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Jean-Alain Cadet (EELV) : "Il faut percer la montagne pour faire passer le train"


Invité(e)
Lundi 20 Juin 2011

Le nouveau secrétaire régional d'Europe écologie Les Verts affiche d'entrée les ambitions de son parti. A l'instar de la percée réussie par Vanessa Miranville à La Possession lors des Cantonales, les Verts veulent s'imposer sur l'échiquier politique locale. Jean-Alain Cadet décline les outils pour y parvenir. Interview.


Jean-Alain Cadet (EELV) : "Il faut percer la montagne pour faire passer le train"
Vous avez été élu secrétaire régional d'EELV, haut la main, vos premières impressions ?
Le processus interne d'Europe Ecologie permet aux adhérents d'élire leurs dirigeants sur un texte politique que nous appelons motion. En ce qui concerne La Réunion, j'ai conduit avec onze autres personnes, la seule motion que nous avons nommée "ils ont 18 ans". Mon fonctionnement personnel a toujours été de privilégier le travail d'équipe, par conséquent je partage cette victoire avec l'ensemble des personnes de cette liste.

Comment voyez-vous EELV, au moment de cette prise en main ?
Si l'on parle d'EELV sur le plan national je pense que nous sommes dans une phase de progression et qu'il reste encore un énorme travail collectif à faire pour convaincre les Français du bien-fondé de nos idées. L'actualité de Fukushima nous prouve bien que plus que jamais les idées écologistes sont d'actualité. A La Réunion, malgré une percée non négligeable depuis les Européennes notre mouvement n'a pas vraiment décollé. A nous d'en faire l'analyse et de corriger le tir pour obtenir l'adhésion nos concitoyens.

Quels sont vos objectifs pour donner une dimension supérieure à EELV ?
A chaque élection nous constatons un désengagement de la politique par les citoyens, et à part regretter les taux d'abstention, les politiciens élus continuent comme avant. Notre parti a l'objectif d'aller vers l'ensemble des citoyens et pas uniquement pendant les périodes électorales pour les écouter et réfléchir avec eux quelles actions politiques et écologiques devrons-nous prendre pour changer leur vie. Il faut leur expliquer nos idées pour des actions concrètes et réalistes. Nous devons être au service de la cité !

Est-ce que vous pensez qu'il est temps qu'EELV cesse d'être un faire-valoir de la gauche ?
Je ne sais pas si EELV est un faire-valoir de la gauche. Je ne pense pas que ce soit le cas. Notre volonté pour les trois ans à venir, sera de creuser notre sillon. Nous avons des idées et des projets que nous devons mieux expliquer à la population. Il est clair que dans le paysage politique local nous n'impressionnons peut-être pas encore, mais nous avons des positions spécifiques sur l'agriculture, sur l'aménagement du territoire, sur la formation et l'éducation, sur la préservation de l'environnement et je dirais préservation de l'homme, tout simplement. Beaucoup de responsables politiques parlent d'environnement et de développement durable, mais, concrètement nous voyons peu de résultats. A nous d'être plus audible pour affirmer notre différence.

Quelles seront les échéances électorales, sur lesquelles EELV doit être présente ?
Aux dernières cantonales nous avons progressé par rapport aux régionales donc notre stratégie semble être la bonne. Sur le plan politique EELV se positionne plutôt à gauche. Nous cherchons davantage des alliés qui veulent faire avancer et défendre La Réunion et les Réunionnais. Des bébés jusqu'à nos "gramounes", personne ne doit être oubliée. En ce qui concerne les échéances électorales, nous serons présent à chaque fois que l'intérêt des Réunionnais sera en jeu. Si l'on considère deux élections : les Sénatoriales et les Municipales, il faut bien expliquer aux gens que voter pour une équipe municipale c'est également contribuer à voter pour une sénatrice ou un sénateur. Une élection locale a des incidences sur une élection dite "nationale". Tout est lié.

Quels sont les projets qu'EELV va défendre dans les mois à venir ?
Dès maintenant nous pouvons dire que nous entrons dans une zone de turbulences sur le plan politique. Sénatoriales, Législatives, Présidentielles, municipales sont des échéances qui seront capitales. Notre île est en crise sociale et économique, et comme nous l'avons écrit dans notre motion, les jeunes ont le choix entre l'exil et le RSA. Il y a 10 000 personnes âgées chez elles ayant besoin d'assistance, l'environnement de notre île est dans une situation critique, nous avons des chiffres record en matière d'illettrisme, de chômage et en particulier le chômage des jeunes. Notre économie est presque à terre, nous avons beaucoup à faire en matière de santé. Bref sans chercher à noircir le tableau, il faut aussi à un moment ne pas se voiler la face. Paradoxalement nous avons d'énormes atouts et c'est aux responsables d'impulser les politiques qui permettront de changer les faiblesses en atouts.

Quel est votre projet phare ?
Dans l'esprit collectif Réunionnais il existe deux grands projets : Le Tram-train identifié comme projet de Paul Verges et la Nouvelle route du Littoral portée par Didier Robert. Il y a un risque important que ni l'un ni l'autre de ces projets démarre un jour, ce sont des enjeux électoraux et peuvent être enterrés lors d'une alternance politique. On l'a vu avec le Tram-train.
EELVR défend un projet alternatif basé sur le rail, avec un percement de la montagne pour construire un réseau ferré sur l'île. Au-delà du fait que ce moyen de transport collectif est sûr et moins polluant, nous estimons qu'il est le meilleur projet pour le développement de La Réunion de demain.
De St-Gilles à Gillot et passant par un tunnel sous la montagne et bien entendu des gares dans chaque ville.

Et quid du TCSP ?
Le rail laisse la possibilité de transporter les gens pressés (les travailleurs) par des rapides, les gens ayant plus de temps (les touristes, les familles) par des omnibus et également le fret (la nuit). Tout ce dispositif avec un maillage du territoire basé sur des minibus propre et performant. Les autres portions devant être construites par la suite (au final ce doit être le rail autour de l'île sauf bien sûr l'enclos). Ce type de projet ne doit pas se faire sur des clivages politiques droite/gauche ou être décidé par 25% de la population, mais doit faire l'objet du plus large consensus possible dans l'intérêt des Réunionnais.

Ce n'est pas un peu utopique ?
Europe Ecologie Les Verts a du pain sur la planche. Et pour finir je vous citerais Mark Twain reprise par Winston Churchill : "Tout le monde savait que c'était impossible à faire. Puis un jour quelqu'un est arrivé qui ne le savait pas, et il l'a fait".

Jismy Ramoudou



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