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Eric Fruteau : "Obtenir des lois adaptées à notre réalité et aux évolutions à venir"


Politique
Dimanche 25 Novembre 2012

Le président de l'UDCCAS (Union départementale des centres communaux d'action sociale de La Réunion, est lors d'un colloque sur le développe humain et la cohésion sociale dans les Outre-mer. Eric Fruteau a participé à la table ronde n°1 : "développement humain et inégalité".


Eric Fruteau : "Obtenir des lois adaptées à notre réalité et aux évolutions à venir"

"Je suis honoré de votre invitation à cette conférence débat autour du développement humain et de la cohésion sociale dans les Outre-mer.

Ce sujet est central pour l’avenir de nos territoires, tant les défis à relever sont immenses, soulignés qu’ils sont par la persistance d’une crise financière et économique majeure.

Je voudrais aussi dire que si j’ai accepté de participer à cette table ronde, c’est que je souhaite que chacun mesure bien que le résultat du retard de développement dans nos territoires  a pour nom inégalités et souffrance sociale des populations, des familles.

Aussi, loin d’un simple  exercice rhétorique,  il s’agît pour moi de porter témoignage de cette réalité, de son ampleur et de plaider pour un réel aboutissement dans l’outremer de la promesse républicaine de l’égalité.

Rappelons-nous que le développement de la Réunion et des DOM, s’enracine dans une histoire fondatrice d’une extrême violence, celle d’un crime contre l’humanité, celle de l’esclavage puis de l’engagisme.

Cette histoire façonne et fait fonctionner pendant près de 300 ans à la Réunion, une société dont l’organisation renie par principe des droits fondamentaux : liberté et égalité en droit depuis la naissance et tout au long de la vie.

Quand le 19 mars 1946, le système colonial prend fin outre-mer, c’est 156 ans après que des révolutions, des régimes politiques différents, des guerres ont transformé le territoire français, ses départements et  leur  population pour les faire converger vers un projet de développement commun ;

 La Réunion subit alors une mutation sans précédent, en passant d’une économie primaire essentiellement agricole à une société de surconsommation qui voit l’expansion rapide du secteur tertiaire.  

Ces changements d’une force et d’une rapidité sans commune mesure avec l’évolution de la société française, laisse la Réunion et l’ensemble des outre-mer aux prises avec  des  inégalités profondes (malgré l’alignement des prestations sociales), un malaise certain maintenant des situations de crises.

D’abord, une crise structurelle, car les chiffres attestent que le rattrapage en matière d’accès aux soins, à l’éducation, aux loisirs, à l’information, à l’emploi…  reste à réaliser
La démocratie est récente à La Réunion. Il y a 30 ans nous nous opposions encore à la fraude électorale organisée.

La décentralisation s’est effectuée de manière incomplète. La constitution ne peut s’appliquer de façon pleine et entière à la Réunion, notamment son article 73 qui ouvre droit pour les collectivités, en raison de leur spécificités, d’adapter les lois et règlements tenant à leur caractéristiques et contraintes particulières. Nous devons bien mesurer l’impact de ce déficit pour notre île.

Puis une crise conjoncturelle qui actuellement vit ses heures les plus dramatiques : 5500 PME ont accumulé plus de 800 millions de dettes, qui concernent plus de 50 000 familles selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion.

Cette crise a prolongé et densifié les situations de précarité dans lesquelles se trouvent plus de 50 % des familles réunionnaises qui vivent en dessous du seuil de pauvreté métropolitain.

Paradoxalement, comme une permanence des racines de l’inégalité  évoquée plus haut, plus de 3 000 foyers réunionnais sont  assujettis à l’ISF. Vous le voyez nous assistons à l’éloignement de deux mondes.

Les bénéficiaires des prestations sociales n'ont jamais été aussi nombreux avec 150.300 allocataires.  Le chômage touche plus de 35% de la population active dépassant la barre des 100 000 personnes.

Chez les jeunes entre 18 et 26 ans il peut atteindre, le chiffre record de 60%.

Vous comprenez que le manque d’emploi reste le problème grave amplifiant les inégalités.

La cherté de la vie et notre vulnérabilité par rapport aux fluctuations des cours mondiaux (du riz, du pétrole, du charbon, des matières premières et des denrées alimentaires…) pose de façon aigue les questions de la formation des prix et des monopoles dans la grande distribution.

Nous devons faire face aussi à une augentation des victimes des grandes maladies : cancer, diabète, Alzhemer…

Les retards accumulés dans la construction de logements décents  restent prégnants.

 Les crédits pour le logement social demeurent insuffisants ce qui engendre encore plus d’inégalités. Comment freiner le processus d’exclusion ?

Et les conclusions du rapport présenté en introduction par Olivier Sudrie illustrent globalement mes propos et montrent que le situation s’est dégradé à la Réunion.

On le voit bien la souffrance sociale (qui témoigne de la limite d’un système) est le résultat d’un modèle favorisant les inégalités. Il faut traiter ces retards de développement sur des bases républicaines (justice, égalité, fraternité).

D’autant que le contexte économique et géopolitique international a profondément changé.

Une recomposition des hiérarchies économiques mondiales imposée par des  pays comme la CHINE ou l’INDE, impacte nécessairement la cartographie classique des pays les plus riches.

D’une bipolarisation nous avons basculé  vers une multi-polarisation au bénéfice de l’ASIE et des pays du  SUD. Le centre de gravité des échanges commerciaux et économique change.

La mondialisation des échanges économiques, financiers, culturels, l’instantanéité de leurs effets en raison des avancées technologiques majeures ont créé ce village global où le pourtant si loin est devenu si proche. Les outre-mer sont au centre de ces bouleversements mondiaux.

Aussi  est-il nécessaire de nouer des partenariats étroits avec les grandes puissances de demain. Les relations historiques que la Réunion et sa population entretiennent notamment avec l’Inde et la Chine, l’Afrique, pourraient faire de notre île une passerelle supplémentaire entre ces pays, la France et l’Europe. A nous d’en inventer les modalités.

Localement,  les CCAS de la Réunion font face à une augmentation de la population et de son vieillissement et répondent à une hausse globale des demandes d’aides. Nos aides financières, alimentaires, énergétiques, pour les loyers et autres, apportent des solutions certes temporaires, mais non négligeables dans la situation actuelle et freinent les processus d’exclusion.

Nos CCAS/CIAS ont été obligés de s’adapter et de faire évoluer les modalités d’attribution de leurs aides face à l’apparition de nouveaux publics et à l’accroissement des demandes.

Ils permettent de pallier la rigidité, et les carences des dispositifs légaux. Ceux-ci, en effet, ne répondent pas toujours à des logiques microsociales, à des besoins particuliers et difficilement à l’urgence sociale.
En réalité, quotidiennement, les CCAS d’outremer sont à la fois  le 1er et le  dernier rempart de l’urgence sociale.

Mais au-delà, nous avons la responsabilité de faire des propositions globales et cohérentes. Nous avons des atouts : notre jeunesse et son dynamisme. Sa matière grise. La connaissance et le capital humain. Que faisons-nous pour dynamiser la recherche et le développement de l’économie immatérielle. Que faisons-nous pour faire valoir nos atouts touristiques ?

Comment répondre demain aux menaces écologiques (dues au réchauffement climatique) ?

Dans un monde aux ressources limitées, se posent des questions d’éducation, de santé, d’urbanisation, d’alimentation. Comment pourrons-nous ne pas subir l’augmentation du prix du riz engendrée par des inondations répétées en Asie du Sud-est ?

Comment ferons-nous pour limiter l’impact de l’augmentation du prix des denrées lié à l’envolée du prix mondial du sucre ?

Comment faire face et se prémunir demain des fluctuations du prix du pétrole (et donc des transports), du charbon (et donc de l’énergie) et de celui des denrées alimentaires et des matières premières ? Comment se prémunir de la sous-alimentation et des pandémies ? Comment ne pas subir et anticiper ?

C’est notre capacité à considérer l’ensemble de ces problèmes et à les resituer dans notre contexte local qui nous permettra de répondre à ces défis de façon globale et cohérente.
Cela suppose en fait que nous trouvions la façon d’adapter localement les règlements et les lois pour être réactifs et innovants. La Réunion a besoin d’un nouveau souffle.

En tant qu’acteur de terrain et de proximité (maire et président de CCAS), je veux rester pragmatique et suis le témoin d’une réalité difficile. Je suis particulièrement attaché à l’idée  de communauté de destin que nous devons promouvoir.

En conclusion,
En dépit des retards structurels et d’inégalités persistantes, les outremers assurent à la France une présence mondiale. Elle représente l’état français aux 4 coins de ce grand village planétaire. Quel que soit le département, des problèmes similaires ou équivalents sont posés. En Guadeloupe, en Martinique, mais aussi à Mayotte, à La Réunion sans oublier la Guyane, Saint Pierre Miquelon, la nouvelle calédonie, Saint Martin, Marie Galant,…

Ensemble, il nous faut donc trouver des solutions qui tiennent compte de façon responsable et pragmatique de nos particularités, de notre potentiel, de notre environnement géopolitique immédiat, pour répondre aux enjeux d’avenir.

Il nous faut donc obtenir des lois adaptées à notre réalité et aux évolutions à venir.

Je pense qu’une plus grande souplesse est nécessaire dans l’exercice des compétences décentralisées. Une nouvelle ère de décentralisation est à mon sens incontournable. Je plaide volontiers pour une décentralisation accentuée avec un Etat, ni providence,  ni censeur,  mais régulateur.

C’est un processus de co-responsabilité et de co-décision, complété par l’exercice actif de la  démocratie participative pour poursuivre la responsabilisation du citoyen, qu’il nous faut impulser.

Se pose alors la question du projet de société. Est-ce un projet basé sur l’individualisme ou au contraire un projet collectif, discuté, élaboré, approuvé et décidé par et  pour l’ensemble des réunionnais ?

C’est un réflexe humain, patriotique et républicain que nous devons avoir. Il nous faut s’appuyer sur le droit à l’expérimentation, en se basant sur un service public fort, dynamique mais aussi sur un modèle innovant servant l’intérêt général et offrant de réelles perspectives de développement durable et solidaire".


CCAS



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Les commentaires

1.Posté par small974 le 25/11/2012 19:16
Lool en tout cas en 2014 nous savons tous ou Mr Fruteau va puiser l'argent pour sa campagne municipale pour la ville de saint andré ..... Vive le CCAS de saint andré n'est ce pas? arrete prend st andréen pou bande couillon ....

2.Posté par LA MACHINE EST EN MARCHE !!! le 26/11/2012 07:13
Hé ben Mr Fruteau, je préfère vous dire sans hésitations, que si c'est pour financer encore une de vos campagnes électorales (dernièrement les législatives 2012), ce n'est pas la peine, il voudrait mieux de laisser tomber. Les municipales de 2014 arrivent, on a déjà attendu plus de 4 ans, on peut attendre encore un peu NON !!! De plus le parti Communiste ne vous soutient plus, il faudra racler les fonds des tiroirs, n'est-ce pas ?

3.Posté par EMILIE le 26/11/2012 08:30
Parlons-en du CCAS plus particulièrement celle de st André.
ou parle de l'inégalités et souffrance sociale des populations et des familles. OK
de plus de 60% des jeunes sont au chômage. OK
MAIS QUE FAITES-VOUS ?
Envoyer 5 personnes aux congres des maires en Métropole. DITES MOI COMBIEN SA FAIT EN EUROS ET QUI VA PAYER ,
LE CCAS DE ST ANDRE, quand les gens vont les voir pour une aide;
REPONSE : HYPOTHEQUETS VOUS BIEN MME OU MR.
POUR LES JEUNES QUE FAITE VOUS?
RIEN.

DONC, SAINT ANDREENS ET SAINT ANDREENNES POUR AIDER SA COMMUNE MR LE MAIRE VA PROBABLEMENT AUGMENTER LES IMPOTS L'ANNEE PROCHAINE POU FE RENTRE L'ARGENT QUE LA UTILISER TORT ET A TRAVERS

4.Posté par EMILIE le 26/11/2012 09:09
Oh faite arrète donne l'argent lapa ou demoun la pas besoin pou que zot y vote pou ou en 2014.

TRO TAR.
PASSE OUT TOUR !!!!!!!!!!!!!!!!
TELLEMENT OU LA POU PERDE L'AIR OU LA INVITE LE MAIRE UN NOTE COMMUNE OUT REUNION POU QUE NENA LE POI MAIS MALEUREUSEMENT Y MARCHE PU.

(...)

5.Posté par saint andré le 26/11/2012 09:55
C'est bien beau tout ce grand discours vous parlé de mesures à mettre en place pour redresser la situation, notammant à travers le CCAS mais est ce que tous ces aides financières qui sont detinées la population qui sont en souffrance et qui vivent sous le seuil de pauvreté?Si c'est pour financer encore une de vos camapagnes électoral dépenser autant d'argent et ensuite retrouver cette même population sur le carreau sans même écoute un soutien laisse tomber Mr Fruteau la route à été longue et rude depuis 2008 on réussiras à tenir jusqu'en 2014 "pti lampe ptit lampe na tiembo ensemble"

6.Posté par UnJeunedeSTAndre le 27/11/2012 12:40
Mais vous êtes sérieux quand vous parler "inégalités et souffrance sociale des populations", vous vous rappelez ce que vous avez dit à ma mère quand elle est venue vous voir, je ne pense pas.

Alors je vais vous rafraichir la mémoire, "si votre enfant n'a pas d'argent, qu'il reste à la Réunion", malheureusement il n'existe pas d'école Supérieure de Commerce à la Réunion.

Arrêtez le blabla est au moins faite quelque chose pour St André s'il vous plaît, car on en a marre des politiques qui ne font que parler.

Après c'est vrai que "quand on ne peut changer les choses, on change les mots"


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