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François Hollande : "Moi, président de la république…"


Invité(e)
Vendredi 4 Mai 2012

Le débat entre les deux candidats présidentiables, qualifiés du second tour des élections présidentielles, ce sommet de la République bipolaire voulue par De Gaulle, cet "Alpe d’Huez" de la chose publique de la cinquième, a rendu son verdict. Non pas que le vainqueur, s’il en fallait un, soit assuré de la victoire finale.


Pas plus que le vaincu, s’il devait être pointé, soit battu dans les urnes quelques jours plus tard. Simplement sur le fait que ce débat incarne la personnification ultime de la res publica, et sera noyé dans les flots d’une hypothétique sixième république, entre autres voulue par EELV, faite de dépersonnalisation des élections, de lutte contre le cumul des mandats, et de respect d’une proportionnelle intégrale.

Mais puisqu’il faut désigner un vainqueur…

L’écologiste que je suis ne peut que regretter l’absence même d’un mot de la famille de l’écologie, pas une seule fois prononcé au cours du débat. Tout au plus a-t-on entendu François Hollande parler brièvement de développement durable, tout en insistant sur le fait qu’il ne démantèlerait qu’une seule centrale nucléaire, celle de Fessenheim, continuerait les travaux sur l’EPR de Flamanville, et ne respecterait pas l’accord PS/EELV, déjà sabordé, et cette fois définitivement enterré.

Sur la forme : une bataille de chiffres avec invectives et interruptions de discours à deux doigts de donner la nausée ; on notera que Nicolas Sarkozy, voulant montrer les erreurs de son adversaire, le traitera à plusieurs reprises de menteur, calomniateur, mensonge, contre-vérité, tandis que François Hollande rétorquait à coups de "c’est inexact", "c’est faux", "ce n’est pas vrai", différence de style et de politesse, d’éducation sans doute.

Les mimiques ensuite : où l’on retrouva le rictus agressif de Nicolas Sarkozy, par moments, sa gestuelle scapulaire de mâle dominant, tandis que son challenger rentrait la lèvre inférieure, témoignage d’une continence émotionnelle intense.

Mais là n’est pas à mes yeux l’essentiel. L’essentiel, ce que l’on retiendra de ce débat âpre, rude, rugueux, technique, finalement peu emballant, est le soliloque final de François Hollande, l’asseyant cette fois absolument comme un présidentiable. Cette stance se présenta sous la forme d’une anaphore formulée en réponse à la question : comment envisagez-vous votre présidence ?

Et débutant par "Moi, président de la république…". Je ne sais si ce texte avait été préparé par le président du Conseil Général de Corrèze, toujours est-il que soudainement, il donna une dimension épique à ce duel verbal. Anaphore faite de 17 alinéas, dénonçant toutes les dérives du sarkozysme, sonnant comme une oraison funèbre pour le mandat du sortant, durant 3 minutes 20 secondes, bien peu au regard des deux heures quarante de débat, mais seul moment véritablement émouvant de cette lutte, et qui à mon sens marquera ce débat à la postérité.


Dr Bruno Bourgeon, membre EELVR


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