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Clément Huguet (EELV) : "Il faut envisager la possibilité de passer aux 32 h/semaine"


Politique
Dimanche 30 Octobre 2011

"L'emploi est au centre des réflexions des Jeunes Écologistes. Les chiffres publiés par l'Insee il y a peu, et qui confirment une aggravation du chômage des jeunes dans notre île, nous préoccupent énormément. La situation actuelle des jeunes Réunionnais, c'est-à-dire 60% des jeunes actifs au chômage, est absolument insupportable et intenable", assènè d'entrée, Clément Huguet des Jeunes écologistes d'EELV.


Comment envisagent-ils envisager l'avenir ?
Le chômage, ici comme ailleurs, n'est pas une fatalité ! Des solutions existent pour lutter contre.
La crise systémique que connaît notre société est d'une rare violence. La combinaison des enjeux, financiers, économiques, sociaux, et environnementaux implique un raisonnement global, associant l'ensemble de ces enjeux. Il s'agit alors de mener une réflexion sur l'emploi dans le cadre plus vaste des parcours de vie.

Avez-vous des propositions pour sauver et créer des emplois ? Lesquelles ?
Les propositions concrètes que nous défendons s'orientent autour de deux axes majeurs : la reconversion écologique de notre économie et la réduction du temps de travail. Selon l'OCDE, la reconversion écologique de notre économie créerait des millions d'emplois en Europe.

Pourquoi pas ici, à La Réunion ? Notre île renferme un réservoir d'emplois immense notamment dans le domaine des énergies renouvelables et des emplois écologiques non-délocalisables. Il nous faut miser dans ces filières d'avenir, notamment à travers des offres de formation correspondant aux besoins régionaux.D'autre part, à l'échelle nationale, une réflexion sur le temps de travail ne doit pas être écartée.

La possibilité de passer à 32 heures par semaine (semaine de 4 jours) doit être sérieusement envisagée. Je précise que, de manière expérimentale, dans certaines entreprises ce système a déjà fait ses preuves. Il permet essentiellement de lutter contre le chômage (il est créateur d'emplois) et une nouvelle organisation des temps de vie.

J'ajoute que face à la situation dramatique de La Réunion, il faut désormais penser des mesures d'urgence pour rétablir une situation acceptable pour tous. Des idées émergent ici ou là et elles méritent d'être discutées collectivement. Ainsi, les jeunes écologistes sont prêts à mener avec nos collègues des mouvements progressistes une réflexion sur ces mesures d'urgence nécessaires.

Comment allez-vous défendre ces propositions dans le projet EELV lors des Présidentielles ?
Les Jeunes Écologistes ont leurs propositions et leurs revendications. En temps voulu, nous les exposerons à EELV afin qu'elles soient le plus largement reprises dans le projet de la candidate des écologistes unifiés, Eva Joly.

Des rencontres ont déjà eu lieu, notamment à l'occasion des Journées d'Été, entre des jeunes écologistes et Eva Joly. Nous sommes dans une bonne dynamique de travail et de concertation. Eva Joly ainsi qu'EELV ont exprimé à plusieurs reprises le souhait de nous associer le plus largement possible à cette campagne et nous en sommes très heureux.

Nous défendrons donc, aux côtés de notre candidate le projet écologiste, qui rappelons-le, est un projet d'avenir ambitieux et responsable.  Mais 2012 ne doit pas être une fin en soi. Nous ne voulons pas tomber dans un court-termisme qui nous mène droit dans le mur. Les Jeunes Écologistes ont donc lancé une campagne en vue des élections de … 2072, afin de promouvoir des idées politiques de long terme. A travers cela, nous disons aux personnalités politiques : « voyez plus loin que le bout de votre mandat ! ».

Enfin, le groupe des jeunes écologistes Réunionnais fera également des propositions en matière d'emploi régional afin que des solutions à la situation dramatiquement exceptionnelle de La Réunion soient prises en compte dans le projet 2012.

Quels sont les points positifs du projet EELV sur l'emploi ?
Les idées et valeurs écologistes s'inscrivent dans le long terme. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent régler un problème complexe par quelques slogans simplistes. L'emploi est une thématique complexe car elle concerne une multitude d'acteurs et surtout parce que l'emploi est un élément structurant de notre société.

Les écologistes proposent donc d'envisager l'emploi dans le cadre global de la société. Ainsi, nous pensons qu'une réflexion sur nos modes de vie, sur notre façon de produire et de consommer est nécessaire et essentielle. Contrairement à la gauche traditionnelle, nous ne réduisons pas notre raisonnement au «produire plus pour répartir mieux».

Par ailleurs, les écologistes n'appuient pas leur réflexion sur la croyance irrationnelle en la capacité de la croissance économique et du productivisme à produire du bonheur pour tous. La croissance ne réglera pas les maux de notre société. Nous pensons que l'idée de croissance/décroissance sélectives est bien plus intelligente sur le long terme.

Comment les jeunes appréhendent aujourd'hui le marché du travail ?
Pour les jeunes, le marché du travail représente une grande incertitude et donc beaucoup d'inquiétude. Les politiques nationales et européennes prônent depuis trop longtemps la concurrence à outrance. Pour une grande majorité de jeunes, l'avenir rime avec précarité. Selon l'OCDE, les jeunes vivent une période de précarité d'environ 10 ans entre le moment de leur entrée dans la vie active et leur premier emploi stable.

Ainsi, toutes les politiques menées depuis 30 ans se sont avérées inefficaces, accroissant chaque fois un peu plus les difficultés d'accès à l'emploi. Les jeunes ont perdu confiance, en leur avenir d'une part et en la capacité des mouvements politiques à trouver des solutions claires aux maux de notre société.

Les jeunes n'ont pas besoin que l'on fasse de la politique pour eux. Ils ont besoin que les responsables politiques les associent le plus largement possible aux prises de décision.
A vous et avec un grand respect, mesdames et messieurs les élus de la République, vous avez l'obligation de faire évoluer cette situation afin que notre génération ne soit pas celle sacrifiée sur l'autel de la crise ! Si vous ne prenez pas vos responsabilités, «nous ne vous laisserons pas dormir», disent très justement les mouvements d'indignés.

Jismy Ramoudou


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