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Crise requin : la responsabilité est collective, la solution ne pourra que l’être !


Édito
Jeudi 18 Juillet 2013

Elle s’appelait Sarah. Elle était venue chez son père, se reposer durant les vacances et profiter du soleil et de la mer de La Réunion. Mais, lundi 15 juillet, un requin l’a tuée alors qu’elle se baignait à quelques mètres du rivage. Etant hors du département, c’est en pensées que je me joindrai sincèrement à l’hommage qui lui sera rendu ce mercredi (ndlr : hier).


Crise requin : la responsabilité est collective, la solution ne pourra que l’être !
Comme beaucoup de Réunionnais, je suis partagée entre plusieurs sentiments : la peine, la colère, l’incompréhension, le refus….

La peine domine, évidemment. Mère et grand-mère moi-même, je  peux imaginer la douleur immense qui saisit des parents qui viennent de perdre un enfant.  Rien ne peut les consoler. J’ai beau exprimer ma compassion, ma tristesse ou ma sympathie : mes mots, bien que sincères, sont inutiles. Sarah n’est plus, rien ne la rendra à ceux qui l’aiment, c’est l’injuste certitude.

C’est cette injustice qui provoque la colère. Toutes les victimes de requins sont innocentes ! Etonnant retournement de situation qui est de rendre coupables les victimes : elles auraient surfé dans de mauvaises conditions de mer, nagé en eaux turbides, plongé là où il ne le fallait pas ! Cessons avec ces mauvaises excuses, ces accusations qui ne portent pas leur nom. Et regardons la réalité en face.

La réalité, c’est que, même si la sécurité des usagers de la mer relève  de l’Etat et des communes, nous avons été collectivement incapables de prendre les décisions pour nous prémunir de ces accidents.

Pourtant, depuis 2011, La Réunion a connu 12 attaques dont cinq mortelles. On ne peut donc pas dire qu’on ne savait pas.  Tout au mieux pourra-t-on dire qu’on ne savait pas l’expliquer. Les scientifiques eux-mêmes sont partagés : détérioration de nos côtes entraînée par le tourisme et surpêche comme l’avance l'océanographe Bernard Séret dans l’Express de ce 15 juillet ? Confusion entre usagers de la mer et les proies naturelles des requins ?

Surexploitation des fonds marins par la pêche qui raréfie la nourriture pour les prédateurs ? Rejets de déchets, notamment alimentaires, dans les océans, qui attireraient les squales ? La réserve marine qui servirait de garde-manger facile et accessible ?

Que de questions pour si peu de réponses ! Les prélèvements, en réaction ou en prévention, peuvent sans doute permettre d’éviter des attaques. Mais ils ne résoudront pas tout. Les requins sont également indispensables à l’écosystème marin.  

Environ 100 millions de requins sont tués chaque année dans le monde, mettant en danger d’extinction 20 espèces. Pourtant, malgré cette chasse massive, jamais les requins n’ont autant chargé l’homme : le nombre d’attaques dans le monde a plus que doublé en 30 ans.

Que faire alors pour protéger les populations tout en préservant l’écosystème marin ? La solution ne réside pas dans la division, les invectives, l’opposition des Réunionnais et le dénigrement des touristes.  Cette attitude est une insulte pour toutes les victimes, blessées ou décédées, des attaques de requin de ces trente dernières années.

Plus que jamais, nous devons nous rassembler et discuter de façon constructive et éclairée. C’est bien collectivement, usagers de la mer, élus, scientifiques, Etat que nous pourrons trouver des solutions locales.

Notre Réunion, terre d’accueil, ne peut devenir synonyme d’océan hostile !

Nassimah Dindar



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