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​PRÉFÉRENCE RÉGIONALE OU PRÉFÉRENCE EXOGÈNE DANS UNE RÉUNION D’APARTHEID DILUÉ


Politique
Dimanche 8 Mai 2016

J’ai eu la chance de rencontrer Sudel Fuma sur ses dernières années, qui me disait : « Nous ne réussirons le développement de La Réunion qu'en étant tous unis ».
Pour être unis, il nous faut combattre les discriminations. Les discriminations visibles et les discriminations invisibles que nous avons intégrées.


Nous ne voyons pas chez nous, l’apartheid de l’Afrique du Sud, parce que nous n’avons pas de couleurs tranchantes blanches et noires. Nous avons ici, un dégradé de couleur de notre population qui donne un apartheid dilué. Si nous devions représenter la population de La Réunion (hors femmes et hommes élus(es) politiques) sur une échelle sociale sous forme d'une pyramide avec des marches, nous verrons ce dégradé de couleur aller de la plus noire en bas de l’échelle, sur les premières marches à la plus blanche en haut de l’échelle, de la pyramide. Avec un plafond de verre avant les dernières marches qui empêche les natifs d’y accéder. Seuls les plus blancs (ou bien blanchis par le temps) peuvent arriver parachutés par avions, à ces niveaux de l'échelle sociale, en haut de la pyramide. C’est une photographie que nous refusons de voir, de La Réunion après 70 ans de départementalisation de notre République de droits de l’Homme.

Dans ce que je décris, il y a des exceptions certes, me direz-vous ! Mais n’est-ce pas exceptionnel aussi de considérer exceptionnel qu’un enfant du pays accède à un poste de haut niveau ? La normalité chez les autres devient l’exception chez nous.

Concernant les discriminations dans la distribution des emplois, il y a beaucoup de préférences à bannir, la préférence familiale dans les entreprises publiques. Les préférences partisanes dans les collectivités, …

Beaucoup veulent instaurer chez nous ou légiférer une discrimination supplémentaire, la préférence régionale …

ourquoi ne pas combattre la discrimination existante, qui est celle de la préférence exogène ?

Faire le choix de recruter une personne se trouvant à 10 000 Km du lieu de travail, à la place d’une personne toute proche, avec les compétences requises, c’est faire une discrimination.

La quasi-totalité des entreprises à La Réunion sont dirigées par les Hexagonaux. C’est un fait et vérifiable (c’est aussi vrai pour les postes de pouvoir non politiques).

Cette situation ne semble choquer outre mesure.

En revanche, le souhait de privilégier un enfant qui a grandi au pays dans l’accès à un poste de haut niveau serait pointé du doigt et jugé raciste, trop souvent par ceux qui ont grandi ici même.

Le racisme est donc bien présent. Plus stupéfiant, c’est un racisme intégré et accepté par tous. Beaucoup de ceux qui ont grandi ici le portent en eux et contre eux mêmes ou leurs congénères. Il devient dés lors impératif de se décoloniser individuellement car cette situation n’est pas normale. Il nous faut cesser de penser que nous sommes moins capables ou que nous n’avons pas les mêmes droits.

Ce racisme est souvent nourri par un sentiment de doute de sa légitimité d’être pleinement français, ou par un sentiment d’être redevable, car l’argent vient de là-bas.

De plus, une mauvaise représentation de soi même (complexe d’infériorité), amène bien souvent à octroyer une autorité naturelle à celui qui vient de l’Hexagone et ainsi à respecter plus facilement un supérieur hiérarchique s’il est métropolitain.

La conséquence de tout cela est que nous sommes privés de modèles, ce qui continue à faire penser que certains postes ne sont pas pour ceux qui ont grandi ici. Aussi, à chaque fois que nous privons un natif d’une promotion par l’arrivée d’un cadre extérieur, nous empêchons, par ricochet, un chômeur local en bas de l’échelle à accéder à un emploi. Il est important donc que nous ayons des modèles de réussite pour nos jeunes et pour être fier de ce que nous sommes.

Par analogie, dans un autre ensemble qu’est l’UE, les Européens ont légalement, autant de droit que nous Français, de travailler sur le territoire national. Cependant, nous accepterions difficilement en France que des Allemands occupent un grand nombre de postes de direction de nos grandes entreprises.

Nous ne sommes plus dans une situation d’accepter d’être encore traités comme un bonsaï. Avoir nos racines et bourgeons taillés continuellement.

A mon sens, aucune politique ne devrait être envisagée sans tenir compte de ce ressenti partagé par un très grand nombre de Réunionnais.

Jean-Pascal Lauret
pour Le MOUV,

INFO REUNION



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