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Le Parti de Gauche à La Réunion : Hollande entre reniement et virage ultralibéral


Politique
Mardi 30 Septembre 2014

La visite de François Hollande dans l’Océan Indien a confirmé le reniement de ces promesses de campagne ainsi que le virage ultralibéral de sa politique.


Le Parti de Gauche à La Réunion : Hollande entre reniement et virage ultralibéral
Il y a un peu plus de deux ans, parmi ces 30 engagements pour l’Outre-mer, voici ce que nous promettait le candidat Hollande : refonte des règles de la défiscalisation, création d’antennes spéciales de la banque publique d’investissement, lutte contre les monopoles et les marges abusives, création de plate-forme mutualisées pour la distribution alimentaire et le stockage des carburants, convergence des tarifs bancaires et téléphoniques entre la métropole et les DOM, élaboration d’une loi d’orientation et de modernisation agricole spécifique, adoption d’une loi de programmation relative au logement social…la visite du Président Hollande a mis en évidence le fossé, pour ne pas dire le gouffre, qui sépare le candidat « socialiste » du Président ultralibéral. Quel projet nous propose-t-il et quelle analyse politique de sa visite peut-on faire ?
 
D’abord une absence de vision pour l’Océan Indien. En cela il ne diffère guère de son prédécesseur. Alors que l’Océan Indien possède de formidables atouts en termes d’économie de la mer, de diversité humaine, de positionnement géographique au cœur de la mondialisation, de liens avec des superpuissances émergentes comme l’Afrique du Sud, l’Inde ou la Chine…rien de tout cela n’a été évoqué, si ce n’est de manière générale et sans jamais se donner les moyens (politiques, économiques, diplomatiques) de les valoriser. La France a le deuxième espace maritime mondial et possède une profondeur géostratégique sans aucun équivalent en Europe. A l’heure où la puissance continentale germanique nous impose son diktat dans tous les domaines, il  serait bon que notre pays prenne conscience de l’atout que nous représentons dans le grand jeu géopolitique mondial. Cette réorientation ne pourra se faire sans les peuples de l’Océan Indien, au premiers desquels les Réunionnais et les Mahorais.
 
Ensuite chez nous à La Réunion, au-delà des mesures obligatoires pour assurer la paix sociale-voire la paix civile- dans l’île (contrats aidés, soutien financier à la filière canne…) il a poursuivi et même amplifié sa politique de cadeaux aux grandes entreprises sans aucune contrepartie pour les travailleurs. Le pacte de responsabilité qu’il a « décidé d’adapter avec des conditions plus favorables pour les Outre-mer » va encore plus profiter aux grands groupes, c'est-à-dire à ceux qui n’en ont pas besoin, tout en n’ayant aucun impact sur la création d’emplois. Il en est de même pour le CICE. Au lieu de soutenir les TPE-TPI et les 40 000 artisans que comptent notre île, qui forment le cœur du tissu économique réunionnais, il a préféré « assouplir, libéraliser, faire sauter un certain nombre de verrous dans un certain nombre de secteurs… », reprenant mot pour mot le discours du MEDEF. Comme M. Gattaz après le discours du Premier Ministre, c’est M.de Prince qui devait pavoiser en entendant les mots prononcés par « l’ennemi de la finance ». Symboliquement, en recevant le MEDEF et la CGPME mais en laissant l’intersyndicale à la porte, le Président envoie un message très clair à son électorat. Nous l’avons bien reçu.
 
Hormis cela que retenir ? Des mesures cosmétiques sur l’emploi local alors qu’il s’agit d’une revendication majeure des réunionnais. Rien sur la vie chère, le pouvoir d’achat, les inégalités sociales qui explosent selon le coefficient GINI. Pas un mot sur la diversification de l’agriculture, l’autonomie alimentaire ou la transition énergétique. Des annonces floues sur les fonds alloués à la caisse de dépôts tout comme sur les consignations en faveur du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire. Tout aussi flous sont ces propos sur la réforme territoriale et des collectivités : quid de la disparition du Conseil Général et des compétences essentielles qui lui sont dévolues (protection de l’Enfance, personnes âgées…) ? Quid également du projet d’assemblée unique, véritable serpent de mer institutionnel ? Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup, disait déjà à son propos Mme AUBRY durant la campagne des primaires. A ce niveau là ce n’est plus un loup mais une meute qui se cache derrière les mots du Président.
Sa visite à Mayotte en a été l’illustration parfaite. On se serait cru durant la campagne de 2012 tant M. Hollande a multiplié les lieux communs et les promesses vides de sens. « Ici, c’est un projet commun, c’est un projet apaisé et heureux, c’est réconfortant ». Pour lui cela doit être effectivement réconfortant de venir à Mayotte, au milieu du chaos politique qu’il a crée dans sa majorité et son électorat, comme une parenthèse joyeuse au milieu d’un quotidien morose. Mais pour nos concitoyens et concitoyennes mahorais et mahoraises peut-on en dire autant ? La seule mesure concrète annoncée aura été l’alignement du SMIC sur le niveau métropolitain, c’est bien…pour ceux qui ont la chance de travailler. Et pour les autres, la plus grande majorité, qui n’ont pas cette chance ? Le minimum aurait été d’aligner aussi les minimas sociaux car être un département de la République cela ne veut-il pas dire « être à égalité de droits et de devoirs » ? Là encore la politique du deux poids, deux mesures est insupportable au regard de la situation sociale et économique de l’île. 
 
Enfin que dire de son discours sur l’immigration à Mayotte, ou plutôt sur son absence de discours ? En effet M. Hollande a réussi le tour de force de ne pas aborder le sujet fondamental du visa Balladur qui empêche, depuis 1993, la libre circulation des personnes entre les quatre îles de l’archipel des Comores, au mépris le plus évident du droit international. Il n’en a parlé ni durant son séjour mahorais, ni durant le sommet de la COI. Alors que le bras de mer séparant Mayotte des trois autres îles constitue « le plus grand cimetière marin du monde » selon M. Hachim Saïd Hassane, Président d’une association comorienne. La responsabilité de la France est écrasante dans cette tragédie humaine. Son Président doit être rendu comptable, pour ne dire coupable, des 12 000 morts (selon les autorités comoriennes) que le visa Balladur a occasionnés depuis 20 ans. 
 
Une autre politique est possible, de co-développement solidaire avec les Comores. La France a les moyens de mettre en place une politique humaniste dans la zone tout en sauvegardant ses intérêts stratégiques. La géopolitique ne rime pas nécessairement avec cynisme. Si les élites se font la guerre, pour des parts de marché ou des matières premières, les peuples sont frères. Le peuple français, dans son immense diversité, n’a aucun intérêt à voir mourir à ses portes des femmes, des enfants, des vieillards. Nous, Réunionnais, n’oublions pas que malgré les difficultés qui nous assaillent et les inégalités réelles avec la métropole, nous sommes un îlot de richesse dans un océan de pauvreté. N’oublions pas d’où nous nous venons, dans notre diversité et pluralité, et prenons le pouvoir pacifiquement et démocratiquement. Le vrai adversaire ne porte pas de nom, il n’a pas d’adresse. C’est nous qui lui avons donné un pouvoir exorbitant, reprenons-le ! Exigeons une Constituante pour la VIème République. Pour qu’une telle situation de trahison démocratique ne se reproduise plus : exigeons le référendum révocatoire ! Nos élus ne doivent plus être soumis à la finance mais au peuple souverain.
Vive la VIème République !
Pour le Parti de Gauche à La Réunion,.

Perceval GAILLARD



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