inforeunion : Un regard Réunionnais - Ile de La Réunion - Océan Indien
sak ifé nout jordu ék nout demin

"Une réhabilitation de Paul Vergès et de Témoignages injustement condamnés"


Politique
Vendredi 19 Octobre 2012

Suite à la déclaration de François Hollande. C'est la reconnaissance de la justesse du combat de Témoignages et de Paul Vergès, condamné à de la prison ferme pour avoir dénoncé le massacre du 17 octobre 1961.


"Une réhabilitation de Paul Vergès et de Témoignages injustement condamnés"
Dans un communiqué, François Hollande, président de la République, déclare : "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes".

Pour Témoignages, cette déclaration a une très grande portée. Voici pourquoi :

Le 17 octobre 1961, le gouvernement français ordonne la répression d'une manifestation d'Algériens à Paris. Le bilan est très élevé. Certains vont même jusqu'à l'estimer à des centaines de morts. Des cadavres de victimes sont jetés dans la Seine.

Cet événement reste l'une des pages les plus sombres de la guerre française en Algérie.

À la même époque, le peuple réunionnais est engagé dans une lutte très difficile contre le pouvoir parisien. Ce dernier use des procédés les plus illégaux pour bafouer l'expression démocratique. La Réunion connaissait des élections "à l'algérienne", avec des bourrages d'urne, couverts par la préfecture; il fallait faire taire les communistes par tous les moyens.

Les militants progressistes étaient la cible de la répression. Pour défendre la Liberté, des Réunionnais l'ont payé de leur vie : Eliard Laude et François Coupou à Saint-Denis, Thomas Soundarom lors de la révolte des planteurs à Saint-Louis, notamment.

Dans la lutte, les Réunionnais manifestaient constamment la solidarité avec le peuple algérien qui devait lui aussi affronter un pouvoir colonial impitoyable.
Cette solidarité était notamment portée par Témoignages, journal du Parti communiste réunionnais. Durant cette période, il fut saisi à 43 reprises sur ordre de la préfecture, qui se moquait des condamnations pour abus de pouvoir.

3 mois de prison ferme pour délit de presse

Quand survient le massacre du 17 octobre 1961, cet événement fait l'objet de plusieurs articles dans la presse parisienne, notamment dans "l'Humanité", "le Monde" ou "France Observateur".
Pour que les Réunionnais soient informés de cette répression, et par solidarité avec tous les défenseurs de la démocratie, "Témoignages" décide de reproduire sans commentaire deux articles publiés dans la presse parisienne relatant ces faits.

Cet acte de solidarité fut payé très cher, car une plainte est déposée contre Paul Vergès, directeur de "Témoignages". Dans un entretien, Paul Vergès rappelle ceci: "nous faisons remarquer que les deux journaux parisiens ayant publié ces articles n'ont pas été poursuivis.

Le procureur de la République nous accuse de perfidie. Ces articles à Paris, n'ont —dit-il— pas besoin d'être poursuivis car leur fausseté est évidente pour tous les Parisiens. Par contre, reproduire ces articles à 10.000 kilomètres est délictueux, car aucun Réunionnais n'est en mesure de vérifier leur caractère mensonger".

À La Réunion, des juges décident de condamner Paul Vergès à 3 mois de prison ferme. Le jugement est confirmé par la Cour de Cassation, il est porté à la connaissance de Paul Vergès début 1964.

28 mois de clandestinité du directeur de Témoignages

C'était une condamnation très grave, car aucun directeur de presse, aucun journaliste n'a été condamné à de la prison ferme pour délit de presse.

En France, une telle condamnation aurait aussitôt suscité la solidarité contre l'atteinte à la liberté de la presse. Mais à La Réunion, tout le monde s'est tu. Il n'y eut aucune solidarité de la profession, et toutes les forces de répression ont été engagées contre le directeur de Témoignages.

Parce qu'il n'était pas tolérable qu'un journaliste soit condamné à de la prison ferme pour délit de presse alors que des acteurs de la fraude électorale empêchait en toute impunité l'expression démocratique dans le pays, Paul Vergès décida de passer dans la clandestinité au moment où il allait être arrêté. C'était en mars 1964, à la faveur d'une panne d'électricité à Saint-Denis qui permit de semer les policiers qui traquaient le journaliste.

Durant cette clandestinité de 28 mois, Paul Vergès fut également inculpé d'atteinte à l'intégrité du territoire par la Cour de sûreté de l'État parce que "Témoignages" avait publié des articles favorables à l'autonomie. Ce n'est qu'en 1966, après qu'une loi eut amnistié le délit de presse, que le directeur de Témoignages se rendit dans le bureau du Procureur de la République afin d'être déferré à la Cour de sûreté de l'État.

Le moment de son départ en avion fut l'occasion d'un grand rassemblement. Les barrières autour de l'aéroport furent enfoncées par des milliers de militants venus apporter leur solidarité à leur camarade injustement mis en cause. À son arrivée à Paris, Paul Vergès obtint un non-lieu.

Reconnaissance et réhabilitation

Toutes les condamnations et inculpations visant le directeur de Témoignages sont donc tombées.

Le point de départ était la solidarité entre des Réunionnais et des Algériens qui se battaient contre un adversaire commun: le colonialisme.

Quand François Hollande, président de la République, reconnaît la responsabilité de la République dans le massacre d'Algériens par la police le 17 octobre 1961, c'est une réhabilitation sans équivoque de Paul Vergès et de Témoignages injustement condamnés pour avoir fait acte de solidarité.

Parce qu'il a pris le parti de dénoncer sans concession les injustices, Témoignages a été et reste la cible d'attaques de personnes qui ne sont pas d'accord avec cette orientation. La déclaration de François Hollande sur le 17 octobre 1961 ne peut que renforcer notre détermination à faire prospérer chaque jour davantage la ligne de la solidarité de classe.

La leçon de l'histoire

Cinquante et un an après la condamnation de Témoignages et de Paul Vergès, un grand mensonge est tombé! Où sont leurs auteurs, aujourd'hui? Tôt ou tard, les autres condamnations contre Témoignages et ses directeurs connaîtront le même sort!

Témoignages



      Partager Partager

Les commentaires

1.Posté par Bayoune le 21/10/2012 15:08
Konm ou tire dosi la fin, ousèye fé rovive in viyé pasé ou petèt lavé in zustifikasiyon, mé zordi par oute konporteman, lé zabu ke ou la fé ou la tiyé toute lespwar èk konfianss bann travayèr lavé mètt dan ou é oute pcr. Ou swadizan klandestinité- maronaz té pa inn, ou té fé sanblan kasiète sé bann broblan la protèze aou, zot i pouvé pa siyé la branss dosi lakèl zot té aziz. An lèr koté lo pont la Rivière des pluies ou té pa lwin si té vé trape aou. Koman oupé esplike anou, oulé an klandetiné- maronaz, ou té fé meting dosi meting dovan lo ziyé la poliss té i yarète pa ou, té i protèze aou plito, mwin la vu èk mon de ziyé koté André Sinbenwa. Arète sarze dolo " kamarade" ou détruy aou inpé pliss èk oute mansonz. A garde la minm, koman kan Tipiyèr té arété Sinbenwa, karefour la Plaine, koman ou pé esplike anou li té libéré in kar dère aprè, navé la konplisité èk lo pouvwar koliniyal, i falé lèss lo Tipierre marss dosi la zustiss makro konm ou la di, i fo arété "kamarade" I pass pi oute bagou, na kamarade vré i komanss témwaniyé pou détruyre lo mite ke ou la voulu kréé, lé fini pou ou èk oute liniyé. Amen...


Nouveau commentaire :
Facebook Twitter


Dans la même rubrique :
< >

Vendredi 17 Juin 2022 - 11:41 Jean Jacques MOREL aime son Pays

Vendredi 3 Juin 2022 - 08:56 Jean Jacques MOREL