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Pléiades 974 en quelques mots


Culture - Kiltir
Samedi 6 Juillet 2013

30 ans des Frac : Les Pléiades 974


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La vision du commissaire d'exposition

Dans les tractations qui ont abouti à la création du FRAC Réunion, il n’a pas été facile de justifier l’activité artistique dite contemporaine à La Réunion. Yves Drouet et Antoine Minatchy ont joué un rôle déterminant à la DRAC pour obtenir « l’agrément », faisant valoir le développement de l’école des Beaux- Arts... et l’égalité de traitement avec la Métropole.
Le Fonds Régional d’Art Contemporain a occupé tout de suite une place capitale dans l’aménagement culturel du territoire et a surmonté des turbulences structurelles. Nombreux artistes locaux ont exprimé leur soutien à la structure indispensable à l’aide à la création.
Les universitaires ont déjà analysé les rapports assez tendus entre le FRAC,
représentant la Région et l’Etat dans la diffusion des cultures de France avec l’Artothèque du Département, créée à l’initiative du Président Eric Boyer qui faisait la promotion de l’homme réunionnais dans les années 90.
  
En 87, la délégation menée par M. Troche du Ministère a acquis une de mes œuvres : « Au plaisir du colon », toile représentant un navire négrier en coupe et celles d’artistes réunionnais tels qu’Alain Padeau, Noël René, Yvonne Joséphine, Philippe Turpin... ainsi que des artistes affiliés aux galeries locales : Hastaire, Mengin, Dugain...
J’ai bénéficié d’expositions à Maurice, Madagascar, aux Seychelles, en Afrique du sud, qui ont fait connaître mes Tètkaf dans la zone sud de l’Océan Indien. A La Réunion, mes œuvres ont été montrées au public de façon marquante avec deux expositions : Sous le direction de Sully Fontaine, « Ancêtres et visions » en1999 dans le Hangar D2 sur la darse du port avec Alain Noel, Philippe Gaubert et Richard Razafindrakoto, aujourd’hui disparu. J’ai pu montrer des personnages inspirés des broderies malgaches.
Avec Nathalie Gonthier, j’ai pu remercier les habitants de Saint Leu de m’avoir accueilli pendant une trentaine d’années avec « ou rèv, ou krèv » en 2011.
 
Il existe des alternatives aux normes artistiques standardisées. Elles manquent encore de visibilité. J’ai pris le parti de montrer des œuvres d’artistes qui font l’originalité d’un FRAC créole situé dans l’hémisphère sud.
Déjà en 2005, la Région m’avait demandé de présenter des œuvres de la collection qui a été montrée à St Pierre et à la Possession, suite à l’inventaire réalisé par Anne Sophie Blécon pour recenser les œuvres dispersées dans les services de l’Etat et de la Région et celles entreposées dans un hangar de la zone industrielle.
 
La collection comprend des œuvres remarquables éclectiques d’artistes contemporains reconnus par le ministère de la Culture et les galeries françaises qui illustrent le rayonnement français et européen dans la zone ouest de l’océan indien. Celles que j’ai choisies relèvent de mon FRAC imaginaire en tenant compte de la périodicité (à chaque changement politique, nominations différentes) et de l’origine régionale (indianocéanique) des acquisitions.
 
J’ai voulu créer une frise art- chronologique qui montre toutes les œuvres (ou presque...) sous forme de reproductions en vignettes. (La photographie des œuvres a été effectuée spécialement par Philippe Gaubert et Laurent Zitte) à la manière des présentations scolaires.
 
Les œuvres originales ont généralement accompagné mon cheminement artistique : Malcom de Chazal a exposé plusieurs fois à La Réunion. Son style s’est imposé sur le graphisme des produits dérivés mauriciens... Avec Noël René, je me suis affranchi du pas beau...
 
Mayo a réalisé des sculptures monumentales qui ont été recouvertes par une coulée de lave. Il reste ses dessins préparatoires...
 
J’ai vécu la réalisation des « Femme cardinale » par Patricia Seznec avec de l’encaustique de la marque Cardinal...
 
La cage à oiseaux « zoizo atèr » rappelle la biodiversité animale de l’île... Gigan propose une version de « l’origine du monde » avec des emprunts à l’art occidental.
 
La photo de Mary Sibande « Her Majesty » ne rend pas compte de la monumentalité de la nénéne sud-africaine que j’ai vue au « art fair » de Johannesburg.
 
Les personnages de Sammy Baloji renvoient à mon travail sur les photos anthropométriques... L’intérieur photographié par Roberto Stevenson correspond aux explorations domestiques de « Nouveaux Mondes »...
 
L’autoportrait de Thierry Fontaine rend monstrueux par protubérances lumineuses la vision d’un cerveau métissé...
 
Je vis au quotidien parmi les sculptures de Gilbert Clain.
 
Comme principe scénographique, je combine les kaf-fantom (personnages en ombres qui évoquent les âmes errantes et le souvenir des ancêtres) avec l’attitude physique des lutteurs de moringue dans l’élan combat : la figure de « batay kok ». Ils forment un réseau hexagonal à la manière des lambrequins et des motifs cachemires. (C’est mon regard sur le monde à travers des grilles multiples.) Ils sont sérigraphiés sur toile et papier pour encager la sélection. Celle–ci devient fantôme par un éclairage indirect pratiquement en contre-jour.
 
Les tissus sont tendus sur des châssis- paravents lumineux qui font voir en ombre les personnages à peine visibles (encre blanche)... et les œuvres.
 
Sous le plafond, flottent des fanions triangulaires multicolores et imprimés qui folklorisent la manifestation anniversaire. L’accès à l’art est festif pour exorciser par substitution les inquiétudes de temps de crise.
 
Le FRAC Réunion fait son entrée dans la Maison Bédier qui est la maison de maître de l’usine de Stella. Une destination stable pour la structure qui souffre d’un nomadisme chronique depuis sa création en 1983, notamment pour la conservation des œuvres ? La proximité immédiate du musée agricole et industriel dans l’usine devrait augurer d’un flux régulier de visiteurs pour l’art contemporain.
 
J’ai une pensée réparatrice pour Rémi Zitte, mon grand-père qui a été chassé de l’usine par le maître des lieux, à la fin des années 40, pour militantisme syndical à la sucrerie de Stella.
 
 
Wilhiam Zitte
Artiste

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