"J'entends bien, mais où est le devoir citoyen ? Un individu seul, s'il a compris com- ment la population souffrante parvient à causer son propre malheur, doit-il le lui dire ? Et même si c'est un mauvais calcul politique que d'expliquer à tous ceux que leur quotidien accable qu'ils ont voté pour que ça continue, au risque de passer pour un trouble-fête, où est le devoir citoyen ? Car le peuple est souverain, et le résultat de son vote peu contestable.
On lui a donné le rôle d'un jury populaire dans un litige quasi-matrimonial en lui faisant oublier qu'il s'agissait de l'élec- tion d'un député, et il a voté. On ne lui a jamais rappe- lé ce qu'était le travail d'un député. Que sur les cinq qu'il avait précédemment élus, seul celui de la cin- quième circonscription semblait l'avoir fait. Que d'autres ne faisaient donc qu'en donner l'illusion, par des prestations parfois spectaculaires, retransmises à la télévision.
Sans parler de ceux qui se faisaient pas- ser pour des travailleurs discrets mais actifs. Par contre, on l'a abreuvé, jour après jour, épisode après épisode, plusieurs mois durant, du reality-show judi- ciaire qui devait lui faire confondre une campagne électorale avec un procès civil, une voix d'électeuravec celle d'un juré, une élection avec un verdict. Et il a voté. En récompense pour sa participation à l'émis- sion de reality-show, la production offre à chacun un bonbon au goût des plus délicieux : la victoire. Les plaisirs sont si rares dans notre quotidien...
Le verdict tombe : la démocratie sera mise aux fers. Les trois réunionnais sur quatre qui sont pauvres, les 30% de chômeurs dont les 60% de jeunes actifs, les 120 000 illettrés, les 25 000 familles en attente de logement, les femmes et les enfants victimes des violences alcoolisées qui accompagnent ces chiffres, tous voient leur peine reconduite pour une période in- compressible de cinq ans. Ils devront supporter. Ils devront également payer les taxes nécessaires à cou- vrir les dépenses liées à l'organisation du scrutin, ainsi qu'au remboursement des frais de campagne des parties qui l'ont « mérité » au vu de leurs résultats.
Enfin nous devrons tous continuer à payer la vie 68% plus chère qu'en métropole, pour que trois réunionnais sur quatre restent pauvres. Ceci afin que l'Europe continue d'envoyer ses millions d'euros de compensation des frais d'acheminement à la Réunion, et donc que quelques groupes continuent de récolter 68% de marge bénéficiaire en plus, avant déduction des incontournables frais de collaboration.
Électeurs de la deuxième circonscription, ne m'en veuillez pas. Je vous demande pardon de n'avoir pas su vous alerter à temps. Et si je ne peux partager avec vous cette joie qui vous fait tant de bien aujour-d'hui, c'est parce que je sais que sous le sucre est le poison.
Pour toi Aurélie, qui t'es avancée vociférante un galet dans la main, les yeux pleins de larmes et d'alcool, pour m'interdire de parler, puis est retournée vers ton quotidien de violence et de désespoir, en me lançant d'une voix étranglée : "Laisse pa moin atèr s'il te plaît ", je ne me tairai plus.
J'ai donc déposé une requête en annulation contre l'élection de député dans la deuxième circonscription auprès du Conseil constitutionnel, au motif de certaines pratiques discutables constatées pendant la campagne susceptibles d'avoir privé l'électorat d'un second tour, et neuf candidats sur douze d'atteindre 5% des suffrages exprimés.
Gandhi a libéré son peuple parce qu'il a cru, jusqu'au bout, à la seule force de la vérité. Je veux le croire aussi".
On lui a donné le rôle d'un jury populaire dans un litige quasi-matrimonial en lui faisant oublier qu'il s'agissait de l'élec- tion d'un député, et il a voté. On ne lui a jamais rappe- lé ce qu'était le travail d'un député. Que sur les cinq qu'il avait précédemment élus, seul celui de la cin- quième circonscription semblait l'avoir fait. Que d'autres ne faisaient donc qu'en donner l'illusion, par des prestations parfois spectaculaires, retransmises à la télévision.
Sans parler de ceux qui se faisaient pas- ser pour des travailleurs discrets mais actifs. Par contre, on l'a abreuvé, jour après jour, épisode après épisode, plusieurs mois durant, du reality-show judi- ciaire qui devait lui faire confondre une campagne électorale avec un procès civil, une voix d'électeuravec celle d'un juré, une élection avec un verdict. Et il a voté. En récompense pour sa participation à l'émis- sion de reality-show, la production offre à chacun un bonbon au goût des plus délicieux : la victoire. Les plaisirs sont si rares dans notre quotidien...
Le verdict tombe : la démocratie sera mise aux fers. Les trois réunionnais sur quatre qui sont pauvres, les 30% de chômeurs dont les 60% de jeunes actifs, les 120 000 illettrés, les 25 000 familles en attente de logement, les femmes et les enfants victimes des violences alcoolisées qui accompagnent ces chiffres, tous voient leur peine reconduite pour une période in- compressible de cinq ans. Ils devront supporter. Ils devront également payer les taxes nécessaires à cou- vrir les dépenses liées à l'organisation du scrutin, ainsi qu'au remboursement des frais de campagne des parties qui l'ont « mérité » au vu de leurs résultats.
Enfin nous devrons tous continuer à payer la vie 68% plus chère qu'en métropole, pour que trois réunionnais sur quatre restent pauvres. Ceci afin que l'Europe continue d'envoyer ses millions d'euros de compensation des frais d'acheminement à la Réunion, et donc que quelques groupes continuent de récolter 68% de marge bénéficiaire en plus, avant déduction des incontournables frais de collaboration.
Électeurs de la deuxième circonscription, ne m'en veuillez pas. Je vous demande pardon de n'avoir pas su vous alerter à temps. Et si je ne peux partager avec vous cette joie qui vous fait tant de bien aujour-d'hui, c'est parce que je sais que sous le sucre est le poison.
Pour toi Aurélie, qui t'es avancée vociférante un galet dans la main, les yeux pleins de larmes et d'alcool, pour m'interdire de parler, puis est retournée vers ton quotidien de violence et de désespoir, en me lançant d'une voix étranglée : "Laisse pa moin atèr s'il te plaît ", je ne me tairai plus.
J'ai donc déposé une requête en annulation contre l'élection de député dans la deuxième circonscription auprès du Conseil constitutionnel, au motif de certaines pratiques discutables constatées pendant la campagne susceptibles d'avoir privé l'électorat d'un second tour, et neuf candidats sur douze d'atteindre 5% des suffrages exprimés.
Gandhi a libéré son peuple parce qu'il a cru, jusqu'au bout, à la seule force de la vérité. Je veux le croire aussi".