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JP Marchau : "Le bail de "Lav a moin" est manifestement illégal"


Politique
Jeudi 29 Novembre 2012

Lettre au préfet de La Réunion : "Comme beaucoup de Réunionnais, nous avons pu constater avec quelle fermeté les services de l’Etat font appliquer la loi en matière d’infractions au code de l’urbanisme. On a pu ainsi voir, le 6 novembre 2012 sur la commune de Saint-Louis, des bulldozers détruire deux misérables cases en tôle, sans eau ni électricité, édifiées sans autorisation sur des terrains inconstructibles par un couple vivant dans la précarité. L’opération a été répétée quelques jours plus tard à l’Etang-Salé".


JP Marchau : "Le bail de "Lav a moin" est manifestement illégal"
"Nous souhaitons que la puissance publique soit aussi vigilante et prompte à réagir lorsqu’il s’agit de  constructions  mettant en jeu des intérêts peut-être plus puissants que ceux de modestes Réunionnais vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Vos services, Monsieur le Préfet, ne peuvent ignorer, la presse s’en étant fait l’écho, l’affaire de la station de lavage de voitures dénommée "Lav a moins +", située au 85 de la rue Léopold Rambaud, sur quatre parcelles pourtant classées en zone urbaine verte (UV) au PLU de Saint-Denis. Ce qui signifie que toute nouvelle construction y est normalement interdite sauf dérogations justifiées.

Cette  opération  suscite  de nombreuses  interrogations  tant  du point de  vue  de la  légalité des actes  qui l’ont permise que de la  situation  nouvelle que  sa réalisation  va créer dans  une zone que nous pensions vouée à un aménagement écologique. Elle fait aussi s’interroger sur les liens entre  un opérateur privé  et certains  services municipaux dans  une opération dont  l’équilibre  économique  nous paraît douteux.

Légalité du permis  et  de la convention de location :

En quoi l’implantation d’une  station de lavage de voitures favorisant l’afflux de véhicules  dans  une  zone  destinée, selon le PLU, à accueillir des espaces verts  et de loisirs, peut elle être considérée comme répondant à une circonstance  exceptionnelle justifiant la délivrance d’un permis  précaire ? Quelles dérogations peuvent justifier qu’elle soit flanquée d’un restaurant et d’un commerce pour la « vente d’accessoires et produits divers » comme le stipule le bail signé entre la Mairie et la société « EURL SOGIS INVEST » représentée par son gérant, le promoteur immobilier, M. Yves Turgis ?

Plus inquiétant encore, il semble que ces parcelles soient situées dans la zone des  cinquante pas géométriques, elles relèveraient alors du Domaine Public Maritime (loi Littoral du 3 janvier 1986) et seraient donc incessibles et inconstructibles. Si c’est le cas, quelle sera la position de l’Etat ?

Un bail a été signé en octobre 2010 entre la Mairie et le promoteur. Plusieurs points  nous  interpellent :   

- ce bail  est manifestement  illégal puisque l’adjoint qui représentait la Mairie n’a pas la délégation de signature à cet effet ;
- ce contrat comporte  de nombreuses anomalies : il interdit toute  construction  en dehors de bâtis en bois  sous tôle, ce qui est loin d’être le  cas d’une station service ; il prohibe apparemment toute sous-location mais retient  paradoxalement la possibilité de désigner un exploitant  autre  que le preneur ; il affranchit  le bénéficiaire du paiement  de tout  loyer pendant les travaux pour des raisons qu’on ne saisit pas  bien,  sauf  à  considérer qu’il s’agit d’un projet d’utilité publique.

Au-delà de ce qui nous paraît constituer des illégalités, sur le plan environnemental, une telle activité située sur une zone écologique soulève aussi des questions :

- Qu’en est-il des équipements permettant de capter les boues et les polluants en vue d’un retraitement par des entreprises spécialisées ?
- Qu’en est-il aussi de la nature du dispositif de raccordement au réseau des eaux usées ?
- La publicité de « Lav a moin+ » annonce une activité 7 jours sur 7. Qu’en est-il des nuisances sonores qui seront générées (jour et nuit ?) par l’arrivée des véhicules, par le lavage à haute pression et les aspirateurs ?

Modification de la  destination de la  zone en méconnaissance  des procédures légales

L’entrée  Est  de Saint  Denis est très dégradée et offre un bien  triste  spectacle  à ceux qui s’aventurent dans la ville par cette « pénétrante ». Conscients  de  cette  situation,  les élus ont   formé depuis  plusieurs années des projets de reconquête  des espaces  concernés. Le choix de la  solution  de l’aménagement  d’un  boulevard,   alternative   à  une  « pénétrante », et le   classement  des terre-pleins  entre la  route  nationale  et la  rue  Rambaud  en zone   UVL constituait  la traduction de cette  volonté politique.

Pendant un temps avait  été  envisagée la mobilisation  de l’outil  juridique de l’expropriation  pour accélérer la  prise de  possession des terrains par la commune  mais  au  final  il a paru moins traumatisant  et  moins  onéreux de privilégier la voie  de l’exercice  du droit de préemption. L’affaire  était longue  mais  semblait    bien  engagée puisqu’au fil  des  années les terrains se  libéraient. La perspective  d’une maîtrise  totale des espaces  par  la  collectivité se dessinait même si dans l’intervalle se  constituaient  des "dents creuses",  c’était le prix à payer pour le  choix de cette méthode.

Mais aujourd’hui, la mise à disposition  de ces quatre parcelles, déjà  acquises par la commune, pour  l’exercice  d’une  activité commerciale privée, étrangère à la vocation de la  zone, constitue un véritable revirement. Si cette opération aboutit,  il sera très  difficile  de revenir en arrière et il est probable  que d’autres activités  du  même  type,  que la  commune  avait  jusqu’à présent  contenues, se développeront  par  contamination. On en a  d’ailleurs constaté quelques exemples à proximité de ce site.  

Les élus de la nouvelle majorité municipale ont le droit de modifier les  orientations  de leurs prédécesseurs, y compris dans le domaine de l’aménagement. Mais ces  modifications ne peuvent s’improviser ou être dictées par les circonstances et elles ne peuvent être admises que  si elles se font dans le respect du droit et dans le cadre de la transparence  démocratique.


Elles sont à ce titre  soumises à des contraintes  précises :

- les opérations  doivent  être compatibles avec  les  lois et règlements  et avec le SAR qui a classé cette  zone en espace littoral  naturel remarquable ;
- elles ne peuvent être effectives qu’à l’issue de consultations spécifiques et notamment d’enquêtes  publiques.

intérêt public ou privé ?

Cette zone   est  évidemment placée  dans  un lieu stratégique pour  ce type  d’activité. La mise à disposition  de  ces terrains, en dehors du fait qu’elle contrevient selon nous aux règles d’urbanisme, constitue un privilège exorbitant. A-t-elle été précédée d’une mise en concurrence ?

De manière plus pratique, on reste  dubitatif sur la rentabilité  d’une telle  opération si  la durée  du permis (deux ans) devait  être  respectée : il ne reste à courir  sur  cette  autorisation de construire que  moins de  vingt mois. Le promoteur s’engage-t- il  à détruire ses  installations à cette échéance ou va-t-il demander des prorogations successives, jusqu’à la fin de son bail (dix ans)  ? On ne serait  plus alors dans le  schéma de précarité que laisse supposer le  permis  qui vous a été soumis.

Plus récemment,  on a mis  en avant l’argument de l’emploi  dans la zone mais il s’agit  d’une  station ….automatisée.  Appartient-il, d’autre part, à la  collectivité  de s’immiscer ainsi dans l’impulsion d’une activité commerciale qui de surcroît viendra  concurrencer  les stations-service dont  c’est  le métier, en favorisant  un opérateur pourtant étranger à la filière ?

Pour toutes ces raison, M. le Préfet, nous vous demandons, à vous qui êtes le garant du respect de l’Etat de droit et qui venez de le démontrer avec éclat à Saint-Louis et à l’Etang Salé, de vous prononcer sur la légalité des conventions passées entre la Mairie de Saint-Denis et le promoteur, sur la légalité des autorisations accordées sur les parcelles en question et sur la nature des activités commerciales qui y sont envisagées.

Dans l’attente d’une réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet de La Réunion, l’expression de nos sentiments les plus respectueux".

Courrier au prefet



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