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Aline-Murin Hoarau : "Homme/Femme, quand l'histoire s'enchaine…"


Politique
Jeudi 24 Novembre 2011

"Pendant trois jours, des délégations de femmes de l'océan Indien se sont rencontrées au Conseil Général. Ces représentantes des Comores, Seychelles, Rodrigues, Maurice, La Réunion et Madagascar, ainsi que les institutions de la Commission de l’Océan Indien et de l'ONU, ont travaillé sur une plate forme régionale, pour accompagner les femmes, les filles et enfants victimes de violence".


Aline-Murin Hoarau : "Homme/Femme, quand l'histoire s'enchaine…"
"Cette plate forme régionale pour bien fonctionner devra tenir compte des spécificités de chaque pays de l'Océan Indien. Depuis plusieurs décennies déjà, les États membres ont pris divers engagements pour parvenir à l’égalité de Genre entre tous les citoyens. En effet l'oppression et la violence contre les femmes, les filles concernent tous les pays et toutes les cultures".

"Deux millions de femmes victimes de violence conjugale et plus de 400  décès sont recensés chaque année en France. Ces violences s'inscrivent-elles dans les gênes de la gent masculine ? Je voudrais, je souhaiterais dire non. Mais les faits-divers sont trop nombreux à l'égard des femmes et des filles. Ces faits-divers sont vendus et affichés dans les médias. C'est devenu presque banal. Normal peut-être…"

"L'évolution de l'humanité doit aussi se construire dans le respect. Le respect naturel et mutuel d'un homme, d'une femme, et plus si affinités.
Homme/Femmes, c'est un équilibre d'abord naturel, l'équilibre harmonieux, pou in bout somin ansanm, sur le chemin de l’humanité et de la spiritualité".

"Pendant ces trois jours, dans l'hémicycle du Conseil Général, j'ai entendu parler de loi cadre. Les  représentants de certains  pays ont cité les dispositifs législatifs existants et à améliorer pour lutter contre les violences faites aux femmes et filles dans la région de l'Océan Indien.Mais, la distribution de ces nombreuses trousses de secours, ne suffira pas à guérir les plaies du passé, les multiples souffrances du présent, l'angoisse et les incertitudes de l'avenir".

"La connaissance de son histoire est aussi un remède (psychanalyse, ethnopsychiatrie, la quête de soi…). Dès le premier siècle de notre ère, les femmes de l'océan Indien ont d'abord été des marchandises. Avec la colonisation européenne des îles de l'océan Indien, très vite, la femme a été une "pondeuse", à défaut une vache à lait".
 
"De nombreuses femmes africaines, malgaches et indoportugaises ont été arrachées à leur vie, puis jetées dans les colonies de l'Océan Indien tout au long du XVIII siècle. La traite était juteuse. L'esclavage a marqué au fer rouge la femme. Cette société coloniale reposait sur la discrimination raciale, juste pour asseoir la domination sociale. Et la femme n'était alors qu'une "bonne" reproductrice. C'est aussi un objet de débauche et de plaisir pour les maitres. Certaines femmes préféreront le suicide à cette servitude".

"Après l'abolition de l'esclavage, punitions, brimades, humiliations des maîtres et des komandér ont peu à peu disparu. Mais, le chabouk est passé dans une autre main, celle d'un autre maître. L'homme, le mari, le père… Et l'histoire se répète. Sans chaînes. La violence est une reproduction de schéma. L'affranchi est le maître. La femme accepte cette nouvelle forme d'esclavage. C'est ça ou une autre forme de discrimination : être au ban d'une société coloniale nostalgique de la belle époque de l'esclavage".

"Si notre histoire nous rappelle que les hommes et les femmes ont combattu ensemble des injustices, des inégalités, des violences, elle montre aussi que l'homme a souvent reproduit la violence de ses maîtres contre sa femme et ses enfants. Nos chaînes sont aussi notre histoire, nos traditions, notre culte religieux, où à chaque fois, la femme a été relégué à une place inférieure. Elle s'en est contentée. Elle n'avait pas le choix. Aujourd'hui si…"

"Ce choix appartient aussi à l'homme, au moins pour moitié : comment briser ensemble les chaînes de l'histoire, pour ne garder que les chaînes de l'amour, de la vie et de l'avenir ?"

INFO REUNION



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