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Florent Hurhungee : "Donne créole travail"


Politique
Vendredi 16 Mars 2012

Voilà le vieux serpent de mer de la "préférence régionale" qui ressurgit à nouveau. De premier abord, comment ne pas être d'accord avec cette idée pour une majorité de demandeurs d'emploi qui sont nés à La Réunion. Si la préférence régionale était actée cela voudrait dire que pour un emploi disponible dans une entreprise ou dans un service public il faudrait donner la priorité à une personne "créole".


Alors vient la question de la critérisation de la notion de créole. Qu'est qu'un créole de La Réunion ?

Devons nous prendre en compte le lieu de naissance, à savoir l'île de La Réunion ? Quid des enfants nés hors département de parents originaires de l'île ? Et à l'inverse que dire des milliers de personnes s'installant à La Réunion et venant principalement de la métropole et de la zone océan Indien. Est-ce que les enfants de ces migrants doivent être considérés comme non créole ?

Où peut-être devons nous regarder du côté de la filiation : avoir du sang réunionnais qui coule dans les veines depuis trois générations ? Alors nous découvririons pas mal de surprises en faisant notre filiation, des grands parents malgaches, chinois, comoriens, indiens, mauriciens ou métropolitains.

Ce qui est certain c'est qu'il n'y a pas aujourd'hui de textes juridiques pouvant servir de base pour mettre en place une discrimination positive en France à fortiori à la Réunion. Encore moins de demander l'extrait d'acte de naissance ou de justifier de sa filiation avant une embauche.

Bien évidemment des dispositifs existent afin de permettent le retour à La Réunion des fonctionnaires ayant leurs centres d'intérêt dans l'île. Il y a aussi des préconisations qui ont été formulées et qui ont été mises en œuvre dans le cadre du CIOM (Comité Interministériel de l'Outre-mer). Cela a notamment permis la nomination symbolique de hauts fonctionnaires d'originaires des D.O.M.

Au delà de cette revendication légitime d'avoir un travail, en particulier s'agissant de La Réunion qui compte un taux de chômage de 60 % chez les jeunes, il faut rester lucide. Évidemment  il est inacceptable de voir des jeunes de plus en plus former, titulaires de masters se retrouvant à faire des petits boulots. Et en même temps de constater que des postes à responsabilités échappent aux locaux.

Dans la fonction publique, ce que je pense c'est qu'il faut faciliter la préparation et l'organisation des concours nationaux à La Réunion. Créer une antenne de l'I.R.A (Institut Régionaux d'Administration) dans nôtre département avec l'affectation Régionale pour ceux qui le souhaite. Décentraliser les concours de catégories A et A+ (ingénieurs, inspecteurs ...) nationaux sur notre île.
S'agissant des entreprises privées comment faire en sorte de recruter locale ?

Il est déjà possible dans le cadre des marchés publics d'insérer des clauses sociales afin de permettre le recrutement sur un chantier  des personnes en situation de difficultés d'insertion habitant le secteur. Il faudrait étendre cette clauses à tous les niveaux de responsabilités sur les chantiers, des manœuvres aux conducteurs des travaux.

Les syndicats doivent jouer pleinement leurs rôles au niveau des revendications sur les recrutement réalisées dans les entreprises au travers des instances de représentation du personnel.
Cependant, je ne crois pas dans la solution qui consiste à opposer une certaine catégorie de population contre une autre au prétexte que ces derniers nous retirent le pain de la bouche.

En période de crise la peur de l'autre est un thème qui a tendance à séduire et détourne des vrais problèmes. Alors ne nous laissons pas distraire, mais demandons plutôt à ceux qui mettent en avant ces arguments de nous dire comment faire pour créer plus d'emploi à La Réunion ?


Florent Hurhungee


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