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Ericka Bareigts : "Le budget Outre-mer est un budget d'ambitions"


Politique
Jeudi 8 Novembre 2012

"C’est avec humilité mais satisfaction que je vois aujourd’hui arriver devant notre Assemblée le premier budget pour l’outre-mer de cette mandature. Un budget important par son ambition du changement et par son caractère inaugural". 


Ericka Bareigts : "Le budget Outre-mer est un budget d'ambitions"
"Dans une période délicate pour le budget, où la question de la réduction des dépenses est récurrente, le gouvernement a fait un effort considérable pour les Outremers, en augmentant le budget de la mission « Outre-Mer » de 5% à périmètre constant, à près de 2 milliard d’euros, par rapport au dernier exercice. C’est l’une des seules missions à voir ses crédits augmenter sur cet exercice budgétaire, ce qui montre l'engagement du gouvernement à réduire la fracture économique, sanitaire, environnementale et sociale entre les Outremers et l’hexagone.

En effet, il faut rappeler que le chômage dans les Outremers est un problème grave et qui frappe principalement les jeunes actifs. Avec 21 % de chômage en Guyane, 23% en Guadeloupe, 21% en Martinique, 30 % à La Réunion, on est au minimum au double du taux de chômage national et à la Réunion au triple. Quant à nos jeunes, ils ne sont que 10 % en Guadeloupe, 9% en Martinique, 10% en Guyane et 12% à la Réunion à avoir un emploi, contre 28% dans l’hexagone.

A cela il faut ajouter la difficulté liée à l’éloignement pour les jeunes Domiens qui, lorsqu’ils souhaitent suivre des études ou des formations ailleurs que dans leur territoire d’origine, doivent faire avec l’éloignement ce qui représente un coût non seulement financier mais aussi psychologique.

Il est d’ailleurs important de noter que le gouvernement a augmenté sa subvention à LADOM, l’opérateur chargé de la continuité territoriale dans les Outremers, alors même que ses autres aides publiques diminuaient. Il ne faut pas en effet sous-estimer l’impact que peut avoir le fait d’être isolé à plus de 10.000 kilomètres de son cercle familial sur la réussite des études ou même sur le désir d’en poursuivre.

Dans le même temps, nous manquons cruellement de logements sociaux pour loger une population qui, à la Réunion, vit pour moitié sous le seuil de pauvreté. L’augmentation de la LBU est un changement considérable par rapport à l’approche droitière de ces 5 dernières années. Les indicateurs du gouvernement montrent ainsi que la situation du logement social dans les Outremers est au moins aussi grave que dans les zones les plus tendues de métropole.


Comme j’ai eu l’occasion de le dire dans cet hémicycle, cet argent, ce n’est pas de la charité. C’est un investissement, un pari sur l’avenir. Nos populations sont jeunes, elles sont pleines de défis et de promesses. Mais pour les tenir elles ont encore besoin d’aide, aide qu’elles rendront dans le futur au centuple comme elles l’ont déjà fait par le passé.

Il ne s’agit pas de minimiser ces défis qui nous attendent, ni de prétendre que le système actuel soit parfait. Mais dans le temps qui était imparti à cette majorité, ce budget est le meilleur auquel on pouvait arriver.

Notre volonté est de changer le regard porté sur l’Outre-mer, qu'on reconnaisse nos compétences et nos atouts, et que nous sommes souvent des territoires d'innovation dans de nombreux domaines. À La Réunion, nous avons le cyclotron, nous avons le pôle de compétitivité dans le domaine agro-alimentaire, des clusters dans le domaine de l'énergie, d'autres en cours de structuration dans le domaine de l'environnement.

À côté de cela, il faut continuer d'accompagner nos populations et nos économies. Nous partons de loin. En 60 ans, nos territoires ont changé, se sont améliorés, mais l'écart de la qualité de vie reste conséquent. C'est pourquoi nous devons continuer à travailler ensemble à cet équilibrage.

Ce rattrapage peut se faire par rapport à des critères objectifs, comme ceux entrant en compte dans le calcul de l'Indice de Développement Humain, qui sont moins bons dans les Outremers. Par exemple, en 2008, l'espérance de vie à la naissance d'un réunionnais était de 3 ans inférieure à son homologue métropolitain, le taux de mortalité infantile était le double.

Oui notre économie est innovante, oui une partie de nos meilleurs élèves poursuit ses études dans de grandes écoles et universités dans le monde. Mais il ne faut pas oublier les laissés pour compte de la départementalisation, ceux qui n'ont pas encore pu profiter du simple confort d’un toit pour vivre.

Alors, 2 milliard d’euros, c’est 0,5% du budget total de l’Etat. Mais pour nos territoires, c’est vital. C’est 750 euros par habitant des Outre-Mer, alors que notre PIB par habitant reste encore moitié moindre que dans l’hexagone, et que nous avons encore un important retard économique à combler.

Cet effort budgétaire envers les Outre-mer correspond aussi à une juste contrepartie, après plusieurs années durant lesquelles nos territoires ont participé plus que d'autres aux politiques de réductions budgétaires.

Ce premier budget est donc un budget d’ambition, de promesses faites par les Outremers à la République et par l’Etat aux populations ultramarines. En s’articulant autour de 4 priorités, il tente de répondre aux mieux à nos besoins spécifiques :

- la construction de logements sociaux

- l’investissement public

- l’insertion professionnelle des jeunes.

- l’aide à l’emploi  

C’est donc une nouvelle stratégie qui s’esquisse ici pour les Outre-Mer, stratégie que les députés ultramarins et, je l’espère, les députés hexagonaux auront à cœur d’accompagner dans les années à venir.


Vous pouvez certainement comprendre, chers collègues, la soif des ultramarins pour une vie meilleure. Cette impatience pour des réformes économiques, sociales et éducatives à même de changer leurs vies s’est manifestée, par le passé, de bien des façons, parfois brutales, mais ne s’est jamais démentie. Et je pense que le gouvernement l’a bien compris car il a marqué sa volonté de traiter les problèmes ultramarins en priorité, rapidement mais sans précipitation, en inscrivant la loi de régulation économique en Outre-Mer, un projet fondateur pour nos économies, à l’agenda de la session extraordinaire de cette assemblée cette année.

Malgré cette situation difficile et cette grande attente, nous sommes donc conscients de l’effort fait par le gouvernement pour le changement. Nous savons qu’il s’agit là d’une première étape, et que d’autres réformes et d’autres budgets viendront.  Mais c’est une étape importante et nous devons l’accueillir comme il se doit".

Assemblée nationale



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