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La longue marche du maloya


Politique
Mercredi 2 Octobre 2013

1er octobre 2009, le maloya réunionnais a été inscrit au Patrimoine immatériel de l'Unesco. Cela pourrait être l'occasion de mieux connaître le passé récent et de le transmettre le plus exactement possible. Car souvent la mémoire est faite…d'oublis, volontaires ou non.


La longue marche du maloya
En particulier, on entend souvent que le maloya était interdit jusqu'en 1981, date associée à l'élection du Président François Mitterrand. Or la longue marche du maloya remonte plus loin dans le temps et a réuni de multiples acteurs.

Le terme de "patrimoine" prend ici tout son sens : c'est l'héritage des pères. Dans le cas du maloya, c'est l'héritage de ceux à qui, justement, on a le plus souvent dénié le rôle de père en niant leur humanité. Et pourtant paroles, musiques, rites, symboles ont été mis en œuvre et transmis, malgré tout, constituant ainsi une culture de la résistance.

Alors, c'est vrai que le maloya n'eut pas droit de cité pendant très longtemps, qu'il n'était pas visible sur la scène officielle, mais il existait, il assurait le lien entre les vivants, il les rassemblait dans la conscience d'un sort commun partagé. Il assurait aussi le lien entre les vivants et les ancêtres. Il n'était pas en représentation, il était présent.

Ainsi, au milieu des années 70, un journaliste poète, Alain Lorraine, accompagné du Père Christian Fontaine et de militants communistes est allé voir "derrière le rideau de cannes", plus précisément dans le Sud de l'île, à la Ligne Paradis, à la Ligne des Bambous, à Bois d'Olives,  entre autres.  Découverte bouleversante de ce qu'il appellera "la culture de la nuit", celle qui s'est fortifiée dans le "fénoir" et qui révèle le "fait noir".

Il a alors raconté ce qu'il avait vu et éprouvé.  Il a analysé ce phénomène en lui donnant le sens d'une contre-culture contestataire et populaire. (Témoignage Chrétien de La Réunion (n° 98, 1er-31 janvier 1975)

Et l'année suivante, en 1976, sont pressés à Paris deux 33 tours : Firmin Viry, "le maloya" et" Peuple de la Réunion, peuple du maloya", avec la troupe Résistance, la troupe Gaston Hoareau et la troupe René Viry. Au dos  du 1er vinyle un long texte  sur la genèse du maloya où un ami a reconnu le style d'Alain Lorraine, ce que confirme Yves Van der Ecken, militant alors dans l'UGTRF (Union Générale des Travailleurs Réunionnais en France).  Ces 33 tours avaient été enregistrés lors du IVème Congrès du PCR, en août 1976, au Port. Ils ont été diffusés à La Réunion et en France.

"L'opéra de tout un peuple"

A partir du moment où circulent des disques, le maloya n'est donc plus clandestin. Le maloya se manifestait même  ici ou là lors de visites de certains politiques. Ou encore dans des soirées dansantes du samedi soir, malgré quelques réticences et cela avant 1981. Et combien de groupes culturels ont porté cette musique, l'ont mise en l'air ? Et comment ne pas penser tout particulièrement à Dédé Lansor qui vient de nous quitter en nous laissant le cadeau de sa poésie ?

Le 1er octobre 2009 a constitué une autre étape en donnant une dimension internationale à cette expression populaire, qu'Alain Lorraine jugeait être  "l'opéra de tout un peuple" (La Réunion de mille parts) . Là encore, il ne faudrait pas oublier que l'initiative heureuse en revient à l'équipe de  la Maison des Civilisations et de l'Unité Réunionnaise.

On a trop tendance à attribuer tel ou tel mérite à des personnages officiels, à des représentants  institutionnels, aux "people" finalement. Et on oublie celles et ceux qui ont travaillé et créé, jour après jour, nuit après nuit. On oublie celles et ceux qui ont relevé la tête et qui ont tenu bon. Le patrimoine réunionnais, c'est là même  qu'il s'est forgé et transmis. Honneur et respect à ces femmes et à ces hommes !

Brigitte Croisier



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Les commentaires

1.Posté par Bayoune le 02/10/2013 10:02
"Au dos du 1er vinyle un long texte sur la genèse du maloya où un ami a reconnu le style d'Alain Lorraine, ce que confirme Yves Van der Ecken, militant alors dans l'UGTRF (Union Générale des Travailleurs Réunionnais en France) ?. Ces 33 tours avaient été enregistrés lors du IVème Congrès du PCR, en août 1976, au Port. Ils ont été diffusés à La Réunion et en France. " Il serait bon de demander à VDE de l'UGTRF, à combien sont revenus la compression du disque Maloya de Mr Firmin Viry, et à combien a été revendu par le pcr lors de ses diverses manifestations - et aussi combien a été reversé à Mr Firmin Viry. Dans le cas où le kamarade Yves noré oublié, ce disque a coûté à l'époque 3 francs français la compression, et a été revendu en biznèss du pcr entre 60 à 80 francs. Il a été sorti 3000 disque N° 1 et 3000 N° 2 = 6000 total, Mr Firmin noré pa ginye in ti katsou dosi son oeuvre, mé larzan la pa perdu pou toulemoune. Faites en vous même la différence entre le prix de revient 3fr français et le prix de revente par le pcr et ses militants entre 60 à 80fr, soit un bénèf pou lo pcr entre 350 000 fr à 400 000 fr, et Mr Firmin VIRY la pa vu la koulèr inn ti monnaie . Mi azout ke les 6000 disques de Maloya de Firmin sont rentrés à la Réunion en février 1977, et déposés chez Paul Vergès rue Pasteur, et pas chez Mr Viry l’auteur du Maloya, na konm in lesplwatasiyon, zot i krwa pa??? Et pour achever, la virtuelle MCUR la fé toute pou fé vole noute maloya national par l'UNESCO, konm la fé pou lo Parc National de Gonthier

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