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Sexualité des jeunes : un rapport parlementaire dénonce "une société hypersexualisée"


Politique
Mercredi 16 Mai 2012

L'association Rive a lancé hier une campagne pour parler de la sexualité des jeunes. Cette communication locale se situe en pleine campagne des Législatives. C'est sans doute le moment de demander aux futurs législateurs, leur position. Et comment les politiques doivent prendre part à ce débat. Mais combien parmi les candidats savent vraiment ce que c'est "l’hypersexualisation”.


Sexualité des jeunes : un rapport parlementaire dénonce "une société hypersexualisée"
L'hypersexualisation est un terme développé au Québec et repris par d’autres pays francophones, consiste à donner un caractère sexuel à un comportement ou à un produit qui n’en n’a pas en soi. C’est un phénomène de société selon lequel de jeunes adolescents, saturés d’images suggestives, adoptent des attitudes et des comportements sexuels jugés trop précoces.

Elle se caractérise par un usage excessif de stratégies axées sur le corps dans le but de séduire et apparaît comme un modèle réducteur de la sexualité, diffusé par l’industrie et le commerce à travers les médias ... Selon Arnold Jaccoud, "ce ne sont pas les jeunes qui sont hypersexuels, c’est notre société qui les hypersexualise !"

Le psychosociologue nuance également le concept en apportant une analyse critique du phénomène : « l’hyper-sexualisation sociétale ne touche pas vraiment la majorité des jeunes... C’est surtout un discours médiatique à la mode... ». Il revient également aux adultes de remplir leur rôle d’éducation, comme élément fondamental de notre évolution, d’agir sur l’environnement et de le transformer, mais aussi de s’adapter à lui et ainsi de se transformer eux-mêmes.... « Pour les jeunes, ce qui nous paraît comme hypersexualisation, est simplement la banalisation de la sexualité »

Une analyse sociétale à modérer toutefois...

Le rapport parlementaire de Chantal Jouanno, sénatrice de Paris Contre l’hypersexualisation, un nouveau combat pour l’égalité (5 mars 2012) dénonce le phénomène et apporte des recommandations à divers niveaux pour agir et préserver les jeunes.

Cependant, il note bien que la définition même de l’hyper- sexualisation fait débat. Cette notion renvoie à la norme sociale de la sexualité acceptable. Elle ne se définit pas de manière universelle et tangible. Les études françaises en la matière sont rares, et l’observation inexistante. Le rapport s’est donc principalement appuyé sur des études canadiennes, belges et britanniques.

En France, "la vague de l’hypersexualisation n’a pas encore massivement touché nos enfants. Mais cela ne signifie pas qu’ils sont épargnés par cette vague". La question est de savoir comment préserver nos enfants de normes que nous contribuons à véhiculer ? Les parents sont légitimement inquiets. Et pour cause...

L’hypersexualisation des enfants, fragilisés dans leur construction identitaire, constitue un enjeu individuel : "À l’extrême, l’intrusion précoce de la sexualité entraîne des dégâts psychologiques irréversibles dans 80% des cas". Toujours selon le rapport, "l’hypersexualisation constitue également un enjeu collectif d’affaiblissement des principes de dignité de la personne humaine, d’égalité entre les sexes et de régression de la cause féminine".

Selon la sénatrice, "la réponse à une question de société ne peut relever de la seule loi". En effet, "le législateur n’a pas le pouvoir de contrevenir au consensus social sur des questions qui touchent fondamentalement au libre choix individuel et plus encore à la responsabilité des parents". Nous pouvons encore prévenir et Chantal Jouanno propose d’agir sur 4 champs :
- Le champ juridique
- Le champ de la connaissance
- L’information et l’éducation
- La responsabilité des acteurs économiques et médiatiques

Comment agir pour préserver nos enfants et adolescents, et leur permettre de se développer de façon ‟saine, équilibrée et épanouie” ?

À ce jour, il n’existe pas d’études ni en France et ni spécifiquement à La Réunion sur le phénomène de société jugée hypersexualisée. Cependant, les acteurs locaux des domaines sanitaire et social apportent leurs constats observés dans le comportement des jeunes. Par ailleurs, certains chiffres illustrent la réalité des prises de risques ou des violences chez les jeunes.

À La Réunion, près de 600 enfants naissent chaque année d’une mère mineure et selon l’ORS (observatoire régional de la santé), 461 IVG (interruptions volontaires de grossesse) concernaient des mineures en 2010 dont 54 d’entre elles avaient moins de 15 ans. Les DÉPIST de l’île (centres de dépistage, de prévention et de traitement des infections sexuellement transmissibles) signalent depuis deux ans une recrudescence des cas de chlamydiae (fréquents chez les 18-30 ans), IST qui a donc fait l’objet d’une campagne de communication en mai-juin 2011.

Nous ne pouvons donc être affirmatifs de façon scientifique et objective sur les influences et les impacts de l’hypersexualisation de notre société, les conséquences sur les pré-adolescents et adolescents en matière de comportement relationnel, affectif et sexuel, les dégâts (irrémédiables ?) sur leur vie adulte ...

Une piste de réflexion est lancée par Arnold Jaccoud* qui nous amène à nous interroger : "Comment pouvons-nous intervenir pour aider à la structuration de personnalités adultes, affectivement et sexuellement ‟saines et équilibrées”, dans l’environnement socioculturel tel qu’il se présente aujourd’hui ?".

Cette intervention peut s’effectuer à plusieurs niveaux : auprès des enfants et adolescents, auprès des parents et familles, dans les médias, dans le monde économique, auprès des autorités. Mais en tant qu’adultes, nous n’avons pas à dicter le comportement sexuel des autres, notamment par une démarche de moralisation de la société. Il s’agit davantage de travailler sur le respect de l’autre, sur les relations filles/garçons dès le plus jeune âge notamment. Avoir une conscience collective c’est aussi faire sa part au niveau individuel. Tout le monde à un rôle à jouer. Il est aussi question de la responsabilité des hommes, et des hommes d’autorité : "Ce n’est pas un fait divers, c’est un problème de société".

http://www.lepakouyon.re/

*Arnold Jaccoud, psychosociologue Suisse depuis 30 ans à La Réunion, est également l’auteur de plusieurs thèses et d'un roman socio-psychologique baptisé "Le dernier Rhum" dans lequel il traite d’un sujet douloureux... celui de la maltraitance conjugale qui fait rage dans l'île.

Sexualité des jeunes : un rapport parlementaire dénonce "une société hypersexualisée"

Association Rive



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