujours, les situations de crise agissent comme de puissants révélateurs du degré d’engagement réel des acteurs du jeu social et politique. Force est  de constater, à cet égard, que dans le monde syndical, la CGTR est la seule à militer sans ambiguïtés ni compromissions, pour la défense du bonus COSPAR.

De même que, dans le champ politique, c’est l’intervention de Paul Vergès, et de lui seul, qui a engagé au niveau des institutions de la république, la dynamique favorable au prolongement de trois ans de cette mesure de protection des travailleurs. Il y a donc ceux qui se battent, et ceux qui renoncent en silence aux conquêtes sociales.   Ce matin, devant la préfecture, nous saurons qui est qui…"

Courrier des lecteurs


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